Protection des oiseaux et de la plage
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Résumé
Dans les salines de Villeneuve-lès-Maguelone, espace protégé du Conservatoire du littoral où les oiseaux viennent se reproduire, les conditions ne sont pas toujours réunies pour favoriser la nidification. Pour lutter contre la raréfaction des espèces, un programme de protection et d’éducation à l’environnement a été mis en place.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
09 juil. 2016
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Contexte historique
ParChercheur CNRS (Centre national de la recherche scientifique) au CEFE (Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive, Montpellier)
Au cœur d’un complexe lagunaire qui s’étend de Pérols au nord à Frontignan au sud, les anciennes salines de Villeneuve offrent au regard un paysage singulier. Leurs formes géométriques, les bâtiments et les ouvrages hydrauliques racontent l’histoire d’un passé industriel salicole. Cette zone humide est située entre deux pôles urbains qui connaissent une forte dynamique démographique, source de pression humaine : la Communauté d’agglomération du bassin de Thau (128 000 habitants) et la Métropole de Montpellier (470 000 habitants). L’exploitation du sel a cessé en 1969, et l’acquisition du site par le Conservatoire du littoral, en 1992, a permis de préserver cet espace de l’urbanisation.
Situées sur les communes de Villeneuve-lès-Maguelone, de Mireval et de Vic-la-Gardiole, les salines de Villeneuve s’étendent sur 300 hectares, des berges de l’étang de Vic aux pieds du massif de la Gardiole. En liaison avec les étangs de Vic, des Moures et de Pierre Blanche, elles s´intègrent dans un complexe lagunaire exceptionnel au sein des étangs palavasiens. Inscrites à la Convention Internationale de RAMSAR depuis 2008, les salines de Villeneuve sont reconnues comme une zone humide importante à l’échelle de la planète, et sont au cœur du site Natura 2000 Étangs palavasiens et réserve naturelle nationale de l’Estagnol. Dans cette mosaïque de milieux naturels, entre eau douce et eau salée, on trouve lagunes saumâtres, sansouïres, prés salés… Lieu naturel d’épuration et de montée des eaux, réservoir de biodiversité, lieu de loisirs et d’activités économiques, les salines accueillent de nombreux usagers. Éleveurs, agriculteurs, chasseurs, pêcheurs professionnels, photographes, promeneurs à cheval, à pied ou à vélo, naturalistes, chercheurs et étudiants fréquentent cet espace, vivant mais fragile.
Visant une organisation globale et cohérente, un plan de gestion a été élaboré, impliquant tous les acteurs qui interviennent sur le site. Il a comme double objectif la conservation de la biodiversité et un accueil adapté à tous les publics. La gestion, confiée dès 1992 à la commune de Villeneuve-lès-Maguelone, s’est enrichie de nouvelles conventions avec le Conservatoire d’espaces naturels Languedoc-Roussillon, le Syndicat mixte des étangs littoraux et Thau agglomération. Les usagers sont impliqués afin de maintenir des activités économiques et traditionnelles compatibles avec les enjeux de biodiversité et de qualité des paysages.
Les gestionnaires des salines collaborent également avec la réserve naturelle nationale voisine de l’Estagnol et l’opérateur Natura 2000. Des partenariats se développent pour associer aux stratégies de planification territoriale les gestionnaires ainsi que des organismes de recherche et des universités.
Les salines de Villeneuve accueillent des populations importantes d’oiseaux nicheurs, notamment des Laridés [1] et des limicoles [2]. Avec l’artificialisation du littoral, sternes, mouettes et échassiers, qui nichent à même le sol, peinent à trouver des sites non dérangés, et les perturbations peuvent mettre en péril leur reproduction. La réserve a construit des îlots de nidification à l’intérieur des plans d’eau qui permettent de garder les oiseaux nicheurs à l’abri de la prédation et du dérangement. Neuf espèces de Laridés et limicoles coloniaux sont protégées par un vaste programme européen qui couvre trois régions du Sud de la France (Languedoc, PACA et Corse), créant un réseau de sites protégés qui assure une protection étendue.
