Présentation du festival de musique ancienne et baroque de Maguelone

Nombreuses sont les régions dotées d’un patrimoine architectural ancien qu’elles mettent en valeur en l’associant à des manifestations musicales. Dans l’Hérault, le festival d’orgue de l'église Saint-Guilhem-le-Désert est bien connu, de même que les concerts donnés dans les salons du château d’Assas sur le clavecin historique mis à l’honneur naguère par Scott Ross. L’ancienne cathédrale de Maguelone, longtemps abandonnée à elle-même, revit chaque mois de juin, depuis que le responsable de l’office du tourisme de Palavas-les-Flots, Philippe Leclant, imposa l’idée, en 1984, d’en faire l’écrin d’un festival de musique ancienne. Celui-ci est devenu l’un des plus renommés en France, dans son triple répertoire de musiques médiévale, de la Renaissance et baroque, et accueille chaque année des ensembles et solistes mondialement connus, en particulier Jordi Savall et son ensemble Hespèrion XXI, qui en sont des habitués. 

L’expérience de Maguelone est intéressante à plus d’un titre. En choisissant de se fixer sur la première semaine de juin, elle évitait la concurrence directe avec les importantes manifestations culturelles montpelliéraines qui emplissent le calendrier estival ; et elle visait également à élargir la saison balnéaire de Palavas en invitant un public nouveau dans une présaison que n’encombrait pas encore le tourisme de masse. Ces choix qui se sont avérés judicieux [1] se caractérisent aussi par une gestion qui, dès le départ, conjoint subventions publiques et mécénat privé. Les capacités d’accueil de la cathédrale romane limitent le public, mais aussi la taille des groupes musicaux invités. Les petits ensembles instrumentaux ou vocaux, très souvent jeunes (tel Doulce Mémoire), curieux de répertoires innovants, souplement organisés, sont donc en phase avec ce type de festival léger [2]. 

L’homme de communication et de réseaux qu’est Philippe Leclant est particulièrement actif dans la région, grâce à son association Les Muses en dialogue à l’initiative de plusieurs manifestations autour de la musique ancienne. Il en fait des outils d’animation et de promotion de plusieurs terroirs, tout au long de l’année : ainsi des Musiques anciennes en Pic Saint-Loup qui se déroulent en octobre dans plusieurs communes du nord de Montpellier[3]. Le festival de Maguelone reste cependant la base de son activité. C’est l’un des rares sites de festival bénéficiant d’une remarquable acoustique, qui pourrait tenter de pérenniser la présence de musiciens, et ancrer une activité culturelle continue sur un lido, jusqu’ici réservé au tourisme saisonnier, mais qui bénéficie de la proximité de Montpellier [4].

 
[1] En 2022, le festival en est à sa 39e édition, ce qui en fait l’une des manifestations les plus anciennes et les plus solides de la région.
[2] Dans un entretien de 2012 avec le journaliste Jean Delaguionie, Philippe Leclant évaluait le budget moyen de son festival à 130 000€ (pour 6 concerts) ; il s’efforce de le couvrir par trois ressources équivalentes billetterie / subventions / mécénat.
[3] Leclant, qui est élu local à Saint-Gély-du-Fesc organise des concerts dans les églises de villages de la communauté de communes du Pic Saint-Loup, en n’omettant pas de leur adjoindre des dégustations de vins locaux : musique des troubadours et œnotourisme font bon ménage.
[4] Il semble que Philippe Leclant, constatant les échecs successifs de plusieurs troupes en résidence à l’Opéra de Montpellier (ainsi des Talents Lyriques ou des Concerts Spirituels) en matière de diffusion régionale de la musique ancienne, envisage de confier une telle tâche, depuis Maguelone, à l’ensemble Les Ombres, déjà invité au festival.

Remerciements à Philippe Leclant des Muses en Dialogue.