Face aux risques naturels
Face aux risques naturels
# Présentation
Le contraste est grand entre l'image de la Provence en particulier et de la Méditerranée en général - le soleil, la mer, la douceur du climat, la beauté de la nature - et la réalité d'un monde qui, de tout temps, a été caractérisé par les caprices et les aléas de ses éléments naturels ainsi que les catastrophes matérielles et humaines à répétition qu'ils n’ont pas manqué de provoquer. La nature est donc un atout, mais peut aussi constituer une contrainte. Le siècle qui vient de s'écouler a vu les hommes et les femmes essayer d'y parer par les moyens les plus divers. Ils ont notamment tenté de réduire les menaces des eaux et de tirer le meilleur parti des cours d'eau les plus importants, comme le Rhône, le Verdon et la Durance, en les aménageant, d'où les modifications importantes apportées à certains sites entraînant parfois même un basculement accéléré des activités locales. Un aléa naturel ne constitue en effet pas un risque en tant que tel et ne le devient que lorsqu’il frappe un territoire et des populations vulnérables ne faisant pas suffisamment preuve de résilience.
# Déchaînements
Le climat comme le relief sont, en Provence, pour le moins contrastés. La montagne n'est jamais très loin de la mer et sa présence indique bien que l'on se trouve dans une zone de rencontre de plaques continentales et donc de fragilité de l'écorce terrestre. Si la période la plus contemporaine n'a pas connu de séismes importants, la menace existe, elle est régulièrement agitée et le souvenir du tremblement de terre du 11 juin 1909, ayant secoué la région de Lambesc dans les Bouches-du-Rhône est régulièrement réactivé. Il a provoqué la mort de 46 personnes, fait plusieurs centaines de blessés et entraîné la destruction de plusieurs milliers de logements. Estimé à l’équivalent d’une magnitude de 6,2 sur l’échelle de Richter, il s’agit du plus fort tremblement de terre ressenti en France métropolitaine au cours du XXe et du début du XXIe siècle. Si un nouveau séisme intervenait aujourd’hui dans la même région les dégâts humains et matériels seraient bien plus graves, car l’urbanisation a depuis lors considérablement augmenté.
La presse s'est aussi inquiétée de ce qu'il adviendrait en cas de raz-de-marée. Consécutif à un violent séisme survenu au large de l’île de Sumatra, le tsunami du 26 décembre 2004 dans l’océan indien, qui a frappé les côtes de l’Indonésie, de la Thaïlande, du Sri Lanka et de l’Inde, a fait prendre conscience du danger encouru pour les milliers de kilomètres de côtes françaises. La France s’est donc dotée, en 2012, d’un centre national d’alerte aux tsunamis (CENALT), surveillant l’activité sismique sous-marine et côtière, notamment en Méditerranée occidentale. Bien que ces tsunamis soient rares la Côte d’Azur apparaît particulièrement exposée et en a connu un, limité, le 16 octobre 1979. Les travaux d'extension de l'aéroport de Nice en étaient la cause. Il a provoqué, outre d'importants dégâts, la mort de onze personnes. Un autre s’est produit, au siècle précédent, le 23 février 1887, sans faire de dégâts, à la suite d’un important séisme en Ligurie. La réitération d’un tel tremblement de terre à la frontière italienne laisserait à peine un quart d’heure pour réagir, c’est pourquoi la municipalité de Cannes a installé, en 2020, sur le sol de la ville une signalétique d’évacuation en cas d’alerte au tsunami après avoir organisé des exercices pour sensibiliser la population au risque.
Les violences du climat sont plus fréquentes. De fortes sécheresses affectent régulièrement la région. Celle de 1967 a menacé l'alimentation en eau d’une ville comme Toulon, avant que l'on apporte l'eau des Alpes de Provence au bas pays. Les étés 1976 et 1979 ont également été particulièrement chaud et sec en Provence. Mais la fréquence de ces sécheresses s’est nettement accrue depuis le début du XXIe siècle, en liaison avec le phénomène de réchauffement climatique. Les années 2015, 2016 et 2017 ont connu des saisons estivales battant, sur l’ensemble de la région, des records en termes de déficit de pluie.
