Marseille fête la victoire de la France face à l'Allemagne en demi-finale de l'Euro 2016
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Cette année, c'est au stade Vélodrome qu'a été accueillie la demi-finale France-Allemagne du championnat d'Europe de football 2016. Dans le stade, au Vieux-Port ou au Prado, le public était au rendez-vous pour crier son soutien à l'équipe de France. Dès la fin du match et jusqu’au petit matin, c'est toute la ville qui a fêté la victoire historique des Bleus.
Date de diffusion :
08 juil. 2016
Date d'évènement :
07 juil. 2016
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Contexte historique
ParDocteur en Histoire contemporaine, Post-doctorant à Aix-Marseille Université
Le jeudi 7 juillet 2016 au Vélodrome, stade habituel des exploits de l’Olympique de Marseille, l’équipe de France de football affronte l’Allemagne en demi-finale du troisième Euro organisé en France après ceux de 1960 et 1984. Les tricolores s’imposent 2 à 0 face à la Mannschaft grâce à un doublé d’Antoine Griezmann. Les rencontres face à l’Allemagne ne sont jamais, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, totalement dénuées d’une portée symbolique qui dépasse le cadre sportif. Face à l’une des meilleures équipes du football international, victorieuse de quatre Coupes du monde (1954, 1974, 1990 et 2014), de trois championnats d’Europe (1972, 1980 et 1996), se rejoue le jeu des préjugés et des stéréotypes qui redonne, le temps d’un match de football, à l’Allemagne un statut d’ennemi séculaire, alors que les relations franco-allemandes sont depuis les années 1950 placées sous le signe de l’amitié et d’étroites collaborations. L’antagonisme sur les terrains de football s’est trouvé renforcé à la suite de la « nuit de Séville » au cours de laquelle, lors de la demi-finale de la Coupe du monde 1982, la France est défaite aux tirs au but après avoir mené au score toute une partie de la rencontre. Ce match également marqué par l’agression non sanctionnée par l’arbitre d’un joueur français par le gardien de but allemand est vécu en France comme une profonde injustice et prend une dimension quasi-traumatique dans la mémoire collective. Depuis, chaque match entre les deux nations est l’occasion d’un rappel de ce souvenir douloureux. Dans ces conditions, la victoire de 2016 fait figure de catharsis.
Sur le plan sportif, les Bleus s’ouvrent une nouvelle fois les portes de la finale de l’Euro. Le 23 juin 1984, l’équipe emmenée par Michel Platini avait signé, au même stade de la compétition, un autre exploit retentissant au Vélodrome en s’imposant 3 à 2 contre le Portugal en fin de prolongation. Cela lui avait permis quelques jours plus tard d’affronter victorieusement l’Espagne au Parc des Princes et d’offrir au football français son premier titre international majeur.
Cette demi-finale victorieuse est la sixième rencontre disputée au Vélodrome lors de cet Euro 2016, seul le Stade de France à Saint-Denis fera mieux au final avec sept matchs accueillis en son sein. Le 15 juin l’équipe de France s’est déjà présentée à Marseille en match de poule pour une victoire 2 à 0 contre l’Albanie, obtenue dans les ultimes instants puisque le but libérateur d’Antoine Griezmann n’est intervenu qu’à la quatre vingt dixième et ultime minute du temps réglementaire, avant que Dimitri Payet ne double la mise dans les arrêts de jeu. Comme à l’occasion de l’organisation en France de la Coupe du monde 1998, l’enceinte marseillaise a été rénovée de 2011 à 2014 dans l’optique de l’accueil de cette compétition organisée tous les quatre ans par l’Union européenne des associations de football (UEFA). La capacité des tribunes est ainsi passée de 60 000 à 67 000 places et une majestueuse toiture en fibre de verre est venue couronner l’ensemble.
Sur les plages du Prado, à quelques encablures du stade Vélodrome, a par ailleurs été aménagée pour la durée de la compétition, comme dans les dix autres villes hôtes, une fan zone (divisée en deux espaces) où les matchs sont retransmis sur écran géant. Cela permet de grands moments de partage et de convivialité entre les supporters, tout en conciliant au mieux les impératifs de sécurité dans un contexte de vague d’attentats depuis celui perpétré à Paris en janvier 2015 contre la rédaction du journal satirique Charlie Hebdo. La fan zone marseillaise a accueilli, le 3 juillet, plus de 30 000 personnes à l’occasion de la large victoire de la France 5 à 2 contre l’Islande en quart de finale. De tous âges, des deux sexes et à l’image du cosmopolitisme marseillais, 70 000 supporters acclament ce 7 juillet l’équipe de France tout au long de la partie, puis donnent naissance après le coup de sifflet final à des moments de liesse populaire que seul le spectacle sportif semble en mesure de procurer à une telle échelle. Les supporters tricolores poursuivent également la fête au cœur de Marseille sur le Vieux-Port.
Parfois injustement dénigrée médiatiquement, la cité phocéenne est, au lendemain de cette victoire, présentée à l’inverse de manière extrêmement positive pour l’élan que la ferveur de ses habitants a su donner au onze tricolore. Pour sa cohésion sociale et son développement économique, la ville entend d’ailleurs capitaliser sur le label lui ayant été attribué en 2014 de Capitale européenne du sport 2017 (voir Lancement de l'année Marseille Capitale européenne du sport 2017).
Contrairement à 1984, l’épilogue de cet Euro 2016 se disputant le 10 juillet au Stade de France contre le Portugal, n’est pas favorable aux Bleus, qui perdent 1 à 0 après prolongation et donnent beaucoup de chagrin à tous les Français, dont les 80 000 supporters marseillais rassemblés dans la fan zone des plages du Prado ayant pour l’occasion atteint le maximum de sa capacité.
Bibliographie
- Pierre-Louis Basse, Séville 82. France-Allemagne : le match du siècle, Paris, Éditions Privé, 2005.
- Paul Dietschy, Histoire du football, Paris, Perrin, 2010.
- Jean Christophe Meyer, « La réconciliation franco-allemande au prisme du football (1950-2015) », in Nicolae Paun, Sylvain Schirmann (ed.), Borders, Identities, Communities. The Road to Reconciliation and Partnership in Central and Eastern Europe, Actes du Colloque international de Berlin (avril 2015), Baden Baden, Nomos, 2016, p. 277-294.
Transcription
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