Une troisième université à Aix-Marseille
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Résumé
En 1968, la loi d'orientation rendait la plurispécialité des universités obligatoire. L'Université de Provence abritait alors les Facultés de Lettres et de Sciences et l'Université d'Aix-Marseille les Facultés de Droit et de Médecine. Mais différents problèmes tels que la répartition budgétaire ou l'adhésion à la politique des étudiants ont créé une scission. L'Université d'Avignon est devenue indépendante. Les Facultés de Science de St Jérôme et de Droit d'Aix doivent devenir l'Université III.
Date de diffusion :
14 juin 1973
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La situation universitaire dans l'Académie d'Aix-Marseille évoquée par le reportage découle de l'application de la loi Faure de 1968, adoptée après les évènements de mai 1968, et de la mise en place de nouvelles structures d'organisation. À l'Université constituée de Facultés par grands domaines disciplinaires devaient succéder des Universités pluridisciplinaires constituées d'UER (Unités d'enseignement et de recherche).
À Aix-Marseille, comme dans d'autres grandes villes universitaires, la constitution de ces nouveaux ensembles a été longue et difficile, à la fois par méconnaissance et souvent méfiance respectives des différents secteurs disciplinaires , mais aussi parce les évènements de mai y avaient été vécus très différemment, selon des clivages très politiques. Les laborieuses discussions avaient abouti à la mise en place de deux Universités, Aix-Marseille I et II, chacune regroupant des facultés aixoises et marseillaises. La première qui a pris le nom d'Université de Provence, regroupe la Faculté des Sciences de Marseille et celle des Lettres et Sciences Humaines d'Aix, secteurs fortement engagées dans les évènements de mai et catalogués "à gauche", mais aussi plus populaires dans leur recrutement d'étudiants ; la seconde, Aix-Marseille II (avant de devenir plus tard Université de la Méditerranée), regroupe le Droit et les Sciences Économiques d'Aix et le secteur Santé de Marseille, deux secteurs assez proches dans le recrutement social de leurs étudiants, très fortement liés à des professions libérales (médicales et juridiques) et plutôt classées "à droite", voire davantage, lors des évènements de mai. S'y ajouta la nouvelle Faculté des Sciences de Luminy [cf 00000000201]. C'est également à ce moment-là, que l'Université d'Avignon, jusque-là dépendante d'Aix et de Marseille, acquit son indépendance [cf 00000000172].
Les premières dissensions apparurent au sein de l'Université d'Aix-Marseille II par la volonté d'indépendance du secteur juridique représenté dans le reportage par son doyen le professeur Debbasch qui, pour former une troisième université, avait besoin de la présence d'autres secteurs et avait réussi à entraîner des scientifiques de Saint-Jérôme, plus ou moins insatisfaits de leur participation à Aix-Marseille I. Cette sécession amputait donc l'Université Aix-Marseille II, mais surtout elle enlevait la moitié de son secteur scientifique à Aix-Marseille I. Les raisons de cette remise en question telles qu'elles sont exposées dans le reportage par le doyen Debbasch sont peu explicites, comme le fait remarquer le président Borel, professeur de mathématiques, qui fut le premier président de l'Université de Provence. L'affaire prit un tour très politique à l'automne 1973 puisque le gouvernement de l'époque accepta la création d'une troisième université, y compris manu militari, lorsque le centre de Saint-Jérôme occupé par les adversaires de la scission, fut rouvert par les CRS.
Décision d'une extrême gravité qui a laissé des traces durables mais qui surtout allait créer une situation de division et de concurrence dans le secteur des Sciences, entièrement situé à Marseille mais dispersé dans les trois établissements et ce, pour plus de trente années. La lisibilité des enseignements de ce secteur ainsi que le rayonnement des équipes de Recherche en ont pâti, en même temps que Marseille comme métropole scientifique et technologique, par rapport à d'autres universités françaises ou étrangères. Jusqu'à ce que l'idée de la réunification devienne une exigence en voie de réalisation à l'horizon 2010.
Transcription
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