Chaque été, la sécheresse, la faible teneur en eau des sols et les vents violents, conjugués aux facteurs anthropiques, provoquent leur lot d'incendies et de désolation, calcinant forêts, garrigues et maquis, qui mettent ensuite de nombreuses années à se reconstituer. Une baisse des incendies est certes constatée sur la longue durée, mais la capacité de résilience du milieu est amoindrie en cas de récurrence du feu au même endroit dans un laps de temps trop rapproché. La région est l'une des plus boisées de France et le Var est recouvert à près des deux tiers de forêts. Plusieurs milliers d'hectares partent chaque année en fumée, en particulier dans le Var et les Bouches-du-Rhône. Certains feux ont été plus spectaculaires que d'autres, parfois meurtriers. L'incendie de la Sainte-Victoire du 28 août 1989 a suscité l'émotion et une mobilisation rare. Il est vrai qu'il touchait un paysage emblématique de la Provence, et qu'il s'inscrivait dans un contexte d'extrême gravité puisque plus de 30 000 hectares ont été ravagés cette seule année dans la région.
En 1990, puis en 2016, le feu s’est attaqué avec une certaine intensité au massif des Calanques, autre fleuron du patrimoine paysager de la région, intégré, depuis 2012, au sein d’un parc naturel national ayant la particularité, unique en France, d’être en partie localisé dans l’espace périurbain. C'est toutefois durant l'été 1970 que le tribut humain le plus lourd a été payé, avec, en particulier, la mort de sapeurs-pompiers au Faron, près de Toulon, mais aussi d’autres personnes, dont la femme et les quatre enfants de l’écrivain Martin Gray, dans le massif du Tanneron dominant Mandelieu.
D'autres drames sont venus s'ajouter depuis, notamment dans le massif des Maures, avec là encore, à plusieurs reprises, la mort de combattants du feu. Du 21 au 25 août 1990, les flammes ravagent 23 000 hectares, dans les Bouches-du-Rhône et le Var, dont plus de la moitié dans les Maures. Après avoir pris aux portes de Marseille, le feu se dirige vers Cassis et atteint le lendemain le village de Collobrières, qu’il encercle durant trois jours. Puis en 2003, année de canicule, un autre gigantesque incendie, parti de Vidauban près de l’autoroute A8, dévaste plus de 10 000 hectares menaçant la commune de Roquebrune-sur-Argens à l’intérieur des terres, et celles en bord de mer de Saint-Aygulf et des Issambres. Malgré cette progression rapide de vingt-cinq kilomètres réalisée en seulement quelques heures, il ne fait heureusement aucune victime, mais détruit un village de vacances, un musée et une dizaine de maisons, alors que 8 000 riverains et estivants sont évacués. En 2017 ce sont les alentours de Bormes-les-Mimosas qui subissent l’attaque du feu obligeant encore davantage de touristes à se réfugier sur les plages et rendant en quelques heures le paysage des collines environnantes méconnaissable. Pour lutter contre ces incendies une base aérienne de la sécurité civile, avec ses bombardiers d’eau (12 Canadair, 9 Tracker et 2 Dash), est installée, de 1963 à 2017, sur l’aéroport de Marignane, avant d’être transférée sur celui de Nîmes-Garons. Quelques appareils sont maintenus dans les Bouches-du-Rhône en saison estivale, mais la Région souhaite qu’une autre base relais ouvre sur l’aéroport de Hyères-Toulon.
