Michel Vauzelle président du Conseil régional
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Le reportage rend compte de la dernière étape de l'élection du président du Conseil régional après les élections du 15 mars précédent. La réunion du Conseil à ce sujet, le vendredi 20, n'ayant pas abouti par suite des divisions à droite, l'élection a été reportée au lundi 23. Après une matinée mouvementée, François Léotard, tête de liste UDF-RPR, a décidé de maintenir sa candidature pour barrer la route à Jean-Marie Le Pen, candidat du FN à la présidence. Il a continué ainsi à s'opposer à ceux qui, à droite, étaient favorables à un accord avec le FN et dont le candidat était Gilbert Stellardo, premier adjoint RPR de Nice. Dans ce contexte, après une interruption de séance demandée par le conseiller de droite, Antoine Micallef, le vote, qui se déroule sous la présidence de Pierre Tinseaux, le doyen d'âge, donne la victoire à Michel Vauzelle, leader de la liste de la "Gauche plurielle".
Date de diffusion :
23 mars 1998
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L'élection du président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur a attiré l'attention du monde politique et médiatique national, d'autant qu'elle est intervenue trois jours après les autres. Son enjeu, en effet, n'était pas mince. Les résultats des élections régionales (à la proportionnelle), qui s'étaient déroulées le dimanche 15 mars, avaient abouti à une situation qui reposait le problème de l'attitude à adopter à l'égard de l'extrême droite. Sur les 123 conseillers élus, la gauche en comptait 49 (27 socialistes, 13 communistes, 4 divers gauche, 2 radicaux de gauche, 2 verts et 1 Mouvement des citoyens), la droite 37 (19 UDF, 16 RPR, 2 divers droite), soit le même nombre que le FN.
La gauche s'était présentée divisée à l'élection, puisque le président du Conseil général des Bouches-du-Rhône, Lucien Weygand, avait monté sa propre liste ("Priorité Provence"), qu'il avait opposée à la liste de la "gauche plurielle" conduite par Michel Vauzelle, qui allait des communistes aux radicaux de gauche. Mais les quatre élus de la liste Weygand allaient voter en faveur de Michel Vauzelle. La liste de droite était conduite par François Léotard, président national de l'UDF, avec le soutien de Jean-Claude Gaudin, président sortant du Conseil régional, qui, ayant été élu maire de Marseille trois ans auparavant, avait décidé, de ne pas se représenter. Mais les résultats des élections régionales avaient annihilé les chances de François Léotard qui, aussitôt après, avait déclaré ne pas se présenter à la présidence de la région et s'opposer totalement à tout accord entre la droite et le FN, "formation néo-fasciste, qui pratique la haine et le racisme, l'antisémitisme et l'exaltation d'un passé qui n'a jamais existé". Cette position, qui n'était pas nouvelle chez lui, était critiquée par des élus de sa propre liste, conduits par ceux des Alpes-Maritimes, en particulier le RPR Christian Estrosi, suivis de ceux du Vaucluse et des départements alpins. C'est pourquoi François Léotard était revenu sur sa position et avait décidé de maintenir sa candidature, avec le soutien des élus UDF et RPR des Bouches-du-Rhône, notamment Jean-François Mattei, Renaud Muselier et Jean-Pierre Giran.
À Marseille, le vendredi 20 mars, jour normal de l'élection des présidents des conseils régionaux, l'atmosphère était tendue. Jean-Marie Le Pen se disait bien décidé à accéder enfin au pouvoir dans une région sur laquelle il lorgnait depuis plus de dix ans. Cette position, irréaliste, et les provocations verbales auxquelles il se livrait avaient probablement pour but de gêner Bruno Mégret qui était le principal artisan des accords avec la droite, qui, au même moment, permettaient dans cinq régions (dont le Languedoc-Roussillon et Rhône-Alpes) à des présidents de droite d'être élus avec les voix du FN. Les deux premiers tours de l'élection, au cours desquels le président devait obtenir la majorité absolue, ont donné les mêmes résultats, chaque candidat obtenant la totalité des voix de sa tendance, soit Vauzelle 49, Léotard 37 et Le Pen 37. Avant que le troisième tour ne s'ouvre (qui, lui, permet l'élection à la majorité relative), Christian Estrosi provoquait la crise en demandant au président de séance, le doyen d'âge FN, Pierre Tinseaux, de suspendre la séance pour la reporter au lundi 23, ce qu'il fit illico.
Le calcul était simple, il s'agissait de profiter du week-end pour convaincre une majorité d'élus de droite de suivre l'exemple des régions qui avaient vu la droite et le FN s'accorder, d'autant que le deuxième tour des élections cantonales devait se tenir ce dimanche et que son résultat pouvait lui aussi influer sur les positions. Pour Christian Estrosi, qui était jusque-là premier vice-président du Conseil régional, l'essentiel était de barrer la présidence à la gauche.
Lorsque le lundi 23 le conseil régional se réunit à nouveau, la situation est bloquée et la rupture à droite consommée. Jean-Claude Gaudin a fait un communiqué pour repousser toute compromission avec le FN (lui qui, en 1986, avait eu une position toute différente), François Léotard exclut de l'UDF les présidents élus avec les voix FN (Jacques Blanc, Charles Millon, etc.), le RPR Jean-Pierre Giran, soutenus par huit autres élus RPR, accuse le RPR Christian Estrosi et ses amis de vouloir "s'associer aux factieux de l'OAS". Il est vrai que Gilbert Stellardo, RPR, premier adjoint au maire de Nice Jacques Peyrat (ancien FN passé au RPR), poussé par Christian Estrosi, se présentait "contre" François Léotard (on remarquera dans le reportage le lapsus très significatif qu'il fait en répondant au journaliste). L'ultime tentative de tractation proposée par un élu du Vaucluse n'aboutit pas. Le troisième tour donne donc une majorité relative à la gauche, qui, avec 49 voix contre 19 à François Léotard, 9 à Gilbert Stellardo et 37 à Jean-Marie Le Pen, reprend donc la présidence du Conseil régional gagnée par la droite en 1986.
Le nouveau président, Michel Vauzelle, félicitera François Léotard et Jean-François Mattei d'avoir "tenu bon face au chantage de l'extrême droite".
Michel Vauzelle, originaire de Montélimar mais établi à Arles dont il était alors maire depuis 1995, avocat au barreau de Paris, s'était engagé dans l'action politique en entrant dans le cabinet du gaulliste Jacques Chaban-Delmas (1969-1972), puis en passant au socialisme. Il avait été le porte-parole de François Mitterrand, président de la République de 1981 à 1986, garde des Sceaux en 1992. Il était aussi député des Bouches-du-Rhône. Sans doute, bien peu auraient parié en 1998 sur sa présence à la tête de l'exécutif régional encore dix ans après. Contrairement à bien des pronostics, la majorité est restée à la gauche, alliée aux Verts, aux élections de 2004, et les nouvelles modalités de scrutin lui ont même donné une assise bien plus large (73 sièges, contre 31 à la liste UMP-UDF conduite par Renaud Muselier et 19 au FN). Michel Vauzelle a été reconduit dans ses responsabilités.
Transcription
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