Palavas et les congés payés
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Christian Jeanjean, maire de Palavas, retrace les débuts du tourisme dans cet ancien petit village de pêcheurs devenu, à la fin du XIXe siècle, la station balnéaire des Montpelliérains grâce au « Petit train ». Il évoque ensuite l’époque des « congés payés » qui provoqua un véritable « rush » sur les plages, et qui a bouleversé la vie économique locale.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
29 juin 2006
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Contexte historique
ParProfesseur émérite de géographie
La commune de Palavas est érigée en 1850 par regroupement de territoires dénommés Les Cabanes de Ballestras et d’une partie des étangs, le tout, terres et eaux, appartenant aux communes voisines de Mauguio, Lattes, Pérols et Villeneuve-lès-Maguelone. La Redoute de Ballestras (1743), déplacée au centre ville actuel (à l’emplacement du château d’eau transformé en restaurant), est à l’origine une tour de guet de défense du littoral. Elle a servi de base d’installation à une communauté de pêcheurs habitant des cabanes. À l’embouchure du Lez — le grau [1] est creusé au XVIIIe siècle —, la petite commune qui vit alors essentiellement de la pêche, est donc directement reliée par le fleuve à Montpellier située à une dizaine de kilomètres. Elle en devient assez rapidement sa station balnéaire lorsque la mode des bains de mer et de l’air marin attire sur le littoral les bourgeoisies urbaines. Le petit train d’intérêt local, selon la terminologie du département, croqué par Albert Dubout dont les dessins sont exposés au musée du même nom à Palavas, relie la ville à sa station dès 1872.
L’institut héliomarin Saint-Pierre, créé par des médecins montpelliérains, le Casino Granier et les premiers hôtels sont les témoins de la modernité acquise par la cité palavasienne dès la fin du XIXème siècle. Au point qu’en 1928, la commune prit le nom de Palavas-« les-Flots » pour bien marquer ses liens avec la Méditerranée et confirmer sa « vocation » de station balnéaire, avant de s’affirmer symbole des congés payés. Son maire actuel, Christian Jeanjean, souligne combien la mer est longtemps vue dangereuse et le sable du littoral un véritable « royaume du vide » [2] dans un Languedoc qui, de fait, tourne le dos à la mer. Il remarque combien le village de pêcheurs a conquis des lettres de noblesse lorsque les gens de qualité
de la ville voisine ont investi la petite cité, construit leurs chalets sur le sable et fréquenté le bord de mer en toute quiétude.
Le rush des congés payés et des futurs touristes bouleverse l’ordre établi du cheval et de la charrette qui conduisent à la plage l’été, le dimanche, puis du train qui tous les jours relie les gares, en centre ville, de Montpellier et Palavas-les-Flots. Deux temps, deux époques : la relation des pêcheurs avec les Montpelliérains auxquels ils vendaient le poisson, dans un premier temps, puis le temps de l’arrivée des touristes qui envahissent la plage
, respectent peu la ville et leur métier, imposent en quelque sorte leur façon de vivre leurs vacances, en camping. Le temps des congés payés ouvre la voie au tourisme de masse. Deux, ou mieux encore trois mondes vont cohabiter et forger la diversité de la cité : les villas bourgeoises qui s’étirent le long de l’avenue Saint-Maurice jusqu’à Carnon, le centre-ville dont les activités de pêche sur le canal sont concurrencées par la plaisance qui justifiera l’extension portuaire, enfin les campings de la rive droite, sur le sable, les premiers en France, selon le maire, en termes d’installation. La petite bourgade du début du XXe siècle (980 habitants en 1901) franchit le seuil des 2 000 habitants après guerre (2 085 en 1954), puis celui des 5 000 vers l’an 2000 pour plafonner à quelque 6 000 depuis. Son urbanisation est largement contrainte aujourd’hui par le risque de submersion marine. Mais avec l’accueil de plus de 60 000 résidents en saison, les mois d’été sont aussi ceux des incivilités justifiant une politique municipale d’interdictions (de la plage la nuit, du centre ville en voiture …) afin de retrouver le charme d’une ville apaisée, toute de sérénité et de repos… une ville agréable, où l’on vient pour se détendre, pour oublier les soucis ; nous sommes là pour être dans la quiétude
[3].
[1] Grau, terme occitan qui désigne l’estuaire ou le chenal qui ouvre le cordon littoral et permet la rencontre des eaux de mer et des eaux intérieures
[2] Emmanuel Garnier, « La mer cet ennemi de plusieurs siècles ».
[3] Christian Jeanjean, Maire, site internet FR3 Occitanie.
Bibliographie
- Emmanuel Garnier, La mer cet ennemi de plusieurs siècles. Trajectoires de vulnérabilité et défense contre la mer de l’Antiquité au XXème siècle, Puteaux, PUCA, coll. "réflexion en partage", 2018.
- Christian Jeanjean, Histoire de Palavas-les-Flots et des Palavasiens, Lunel, Imprimerie René Roux, 1985.
- Christian Jeanjean , Danielle et Roland Jolivet, La vie palavasienne, Montpellier, Imprimerie Déhan, 1986.
- François Doumenge, « Un type méditerranéen de colonisation côtière : Palavas », Bulletin de la Société Languedocienne de Géographie, 2ème série, t. XXII, janvier-juin 1951, pp. 3-124.
Transcription
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