À Marseille 4000 personnes manifestent leur soutien à l'Aquarius et à SOS MEDITERRANEE
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Une marche populaire de 4000 personnes a défilé à Marseille en soutien à l'Aquarius, le navire affrété par SOS MEDITERRANEE et Médecins sans frontières pour secourir les migrants en danger dans les eaux méditerranéennes. Le navire, actuellement dans le port de Marseille, est privé de son pavillon panaméen. L'ONG dont le siège est à Marseille demande aux gouvernements européens d'agir.
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06 oct. 2018
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Contexte historique
ParDocteur en Histoire contemporaine, Post-doctorant à Aix-Marseille Université
Le 3 octobre 2013 au large de l’île italienne de Lampedusa, située entre Malte et la Tunisie, survient le terrible naufrage d’un bateau en provenance de la Corne de l’Afrique. La lenteur des secours engendre la mort de 366 personnes sur les 500 présentes à bord, notamment des Erythréens et des Somaliens. A la suite de l’émotion suscitée par ce drame, la marine italienne lance le 15 octobre l’opération Mare Nostrum destinée à porter secours aux embarcations de migrants (notamment celles venues des côtes libyennes) en perdition dans la Méditerranée centrale, tout en essayant simultanément de dissuader les passeurs. En novembre 2014, Mare Nostrum est remplacée par l’opération Triton, menée sous l’égide de Frontex l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, qui s’apparente davantage à une opération de police dans les eaux territoriales italiennes qu’à du sauvetage en mer.
En mai 2015, SOS MEDITERRANEE voit le jour à l’initiative de citoyens européens afin d’assurer ces opérations de sauvetage délaissées. Les co-fondateurs, un capitaine allemand de la marine marchande, Klaus Vogel, et une responsable de programmes humanitaires, la Française Sophie Beau, installent le siège de l’ONG à Marseille, un port à l’histoire marquée par une tradition d’accueil, parfois seulement pour un transit, des migrants.
Grâce à la mobilisation de la société civile, SOS MEDITERRANEE parvient à affréter l’Aquarius, qui quitte le port de Marseille le 20 février 2016 et met le cap sur Lampedusa pour sa première mission humanitaire entre les côtés siciliennes et africaines. En partenariat avec Médecins du Monde puis Médecins Sans Frontières, l’ONG marseillaise apporte, durant deux ans et demi, une assistance vitale à près de 30 000 naufragés. En plus des marins, des médecins, des secouristes et des médiateurs formés à la prise en charge de rescapés embarquent à bord du navire journalistes, dessinateurs voire réalisateurs. Ces derniers témoignent de l’action quotidienne et concrète de l’ensemble de l’équipage, ce qui contribue à informer le grand public, tout en permettant de réfuter les accusations fallacieuses d’une action humanitaire faisant « le jeu des passeurs ».
Le 10 juin 2018, quelques jours après la nomination du nationaliste d’extrême droite Matteo Salvini, comme ministre de l’Intérieur, l’Italie annonce la fermeture de ses ports aux bateaux secourant les migrants, et appelle ses voisins en Méditerranée à prendre leur part dans l’accueil des réfugiés. Aucun ne s’y résout dans un contexte où les opinions publiques affichent une hostilité croissante nourrie du fantasme de l’invasion. Ainsi, après s’être vu refusé l’accès aux ports maltais, l’Aquarius est contraint d’errer une semaine en Méditerranée par mer agitée, avec à son bord selon le quotidien Le Monde « 629 migrants dont sept femmes enceintes, onze enfants en bas âge et 123 mineurs isolés ». C’est in fine l’Espagne, par la voix de son nouveau premier ministre socialiste Pedro Sanchez, qui propose au navire humanitaire d’accoster à Valence. Tout en incriminant la « part de cynisme et d’irresponsabilité du gouvernement italien », le président français, Emmanuel Macron, se retranche derrière le droit maritime pour éviter d’ouvrir le port de Marseille à l’Aquarius, de peur que cette décision ne lui soit politiquement préjudiciable, et de fait un sondage indique qu’une courte majorité de Français approuve cette prise de position. Le gouvernement français se dit néanmoins favorable à l’accueil dans l’Hexagone d’une partie des passagers « répondant aux critères du droit d’asile », alors que Matteo Salvini lui reproche de n’avoir pris en charge qu’une infime part des migrants qu’elle s’était engagée, en 2015, à accueillir lors de la mise en place par la Commission européenne du programme de relocalisation des demandeurs d’asile, dans le but de soulager la Grèce et l’Italie en première ligne face à la « crise migratoire ». L’idée était de contourner la « procédure de Dublin » obligeant les individus à déposer leur demande d’asile dans le pays d’arrivée où ils peuvent ensuite être renvoyés.
Le 4 octobre 2018 à la suite de ce que d’aucuns qualifient de « harcèlement judicaire, administratif et politique », l’Aquarius rentre dans son port d’attache marseillais. Le dernier navire humanitaire parcourant alors la Méditerranée centrale a été privé de son pavillon par Gibraltar, puis par le Panama, et risque de ce fait de ne plus pouvoir repartir. La veille de son arrivée un appel à manifester est lancé par SOS MEDITERRANEE pour que le samedi 6 octobre une « vague orange » (aux couleurs des gilets de sauvetage, des bouées et de l’Aquarius) submerge Marseille, mais aussi d’autres villes de France et d’Europe, afin de réclamer que la France ou un autre pays européen accorde un pavillon au navire. Une pétition en ligne, intitulée « Sauvons l’Aquarius et le sauvetage en mer », est en outre lancée. La veille de la manifestation, une vingtaine de militants d’extrême droite appartenant au groupuscule Génération Identitaire (voir Les militants de Génération Identitaire au col de l'Échelle) envahissent brutalement les locaux du siège de SOS MEDITERRANEE, déployant une banderole accusant l’ONG d’être complice du trafic d’êtres humains. L’avis est partagé par Stéphane Ravier, sénateur Rassemblement national des Bouches-du-Rhône. Dans ce climat délétère, 4000 personnes défilent sur le Vieux-Port aux côtés d’associations comme la CIMADE et de certains militants politiques comme Jean-Luc Mélenchon, dirigeant de la France insoumise et député des Bouches-du-Rhône (voir Jean-Luc Mélenchon élu député des Bouches-du-Rhône). Plusieurs autres milliers de personnes manifestent dans une cinquantaine de villes françaises, mais aussi à Madrid, Bruxelles, Berlin ou Palerme. En dépit de cette mobilisation, l’Aquarius ne retrouve pas un nouveau pavillon, et en décembre SOS MEDITERRANEE doit donc le restituer à son armateur.
Selon le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR), en 2018 plus de deux mille personnes sont encore mortes noyées ou portées disparues en tentant de traverser la Méditerranée et plus de quinze mille sur quatre ans. La Méditerranée est devenue pour les migrants la voie maritime la plus meurtrière au monde.
Bibliographie
- O. Clochard, "La Méditerranée, dernière frontière avant l’Europe", Cahiers d’Outre-Mer, 222, 2003, p. 159-180.
- C. Heller, L. Pezzani, "Traces liquides : enquête sur la mort de migrants dans la zone-frontière maritime de l’Union Européenne", Revue européenne des migrations internationales, 30, 3-4, 2014, p. 71-107.
- C. Schmoll, H. Thiollet, C. Wihtol de Wenden (dir.), Migrations en Méditerranée, Paris, CNRS éditions, 2015
- C. Wihtol de Wenden, Pour accompagner les migrations en Méditerranée, Paris, L'Harmattan, 2013.
Transcription
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