Pierre Soulages à la première Biennale d'Art Contemporain de Lyon

05 octobre 1991
01m
Réf. 00019

Notice

Résumé :

Pierre Soulages commente l'œuvre qu'il a créé tout spécialement pour la première édition de la biennale d'art contemporain de Lyon. Fait unique dans sa carrière, il expose une série de sept toiles composant un ensemble indissociable.

Type de média :
Date de diffusion :
05 octobre 1991
Personnalité(s) :

Éclairage

En 1991, la première Biennale d'Art Contemporain de Lyon voit le jour sous l'impulsion des deux commissaires Thierry Raspail et Thierry Prat. Titrée Pour l'amour de l'art, elle a pour ambition de faire l'état des lieux de la création française en se concentrant uniquement sur la production d'œuvres d'exception. La biennale présentait alors au sein des halles Tony Garnier soixante-neuf œuvres inédites créées par les soixante-neuf artistes conviés.

Pour l'occasion, Pierre Soulages proposait, pour la seule et unique fois de sa carrière, une série de toiles formant un ensemble indissociable. Il s'agissait d'un polyptique composé de sept toiles outrenoir de grand format (2m22 par 1m57) exposées sur deux murs perpendiculaires. En vis-à-vis se trouvait deux murs blancs où étaient inscrits en grandes lettres les titres des toiles. Cet ensemble, daté du 28 décembre 1990 au 19 février 1991, est caractéristique de la production amorcée par Pierre Soulages dès 1984 : celle de grands polyptiques outrenoirs combinant de nouveaux formats rapidement exposés après production. Cet exemple unique d'un ensemble se présente comme une sorte de dialogue entre les toiles elles même. Comme l'artiste le souligne dans ce document, il a été porté par une sorte de continuum artistique. Il a commencé par peindre sa toile de manière habituelle, alternant des plages de lumières crépitantes puis apaisées. Par la suite, une seconde toile a vu le jour sous ses coups de pinceaux, répondant parfaitement à la première, inversant ses rythmes par endroits ou les amplifiant par d'autres. Pour suivre, Pierre Soulages a répété cette opération sur cinq autre toiles. Cet ensemble s'est articulé tel un discours, un schéma mental qui ne pouvait être contenu dans une seule toile, ou une déclinaison des champs du sensible provoqué par la lumière sur ces différentes plages noires.

La même année, cette série a été exposée comme œuvre a part entière au sein du Museum Modern Kunst Stiftung Ludwig de Vienne sous l'impulsion de Lorand Hegyi, aux côtés d'une dizaine de toiles peintes par l'artiste au cours de cette même période.

Léa Salvador

Transcription

(Bruit)
Pierre Soulages
C’est l’ensemble de cette peinture comme je l’ai écrit sur les murs qui ont toutes 2 mètres 22 de haut sur 157 centimètres de large et qui ont été peintes en quelques mois. Mais lorsque j’ai commencé à faire la première, je ne savais pas que j’allais faire un ensemble. Et à la première toile que j’ai faite qui est là, je pensais… je la destinais à une exposition que j’avais à Chicago. Et puis, finalement, partant de la première toile, j’en ai fait une seconde, ce qui ne m’arrive en général jamais. Mais là, j’ai vu la possibilité de changer certaines plages où la lumière crépite, s’anime, avec d’autres plages où la lumière s’apaise. J’ai inversé et j’ai fait une seconde toile. Et je me suis aperçu que je pouvais encore faire quelque chose… une autre organisation sur le même schéma. Et j’en ai fait une troisième. Et ainsi de suite jusqu'à cette dernière qui est la septième.