La fabrication des santons de Provence
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Résumé
Le reportage traite de la fabrication des santons de Provence, depuis la préparation de l'argile jusqu'à son habillage. L'ensemble des processus est expliqué par une santonnière installée aux Issambres, une station balnéaire située entre Sainte-Maxime et Fréjus, sur la commune de Roquebrune-sur-Argens, dans le Var.
Date de diffusion :
02 déc. 1987
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- 00291
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Le nom de santon vient du provençal santoun, le "petit saint". Les santons sont des figurines d'argile peintes qui mettent en scène la Nativité, ainsi que des personnages inspirés par le petit peuple provençal et dont les types sont souvent issus de la Pastorale Maurel (la représentation théâtrale de la Nativité la plus répandue). On y trouve, parmi les classiques, outre les sujets de la crèche elle-même, le berger, des paysans et des paysannes avec des victuailles, le maire, le curé, le boulanger, le meunier, le chasseur, le pêcheur ou la poissonnière, le bohémien, le ravi, la lavandière, le tambourinaire, le rémouleur, l'aveugle et son fils, etc., soit une représentation de la population rurale de la fin du XIXe siècle, qui correspond à celle que la Félibrige sacralise. Elle est renforcée par les références à un paysage "typique" avec le moulin, le puits, l'étable aux allures de bastidon, le village groupé éventuellement.
La crèche vient d'Italie, mais trouve très tôt sa terre d'accueil en Provence. Le "santon", fabriquée en série, a été mis au point à Marseille à la fin de la Révolution, vers 1797, par Jean-Louis Lagnel (1764-1822), un Marseillais obscur, qui se dit "sculpteur" dans les actes d'état civil et était sans doute mouleur de statuettes. Il a amorcé une importante production de "santons" en argile moulée et peinte. Ces figurines semblent avoir remporté un rapide succès avec le retour au calendrier religieux qui marque le Consulat et l'Empire, au point que la foire de Noël marseillaise est progressivement devenue la "foire aux santons". La première foire se tient sur le Cours Belsunce 1803 (elle s'établira sur les allées de Meilhan en 1886). Cet engouement se prolonge jusqu'au milieu du XIXe siècle, puis il faut attendre la fin du siècle pour qu'un nouveau regain s'affirme, encouragé par le Félibrige. Frédéric Mistral fait entrer la crèche - celle de la célèbre santonnière Thérèse Neveu - au Museon Arlaten. L'engouement ne se dément plus au cours du XXe siècle. La crèche provençale devient, pour la France entière, la crèche de référence. Marseille et Aubagne ne sont plus les seuls lieux de fabrication santonnière, même si elles restent, avec Aix, les principaux. Les santons sont de plus en plus cuits, puis peints afin de pouvoir mieux voyager. Alors que pendant longtemps le santonnier - qui est le plus souvent un potier ou un faïencier - ne fait que reproduire les types canoniques, au XXe siècle, encouragés par les concours tels que celui qu'organise l'Escolo de la Mar à Marseille et par la possibilité d'obtenir le titre de "Meilleur ouvrier de France", les créateurs se multiplient. La voie a été ouverte par l'atelier Louis Neveu, diffusant les créations de Thérèse Neveu (1866-1946) imaginées à partir de personnages vivants. C'est alors qu'Aubagne a été consacrée comme "capitale des santons". Dès l'origine, divers matériaux ont été associés à l'argile tirée des carrières locales : carton peint, bois, végétaux, mais, vers 1916, un prêtre marseillais, l'abbé César Sumien (1858-1934), a réalisé la synthèse des santons d'argile et des grandes figurines habillées des crèches d'église. Il a créé le "santon habillé", mannequin à la tête et aux extrémités des membres moulés en argile cuite, auquel une armature en fil de fer permet de donner des attitudes expressives. La fabrication des santons est sortie aujourd'hui de l'aire originelle - on le voit ici avec cet atelier installé sur la Côte d'Azur - et cette activité, qui reste artisanale, est devenue un vrai métier, celui de santonnier. Foires aux santons, concours de crèches se sont multipliés et, le tourisme aidant, le santon s'est banalisé, déprovençalisé en partie - jusqu'à devenir une figurine en plastique fabriquée en Chine pour garnir les galettes ou gâteaux des rois - tout en restant étroitement lié à la période de Noël.
Bibliographie :
Régis Bertrand, Crèches et santons de Provence, Avignon, Alain Barthélémy, 1999.