Le peintre Pierre Soulages reçoit le Prix Rembrandt

31 mai 1976
04m 19s
Réf. 00009

Notice

Résumé :

Pierre Soulages a reçu le Prix Rembrandt à Rodez, prix décerné par un ensemble de conservateurs Européens. La remise du Prix a eu lieu à la Chapelle Royale où se tenait une exposition de gravures de Soulages.

Date de diffusion :
31 mai 1976
Source :
FR3 (Collection: JT Bastide )
Personnalité(s) :

Transcription

(Silence)
Intervenant
… ces toiles [inaudible] graphiques apparaissent comme des signes mystérieux d’une solennelle poésie et dégagent depuis longtemps déjà un vaste et fructueux rayonnement sur la peinture européenne et étrangère. Monsieur Soulages, voilà le document en allemand et la traduction, ici, derrière.
Pierres Soulages
Je vous remercie beaucoup.
Intervenant
Voilà la médaille qui va avec le prix Rembrandt, avec le portrait de Rembrandt. Et voilà ce qui est aussi important. C'est le chèque.
(Bruit)
(Silence)
Journaliste
Dans votre vie, vous avez été souvent primé. Au Japon, en Yougoslavie, aux Etats-Unis, en France, bien entendu. Aujourd'hui, encore, ici même.
Pierres Soulages
Oui.
Journaliste
Alors tous ces prix, qu’est-ce que ça représente pour vous ? Est-ce que ça chatouille l’amour propre ?
Pierres Soulages
Ecoutez, sûrement. Sûrement. Mais c’est toujours… Moi, je trouve toujours très agréable de voir des gens qui aiment ce que je fais, parce que ça m’encourage. En réalité, je ne peins pas pour le public, je peins pour moi. Mais si je rencontre un public, si mes oeuvres rencontrent un public, si mon travail rencontre un public, j’en suis heureux. Et finalement, les prix, qu’est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire qu’il y a un certain jury qui a reconnu ou qui a aimé mon travail. Maintenant, je n’accorde pas une importance immodérée aux prix. La meilleure preuve, c’est que je ne les ai jamais refusés. Alors que le fait de les refuser me paraît les considérer comme quelque chose de très important et de diabolique.
Journaliste
La peinture, pour vous, c’est une expérience poétique ?
Pierres Soulages
Quand je peins, je ne sais pas, au départ, ce que je vais faire. Je n’obéis pas à un projet. C’est en cela que c’est une expérience. Et c’est de mes réactions, de ma sensibilité devant les premières taches, les premières formes que je mets sur la toile que naît le désir d’approfondir, d’intensifier, de rendre plus émouvant, de rendre plus fort. Et ce désir m’accompagne pendant tout le temps que je travaille. Et c’est en cela que je peux dire que mon travail est une expérience poétique. Poétique parce que c’est une question de sensibilité, d’imagination. Enfin, c’est une question de choses qui se passent au-dedans de l’être et qui ne sont pas forcément conscientes.
Journaliste
On dit que vous travaillez beaucoup. Quelquefois, 12 heures d’affilée sur une toile ?
Pierres Soulages
C’est vrai. Ça arrive. Mais d’autres me paraissent avoir atteint à leur pleine efficacité sur ma sensibilité avec quelques heures seulement.
Journaliste
Vous ne vivez plus à Rodez, votre ville natale ?
Pierres Soulages
Non.
Journaliste
Vous voyagez beaucoup dans le monde. Alors est-ce que vous avez encore des racines dans cette terre rouergate ?
Pierres Soulages
Certainement. C’est pourquoi j’ai décidé que ce prix européen, qui est le prix Rembrandt, me soit décerné à Rodez alors qu’il n’y avait aucune raison pour le jury (un jury composé de conservateurs de Hambourg, Milan, Anvers et du Louvre) de se réunir à Rodez. C’est la preuve que je me reconnais des racines dans ce pays. D’autre part, vous me dites que je voyage beaucoup. Mes oeuvres, oui. Mes tableaux, oui. Mais moi, je vis toujours à Paris. Et j’ai également un atelier à Sète où je me retire pendant les mois d’été pour avoir la tranquillité et pour pouvoir travailler.