Pierre Soulages, l'Œuvre imprimée

28 mai 2003
02m 17s
Réf. 00032

Notice

Résumé :

En mai 2003, la Bibliothèque Nationale de France prenait le parti original et unique d'exposer les pièces créées par Pierre Soulages en dehors du support privilégié de la toile : son œuvre imprimée. Ce document propose une rencontre avec l'artiste dans son atelier puis dans les espaces d'exposition.

Date de diffusion :
28 mai 2003
Source :
Personnalité(s) :

Éclairage

En mai 2003, la Bibliothèque Nationale de France exposait L'œuvre imprimée de Pierre Soulages. Cette exposition, dont le commissariat a été confié à Marie-Cécile Miessner, prenait le parti original et unique d'exposer les pièces créées par Pierre Soulages en dehors du support privilégié de la toile.

En présentant la totalité des œuvres imprimée de l'artiste, c'est-à-dire quarante-trois gravures, quarante-neuf lithographies et vingt-six sérigraphie, cette exposition démontrait que cette pratique reste extrêmement rare et représentative de certains moment précis de la création de Pierre Soulages. En effet, à l'inverse de ses contemporains Alechinsky ou Tàpies, dont l'oeuvre est extrêmement riche de ce type de production, les œuvres imprimée de Pierre Soulages restent le témoin de moments de créations intenses, uniquement dédié à l'art de l'impression. Ainsi, dans le catalogue d'exposition, Pierre Encrevé souligne que depuis ses débuts dans l'atelier de la rue Foyatier de Montmartre dans les années 1950, Pierre Soulages a travaillé la gravure par « crises », délaissant pendant ce temps tout autre support d'expression. Le tournant de l'année 1979 et le développement des outrenoirs et des recherches autour du noir lumière sont ensuite venus assourdir pour un temps la création par impression.

L'exposition de la Bibliothèque Nationale de France fut l'occasion de montrer le travail de Pierre Soulage sous un autre angle ; il ne s'agit plus de peintures mais toujours de la recherche de la lumière et des déclinaisons du noir dans son rapport avec le support. Dans ce document, Pierre Soulages évoque un souvenir qu'il aime partager : celui de ses expériences d'écolier, lorsqu'il noircissait ses cahiers pour exalter la blancheur de la feuille. Au cours de l'entretien accordé au journaliste, il réaffirme l'importance de la temporalité dans le processus de création : il n'est pas venu le temps des rétrospective et de la contemplation de son travail mais encore et invariablement celui de l'expérimentation de ce que sera l'œuvre qu'il créera demain.

La mise en exergue de ce corpus imprimé lors de l'exposition à la Bibliothèque nationale de France a en quelque sorte été l'amorce d'une partie du projet scientifique et scénographique du musée Soulages de Rodez, inauguré en mai 2014.

Léa Salvador

Transcription

David Pujadas
Et on se quitte avec de la peinture et cette exposition à partir du 28 mai à la Bibliothèque Nationale de France à Paris de l’œuvre imprimée de Pierre Soulages. Christophe Airaud, Diane Richard.
Christophe Airaud
Silhouette massive de rugbyman, des tubes cabossés, os brûlés et noir d’ivoire. Voici le peintre et ses outils. Epaisse et profonde, la peinture colle à tous les objets de l’atelier de Pierre Soulages. Ce noir, son noir lumière qui vient de loin, de son enfance.
Pierre Soulages
J’étais un enfant timide. Ce que j’ai essayé de faire, vraisemblablement, c’est de rendre le papier de mon cahier d’écolier plus blanc. [incompris] papier. Et avec le noir à côté, il devient presque éblouissant. C’est probablement ce que j’essayais de faire. Mais c’est une explication que je donne maintenant.
Christophe Airaud
Pierre Soulages est né à la veille de Noël, en 1919, dans l’aride département de l’Aveyron. En 1938, il découvre Cézanne et Picasso et se consacre à la peinture. Ces grands formats noirs et obsédants sont sa signature. Mais moins connues sont ses estampes et ses gravures. De la toile à la plaque de cuivre, de la brosse à la presse, c’est le même geste, la même recherche de forme et de lumière, la même vigueur. Et qu’importe le support.
Pierre Soulages
Il n’y a aucune raison de se limiter, comme ça, de cloisonner toute chose dans une technique. Je crois qu’il faut être libre avec ce que l’on veut voir se produire et ce qui compte, c’est l’art, c’est la poésie des choses.
Christophe Airaud
Unique et inlassable, Pierre Soulages, à 83 ans, est toujours un chercheur. Et il n’est pas venu le temps de ses rétrospectives.
Pierre Soulages
Ce qui m’intéresse, ce ne sont pas les rétrospectives. C’est la peinture que je vais faire demain.
Christophe Airaud
Vous l’imaginez un peu la peinture de demain, Pierre Soulages ?
Pierre Soulages
Non. Non. Non, si je l’imaginais, je serai celui qui ne fait que retrouver ce qu’il a déjà voulu. Et ça, c’est contraire à ma manière d’être, à ma manière de peindre, à ma manière de vivre aussi.
Christophe Airaud
La Bibliothèque Nationale de France a sorti de ses archives ces estampes et ces eaux fortes pour voir surgir ces ocres de cuivre, ces bleus de l’acide et ces blancs de papier flirtant avec le noir Soulages.