On n'imagine guère la Provence sous la pluie et dans le froid. Or la violence de l'une et la rigueur de l'autre sont des composantes régulières de son histoire, y compris à l'époque récente. Beaucoup de Provençaux se souviennent du mois de février 1956, de sa neige et du froid qui a détruit l'essentiel d'une oliveraie - 6 millions d'oliviers - qui était alors en grand déclin. Dans la nuit du 7 au 8 avril 2021, le gel, accompagné de vent, a cette fois dramatiquement touché la lavande, les arbres fruitiers et les vignes de la région. Des températures bien au-dessus des normales saisonnières en février et mars avaient en effet fait précocement démarrer le processus végétatif et ce refroidissement tardif n’a laissé aucune chance aux bourgeons, puisque le mercure est parfois tombé jusqu’à - 10°, si bien que le brassage d’air ou les feux de protection allumés de manière préventive n’ont pas suffi à éviter la catastrophe. Dans le Var et la vallée du Rhône de très nombreux propriétaires de vignobles ont perdu au petit matin la quasi-totalité de leur future récolte, et il en est de même pour les arboriculteurs de l’ensemble de la région, qui ne peuvent que constater les dégâts, souvent irrémédiables, sur les cerisiers, les pêchers ou les pommiers. Une nouvelle vague de froid, avec températures négatives, dans la nuit du 16 au 17 avril aggrave encore la situation. Le premier ministre Jean Castex annonce alors le déblocage, sur le plan national, d’un fonds de solidarité exceptionnel, qui s’ajoute à d’autres aides d’urgence au niveau régional. Au-delà de ces indispensables gestes circonstanciels, le dérèglement climatique à l’œuvre incite les pouvoirs publics et les professionnels à rechercher des moyens de s’adapter, sur le moyen et long terme, à ces gelées noires qui deviennent de plus en plus récurrentes au printemps en plantant par exemple des variétés fleurissant plus tardivement.
Dans une région où 20 % de la population, soit un million d’habitants, vit, selon une étude de l’INSEE, dans des zones potentiellement inondables, les tragédies les plus graves ont été provoquées par l'eau. La brutalité des orages, notamment en fin d’été et à l’automne, entraîne régulièrement la crue de cours d’eau, inondant et dévastant les localités qu'ils traversent, car leurs lits majeurs sont largement urbanisés. Ces épisodes méditerranéens résultent de la remontée vers le nord de masses d’air chaud gorgées d’humidité venant buter sur un relief montagneux et son air froid, se condensant et retombant sous forme de pluies torrentielles. C'est ce qui s'est produit le 22 septembre 1992 à Vaison-la-Romaine dans le Vaucluse provoquant une crue éclair de l’Ouvèze qui a tout emporté sur son passage et fait plus d’une trentaine de morts. Les risques naturels sont aggravés par une urbanisation croissante liée à l’augmentation de la population. Cette imprudence accroît l’impact de cet aléa climatique en le transformant en catastrophe, puisque l'on avait construit ou aménagé (en camping, en centre commercial) des terrains inondables.
Le réchauffement climatique en cours augmente la fréquence et l’intensité de ces pluies extrêmes. Dans le Var la décennie 2010 a vu se multiplier les épisodes méditerranéens causant la mort d’une cinquante personnes. L’événement le plus grave et le plus marquant a été, en juin 2010, les inondations survenues dans la région de Draguignan, à la suite de la crue de la Nartuby, qui ont fait plus d’une vingtaine de morts et provoqué de nombreux dégâts dans la basse vallée de l’Argens.
Les Alpes-Maritimes n’ont pas non plus été épargnées par les crues et les inondations aux conséquences tout aussi dramatiques. La pluviométrie annuelle de Nice est en effet supérieure à celle de Paris avec des précipitations concentrées sur quelques jours voire quelques heures. Dans la nuit du 3 au 4 octobre 2015 un violent orage s’abat sur le littoral des Alpes-Maritimes et transforme des fleuves côtiers, comme la Brague, en de véritables torrents dévastateurs. Le bilan humain, d’une vingtaine de morts, est dramatique et les destructions matérielles sont considérables. La responsabilité des décideurs est désormais de plus en plus souvent engagée, au point qu'il a fallu encadrer par la loi et le règlement leurs errements afin d'empêcher la prolifération de constructions dans les zones à risques.
Le 2 octobre 2020, la tempête Alex provoque dans le Var et surtout l’arrière-pays niçois un épisode méditerranéen, dont les pluies diluviennes dévastent des villages des vallées de la Roya ou de la Vésubie, et dans une moindre mesure de la Tinée ou de l’Esteron. En vingt-quatre heures, il est tombé sur le secteur de Saint-Martin-Vésubie 500 mm de cumul de pluie soit l’équivalent de trois mois de précipitations.
