Pierre Soulages et le musée Fabre

02 février 2007
03m 49s
Réf. 00046

Notice

Résumé :

Interview de Pierre Soulages par le poète Jean Daive au musée Fabre de Montpellier, dans les salles consacrées au peintre.

Type de média :
Date de diffusion :
02 février 2007
Source :

Transcription

Jean Daive
Bonjour, je suis très heureux de vous recevoir aujourd'hui. C'est un grand jour pour nous et aussi pour vous et nous faisons cette émission en direct depuis vos salles, les salles Pierre Soulages. Vous avez été associé à la conception du musée. Montpellier vous a consacré déjà deux grandes expositions, donc je pense que vous avez un rapport assez particulier à la ville et aussi au musée.
Pierre Soulages
Oui et puis aussi au musée puisque j'ai connu la ville et le musée en 1941, exactement le 13 février. C'est une date qui reste dans mon esprit, ce n'est pas une date agréable. C'était le jour où Pétain et Franco se sont rencontrés et je les ai vu apparaître au balcon de la préfecture. Mais par ailleurs j'ai beaucoup aimé Montpellier qui m'a beaucoup plu et la première chose que j'ai faite c'est de courir au musée Fabre, à ce musée. Et je suis venu des dizaines et des dizaines de fois, chaque fois que je pouvais d'ailleurs et au fond c'est le musée que je connais le mieux de tous les musées de France.
Jean Daive
Alors je l'ai dit et je le rappelle, vous avez été associé à la conception de ce musée et c'est vrai que nous sommes dans une salle conçue quand même, je ne dirais pas par un poète mais par un artiste.
Pierre Soulages
Ce n'est pas tout à fait vrai, ce sont les architectes qui ont fait ça. Non, l'origine de cette salle il faut que je la raconte, en réalité c'est Georges Frêche qui est venu me trouver et qui m'a dit : "je veux faire un musée Soulages à Montpellier". Et j'ai dit je n'y tiens pas, j'ai évité. Il m'a tout de même montré plusieurs bâtiments que j'ai refusé par principe mais nous avons quand même visité l'ancienne mairie, une prison de femmes, enfin plusieurs locaux, plusieurs lieux. Et je refusais chaque fois, je lui ai dit : "non je préfère associer quelques peintures de moi à une collection déjà existante". Il me dit : "ah vous voulez parler du musée Fabre... ". Musée Fabre pourquoi pas. "... mais ce n'est pas possible le musée Fabre est plein, on ne peut rien faire au musée Fabre, venez voir... ". Et lorsqu'il m'a emmené ici, il y avait dans l'emplacement de ce bâtiment une cour avec des gradins qui servaient à des spectacles de danse. Et c'est à ce moment que je lui dis : "mais là c'est un espace où on peut construire un bâtiment". Il me dit : "Vous pensez qu'on peut faire un bâtiment là ? ". Je lui dis : "Sûrement mais enfin il faudra déplacer la danse". "Ah oui mais là si on fait un bâtiment au fond, on pourrait peut-être associer à ce bâtiment l'ancienne bibliothèque et puis l'ancienne école des beaux-arts". Je lui dis que ce serait un grand ensemble, et ça permettrait aussi d'ouvrir ce musée à des peintres plus jeunes que moi. Et c'est ce que se passe. Alors moi je dis toujours que je suis très heureux de voir mes toiles à côté de la collection du musée Fabre, prestigieuse, mais aussi très content de les voir à côté d'artistes plus jeunes que j'ai connu d'ailleurs débutants. Certains sont venus me voir, j'en ai rencontré d'autres dans des expositions de jeunes peintres.