Des actions auprès des touristes permettent de sensibiliser le public à l’existence d’oiseaux nicheurs sur la plage et d’éduquer grands et petits aux bons comportements pour apprendre à partager l’espace avec les animaux. Outre les oiseaux, les salines abritent une faune riche et diversifiée. On y rencontre de petits mammifères comme des musaraignes, des lapins de garenne et plusieurs espèces de chauves-souris. Les canaux et les pièces d’eau sont utilisés comme nurserie par de nombreux poissons ou crustacés : anguilles d’Europe, épinoches, muges, crevettes grises... Les mares et les prés salés accueillent de nombreux amphibiens (Rainette méridionale, Pélodyte ponctué, Triton palmé) ainsi que plusieurs espèces de libellules. La flore est également à l'honneur, avec la présence de la Scorzonère à petites fleurs (l'unique station languedocienne) et l’Orchis des marais qui pousse les pieds dans l'eau. Les sansouïres et les prés salés se colorent au fil des saisons pour former le paysage typique aux couleurs rougeâtres de nos lagunes languedociennes.
[1] Laridés : oiseaux qui vivent sur le littoral ou au bord des eaux continentales, comprenant mouettes, goélands et sternes.
[2] Limicoles : petits échassiers de l'ordre des Charadriiformes qui vivent et s’alimentent sur les vasières, comprenant par exemple échasses, avocettes, chevaliers, gravelots, bécasses…
Remerciements au Conservatoire du littoral.
Transcription
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(Bruit)
Ludovic Foulc
Tout au fond derrière, t’as une Avocette élégante avec le bec recourbé.
Anne-Sophie Mandrou
Une petite bulle de nature coincée entre la ville et la plage.Les salines de Villeneuve, 400 hectares préservés, l’un des rares espaces où les oiseaux du bord de mer peuvent venir se reproduire entre avril et juillet, un coin tranquille en théorie.Cet hélicoptère qui vole beaucoup trop bas va très vite agacer Ludovic, le conservateur du site.
Ludovic Foulc
Donc l’hélicoptère est passé, tous les oiseaux se sont envolés.Et le problème c’est que si il reste longtemps sur le site ou au-dessus du site, les oiseaux vont rester en l’air et du coup les oeufs vont chauffer, et ils ne pourront pas éclore.
Anne-Sophie Mandrou
Résultat, des nids abandonnés et des populations d’oiseaux en chute libre.C’est le cas des laro-limicoles dont font partie les célèbres mouettes.Neuf espèces désormais protégées par un vaste programme européen, ici on leur reconstitue des petits nids d’amour.
Ludovic Foulc
Le problème c’est qu’avec l’artificialisation du littoral, ces oiseaux ne trouvent plus d’endroits où nicher sans être dérangés.Du coup, sur les sites comme les salines de Villeneuve, on recrée des ilots de nidification à l’intérieur des pièces d’eau pour que ces oiseaux puissent venir nicher tranquillement.
Anne-Sophie Mandrou
Et ça marche.La preuve sur ces images tournées par le Conservatoire.Et pour donner le maximum de chances à ces jeunes couples voyageurs, le programme de protection s’étend sur trois régions : Languedoc, PACA, et Corse.
Christelle Galindo
Les espèces de laro-limicoles elles bougent d’une année sur l’autre, elles vont chercher d’autres sites de nidification.Donc l’intérêt de créer ce réseau c’est que d’une année sur l’autre, elles vont pouvoir bouger et s’il y a un site de nidification qui ne remplit pas les conditions favorables à leur reproduction, elles vont pouvoir aller ailleurs.
Anne-Sophie Mandrou
Mais le travail ne s’arrête pas là, à deux pas des étangs, la plage, ces touristes et ces habitués qu’il faut aussi éduquer.
Animatrice
En général on peut avoir les chiens non tenus en laisse.Si on escalade les ganivelles on peut aussi arriver sur un cordon dunaire où des oiseaux nichent.Voilà, on a vraiment beaucoup de dérangements qui sont possibles.
Anne-Sophie Mandrou
Mélodie fait partie d’une des associations impliquées dans le projet.Cela fait deux étés que ces animateurs sillonnent les plages pour faire la promo de ces drôles d’oiseaux qui ne nichent pas dans les arbres.
Intervenant
Et je vais te donner un indice, il est petit et il a quelque chose de jaune sur lui.
Enfant
Celui-là.
Xavier Alloujes
Ouais, c’est celui-là.Il y a beaucoup de gens du coin qui viennent à la plage souvent et qui ne savent pas qu’à quelques dizaines de mètres il y a des oiseaux qui sont assez rares.
Inconnu
On les observe mais c’est vrai qu’on n’a pas forcément à l’esprit qu’on est aussi sur leur territoire quoi.
Anne-Sophie Mandrou
Les poussins quitteront leur nid mi-juillet, d’ici là 6 carrioles pédagogiques vont sillonner nos plages pour nous apprendre à partager l’espace avec tous les locataires du bord de mer.
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