La technopole Sophia Antipolis fête ses 50 ans

L’année 2019 marque le cinquantenaire de l’inauguration sur le plateau de Valbonne dans les Alpes-Maritimes du parc international d’activités ou technopôle de Sophia Antipolis, le plus ancien de France. Cet ensemble s’enorgueillit aujourd’hui d’être la première technopole d’Europe. Sur le modèle américain du Massachusetts Institute of Technology (MIT) de Boston ou du parc de Stanford en Californie, le polytechnicien Pierre Laffitte, un enfant du pays, né à Saint-Paul-de-Vence, devenu sous-directeur de l’école des Mines de Paris, se donne pour mission, sous l’œil bienveillant de la Délégation interministérielle à l'aménagement du territoire et à l'action régionale (DATAR), de faire émerger en quelques années un « quartier latin des champs ». La fertilisation croisée entre petites et grandes entreprises de haute technologie, centres de recherches et établissements d’enseignement supérieur doit donner naissance, en pleine garrigue, à l’industrie de demain. L’objectif est alors de diversifier une économie azuréenne extrêmement dépendante du tourisme et des activités de construction.

Baptisé Sophia, en référence à la sagesse grecque et à la femme de Pierre Laffitte, Sophie Glikman, le nouvel ensemble, s’étendant progressivement sur les cinq communes d’Antibes, de Biot, de Mougins, de Valbonne et de Vallauris, se veut aussi une anti-ville (antipolis). Pour attirer, de région parisienne et de l’étranger, le personnel qualifié indispensable au développement de Sophia Antipolis, il convient en effet de lui offrir un cadre de travail agréable, conjuguant le climat ensoleillé de la Côte d’Azur et un environnement naturel préservé. Les deux tiers des 2 400 hectares du site sont occupés par des espaces verts. Cette qualité de vie passe aussi par la possibilité pour les enfants de ces cadres de fréquenter des établissements scolaires d’excellence comme le lycée international de Valbonne.

La situation géographique de Sophia Antipolis, au cœur d’une conurbation de plus d’un million d’habitants, a été particulièrement favorable à son essor, tout comme la présence d’infrastructures majeures que sont l’autoroute A8, reliant Aix-en-Provence à Menton, et surtout l’aéroport de Nice Côte d’Azur, seconde plateforme aéroportuaire française derrière les aéroports parisiens auxquels elle est d’ailleurs parfaitement connectée. Ces atouts n’ont pas empêché Sophia Antipolis de connaître des crises, comme par exemple en 2013 le départ de la grande  entreprise américaine d’électronique Texas Instruments. La présence de nombreuses entreprises tournées vers l’innovation a toutefois toujours permis à la technopole de se réinventer et aux ingénieurs de retrouver rapidement du travail sur place.

Après un demi siècle d’existence, cette résilience se traduit aujourd’hui par 38 000 emplois répartis au sein de 2 500 entreprises avec un rythme de croissance de 1 000 créations d’emplois par an. Des secteurs porteurs comme les technologies de l’information, les sciences de la vie et les écotechnologies prospèrent aujourd’hui au sein de Sophia Antipolis, et l’année 2019 offre d’importantes perspectives de développement dans le domaine de l’intelligence artificielle, des véhicules autonomes ou des biotechnologies. Le dynamisme actuel est aussi à mettre en relation avec une gouvernance moins dispersée sous l’égide de la communauté d’agglomération Sophia Antipolis (CASA) présidée par le maire d’Antibes Jean Leonetti. Des points noirs subsistent toutefois. Le sous-dimensionnement des transports en commun entraîne au quotidien une importante congestion automobile pour accéder ou sortir de Sophia Antipolis. L’entrée en service du bus tram en site propre reliant Antibes à la technopole ne permettra sans doute pas, à elle seule, de résoudre cet épineux problème. Une partie de la solution est assurément à l’avenir d’augmenter le nombre de personnes habitant in-situ, afin de diminuer d’autant les déplacements domicile travail. L’avenir de Sophia Antipolis passe aussi par le projet immobilier Ecotone, prévu pour 2023 et conçu par les ateliers de l’architecte Jean Nouvel dans une optique de développement durable. Présenté comme une colline habitée aux espaces verts suspendus, Ecotone entend accueillir de nouvelles activités tertiaires et de formation, en particulier une déclinaison de la Station F, campus de start-up fondé à Paris par Xavier Niel, mais aussi de l’hôtellerie et des services.

Bibliographie

• Laurence Bottero, « À 50 ans Sophia Antipolis, la pionnière des technopoles, redessine son avenir », La Tribune, 15 février 2019.
• Bruno Ferret, Valbonne Sophia Antipolis : humaine et innovante, Toulouse, Privat, 2013.
• Pierre Laffitte, « Le quartier latin des champs », Mines revue des ingénieurs, 1961.