Fête des pieds noirs à Marignane
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Le reportage rend compte de la fête des rapatriés organisée par le quotidien Le Méridional au stade de Marignane. L'atmosphère est détendue, la vedette du spectacle est le chanteur Enrico Macias, qui est le chantre des pieds-noirs et de l'Algérie perdue.
Date de diffusion :
29 juil. 1968
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Dans les années qui suivent le traumatisme du rapatriement, les pieds-noirs reconstituent une "société" spécifique à travers nombre d'associations, locales ou nationales, et de manifestations, religieuses, caritatives ou culturelles. Le rapatriement massif et tragique du printemps et de l'été 1962 est devenu l'élément fondateur d'une communauté qui se vit en exil (voir Avec les rapatriés d'Algérie et Marseille, quartier général des rapatriés). Le déracinement et l'éparpillement sur le sol métropolitain ont contribué très rapidement au renforcement d'une conscience commune qui n'avait pas cours, semble-t-il, en Algérie. Dans une large mesure, le sentiment d'une incompréhension, voire d'un rejet, de la part des métropolitains, cristallise cette nouvelle identité. Cette volonté de rester soudés et de conserver des particularités passe par des moments de rencontres, par des réunions, par des fêtes qui permettent aux membres de la communauté de se retrouver, d'échanger et de conserver leur mémoire. Dans ces moments, ils reconstituent leur "Algérie" en partageant ce qui leur rappelle un passé souvent idéalisé, comme il est naturel, autour de nourritures "identitaires" (l'anisette, la mouna, les merguez, etc.), de récits et de chansons, de lieux de culte - Notre Dame d'Afrique - ou de commémorations. La vitalité associative des rapatriés et de leurs descendants est devenue une composante forte de la sociabilité de notre région.
Le chanteur Enrico Macias est le chantre de cette "nostalgérie". Arrivé en France avec sa famille avant la fin de la guerre, en juillet 1961, il doit sa notoriété au premier disque qu'il a enregistré chez Pathé et à son passage à Cinq colonnes à la une dans une émission consacrée aux rapatriés. En évoquant le pays perdu, sur une musique nourrie des influences judéo-arabes, il se fait l'interprète des sentiments de la communauté exilée. Adieu mon pays ("J'ai quitté mon pays, j'ai quitté ma maison, j'ai quitté ma famille..."), composée sur le bateau de l'exil, est la chanson emblématique de son répertoire d'alors. En 1968, il est devenu une vedette, appréciée aussi du public métropolitain et commençant à être connue sur d'autres rives de la Méditerranée, notamment au Proche-Orient. Comme le chanteur, une partie de ces rapatriés vote à gauche, mais c'est au sein de la droite qui a combattu la décolonisation que les pieds-noirs trouvent leurs principaux soutiens. Les uns et les autres se retrouvent dans l'antigaullisme. Il n'est donc pas étonnant que la fête de Marignane soit organisée par le quotidien de l'armateur Jean Fraissinet, Le Méridional, journal qui a milité pour le maintien d'une Algérie française.
La petite ville de Marignane, en pleine zone d'expansion marseillaise, profitant du grand aéroport régional qui porte alors le nom de "Marseille-Marignane", est particulièrement accueillante aux rapatriés. Son essor spectaculaire le reflète : elle passe de 5 000 habitants en 1959 à presque 14 000 en 1965 et atteint les 20 000 vers 1971. Plusieurs grands programmes immobiliers sont alors inaugurés. La voierie témoigne très vite de cette implantation. Autour de l'avenue Maréchal-Juin (le chef de l'Armée d'Afrique), inaugurée en 1967, fleurissent des noms qui renvoient à l'aventure coloniale ou à l'Afrique du Nord (rue d'Isly, place Maréchal-Lyautey, place Bugeaud, etc.). Cette marque est précocement d'orientation "Algérie française", avec en particulier l'avenue Général-Raoul-Salan, figure emblématique de l'OAS. Dès 1965, la municipalité, comme beaucoup d'autres d'étiquettes diverses, a fait une place aux rapatriés et l'un des leurs est devenu adjoint au maire (l'un des boulevards en question portera son nom après son décès). Plus tard, en mai 1980, le conseil municipal de Marignane sera le seul de la région à voter majoritairement contre l'attribution du nom du général de Gaulle à une avenue (le refus sera levé trois ans après). Conquise en 1995 par l'extrême droite (voir Élections municipales de 1995 : victoire du FN à Orange, Marignane et Toulon) et gardée depuis dans cette mouvance, la commune a également fait parler d'elle en 2005 avec l'inauguration au cimetière d'une stèle érigée à la mémoire des "martyrs" de l'OAS.
Bibliographie :
Marignane, des premiers temps au XXe siècle, Marignane, Maury imprimeur, 1987.
Jean-Philippe Ould Aoudia, La Bataille de Marignane, 6 juillet 2005. La République, aujourd'hui face à l'OAS, Paris, Éditions Tirésias, 2006.
Transcription
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