La scission des mégrétistes au congrès du FN à Marignane
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Le congrès extraordinaire du Front National à Marignane entérine la scission entre lepénistes et mégrétistes. Bruno Mégret son initiateur a réuni autour de lui de nombreux cadres du parti, que l'on voit à la tribune. Un nouveau Front National (Front National mouvement national) devrait voir le jour. Au-dehors, des manifestants protestent contre la tenue de ce congrès.
Date de diffusion :
23 janv. 1999
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La crise couve depuis longtemps au sein du FN. Jean-Marie Le Pen est contesté pour ses méthodes autoritaires et sa stratégie qui isole le mouvement. Peu à peu, Bruno Mégret qui aspire à devenir le nouveau chef a tissé sa toile au sein de l'appareil. Polytechnicien, ingénieur des Mines, haut-fonctionnaire à l'origine, passé par le RPR (dont il a été membre du comité central), il a rejoint le FN en 1986, ce qui lui a permis d'être élu député de l'Isère, puis député européen en 1989. Devenu l'un des leaders du parti, même si Le Pen s'en méfie rapidement, il commence son implantation en Provence en 1988 et prend la tête du FN régional en 1990. Tête de liste aux élections régionales de 1992, conseiller régional depuis lors, ayant fait de Vitrolles sa base, il s'impose comme le numéro deux, et fait ombrage au chef. Avec son ami Jean-Yves Le Gallou, connu au Club de l'Horloge, un cercle de pensée de la droite radicale, il est arrivé en tête des élus au comité central du FN en 1997. Considéré comme un félon, il fait l'objet d'attaques de plus en plus vives et Le Pen l'écarte du "pré-gouvernement" qu'il forme au début de 1998. Déjà au moment des élections régionales, Le Pen a tout fait pour faire échouer sa tentative de rapprochement avec la droite et il vient de nommer Jean-Jacques Susini, l'un des fondateurs de l'OAS, à la tête de la fédération des Bouches-du-Rhône. La crise éclate le 5 décembre quand le vieux chef est hué au conseil national pour avoir suspendu deux mégrétistes, et se concrétise le 9 : Bruno Mégret demande la réunion d'un congrès extraordinaire, Jean-Marie Le Pen refuse et le démet de sa fonction de délégué général du parti, avant de le faire exclure avec ceux qui le suivent. Car Bruno Mégret bénéficie de l'appui de nombreux cadres du parti (62 secrétaires départementaux et 117 conseillers régionaux), ce qui lui permet d'organiser des congrès départementaux au début janvier 1999. C'est ce processus que vient "couronner" le congrès des 23 et 24 janvier qui se tient à Marignane, l'une des villes conquises en 1995 et dont le maire Daniel Simonpieri est, pour l'heure, encore un des fidèles de Mégret. Il s'agit rien moins que de "refonder" le FN.
Le reportage rend compte de la première journée de ce congrès qui réunit 2 500 délégués, tandis qu'au dehors les associations anti-FN (SOS Racisme, Ras-L'Front, etc.) manifestent. La réunion suit, très volontairement, le rituel habituel des congrès du FN. On remarquera la mise en scène qui réunit autour du nouveau chef ses principaux soutiens, qui, les uns après les autres, interviennent à la tribune, où se trouve Marie-Caroline Le Pen, la fille aînée, mais non la préférée du vieux chef qui a fait nommer sa cadette Marine au sein de la direction du FN. Damien Bariller réclame un "droit d'inventaire" sur le bilan Le Pen, Mireille d'Ornano, chef de file du FN dans les Alpes-de-Haute-Provence, dénonce le "pouvoir dictatorial" du chef. Bruno Mégret ironise sur l'absence de Jean-Marie Le Pen, pour lequel, très volontairement, on a laissé un siège vide à la tribune... Le congrès va entériner la scission en créant le FN-MN (Front national-Mouvement national), première appellation de ce qui deviendra quelques mois après, en septembre, le MNR (Mouvement national républicain). Frank Timmermans va prendre la responsabilité des fédérations, Jean-Yves Le Gallou sera délégué général, Serge Martinez, ancien patron de l'hebdomadaire Minute, secrétaire général.
On constate l'absence de Jacques Bompard, le maire d'Orange, qui, avec les autres leaders FN du Vaucluse, est encore fidèle à Le Pen, et celle de Jean-Marie Le Chevallier, qui hésite et ne rompra qu'un an après.
Bruno Mégret espère pouvoir sortir l'extrême droite de son isolement et compte, pour cela, sur les élections européennes à venir, le 13 juin suivant, pour prendre le pas sur les lepénistes et s'imposer à la droite. C'était oublier que l'électorat de Jean-Marie Le Pen était surtout sensible à la présence médiatique du leader et comprendra mal la scission. L'échec sera patent. La liste conduite par Bruno Mégret sous l'étiquette "Mouvement national" n'obtiendra qu'un peu plus de 3 % des voix et n'aura donc aucun député, alors que la liste Le Pen arrivera à 5,69 % et obtiendra 5 sièges. Le 21 avril 2002, Bruno Mégret, candidat à l'élection présidentielle, ne recueillera que 2,34 % des suffrages et appellera à voter pour Jean-Marie Le Pen au 2e tour.
Bibliographie :
Frédéric-Joël Guilledoux, Le Pen en Provence, Paris, Fayard, 2004.
Transcription
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