C'est la pluie qui est aussi à l'origine, le 2 décembre 1959, de la pire catastrophe que la région ait connue dans la période proche avec la rupture du barrage de Malpasset qui a entraîné le déferlement des flots dans la plaine de l'Argens et le désastre dans les quartiers bas de la ville de Fréjus. Des pluies diluviennes depuis plusieurs jours, un barrage qui, depuis sa mise en eau, n'avait jamais été rempli, des travaux aux alentours qui ont peut-être fragilisé la structure de la retenue, une solution technique audacieuse (et qui sera abandonnée par la suite), ces divers éléments se sont combinés pour aboutir à un drame qui a fait 423 victimes et ému la France entière.
Les pluies de Fréjus étaient des pluies d'automne, les principales dans le climat méditerranéen. Il leur arrive, assez régulièrement, de provoquer des crues. Les plus redoutables sont celles du Rhône et de ses affluents. En novembre 1840, puis en mai 1856, le fleuve connaît ses deux crues majeures du XIXe siècle. Depuis longtemps, les hommes ont essayé de s'en protéger, mais c'est assez récemment qu'une ville comme Avignon peut y échapper grâce à la régularisation du fleuve par l'escalier de barrages qui en maîtrise le cours. En aval, dans le delta de la Camargue, l'eau et la terre se confondent, mais, derrière, cette apparente imbrication, il y a tout un système de régulation aux origines anciennes puisque les travaux n'ont pas cessé entre le XIIe et le XIXe siècle. C'est en 1869 que les bras actifs du Rhône sont complètement endigués. Cependant, les digues du Petit Rhône ont cédé après de fortes pluies, en octobre 1993. Les inondations qui en ont résulté et celles de janvier 1994 ont remis sur le tapis la question d'une gestion coordonnée de l'ensemble, mais les crues catastrophiques du début décembre 2003, principalement à Arles, ont montré que le problème n'avait pas été totalement résolu.
# Aménagements
Le plus souvent, les aménagements de cours d'eau permettent, comme sur le Rhône, de régulariser les débits, de "lisser" la montée des flots et de pourvoir aux besoins des populations. La loi du 27 mai 1921 dite « loi Rhône » approuve un programme de travaux d’aménagement du fleuve pour faciliter la navigation, favoriser une utilisation de l’eau à destination de l’agriculture et produire de l’hydroélectricité. Créée en 1933, la compagnie nationale du Rhône (CNR) est chargée, par concession, de ces aménagements. En 1952 est mis en service l’impressionnant barrage de Donzère-Mondragon, construit sur le canal éponyme parallèle au Rhône, à Bollène dans le Vaucluse. Dans la région, les plus spectaculaires de ces aménagements ont toutefois concerné la Durance et le Verdon au point de les transformer en château d'eau pour une population de Basse Provence littorale qui ne cesse de croître et qui, ainsi pourvue, ne mesure plus assez combien l'eau, ici, reste une ressource rare.
L'aménagement du Verdon et de la Durance s'est en fait étalé sur un siècle. Dès le XIXe siècle, leurs eaux ont commencé à être dirigées vers les villes mal approvisionnées des Bouches-du-Rhône. Le canal de Durance, dont le parcours est marqué par le spectaculaire aqueduc de Roquefavour (Ventabren, 1847), pourvoit aux besoins de Marseille. Un peu plus tard, avec la première retenue de Quinson, le Verdon met la ville d'Aix-en-Provence à l'abri de la pénurie. Mais c'est bien évidemment dans la deuxième moitié du XXe siècle que l'essentiel est réalisé. La loi du 5 janvier 1955 est l'étape décisive pour l'aménagement de la Durance. En aval du barrage-usine de Serre-Ponçon, onze autres installations hydroélectriques barrent son cours : Sisteron, Salignac, L'Escale, Oraison, La Brillane, Manosque, Sainte-Tulle, Cadarache, Jouques, Mallemort. La dernière de ces installations, à Saint-Chamas, est mise en eau en 1966. Elle est située sur la dérivation de la Durance qui reprend le tracé de son ancien cours, non sans poser quelques problèmes à l'Étang de Berre, comme on le dira un peu plus loin. L'aménagement du Verdon, commencé comme celui de la Durance, avant la Deuxième Guerre mondiale, s'est accéléré après 1945 avec les crédits du Plan Marshall mis en œuvre par les États-Unis pour le rétablissement de l’Europe. Le barrage de Sainte-Croix en a été la pièce maîtresse, mais il est complété en amont et en aval par d'autres installations. Les barrages de Castillon (1949) et Chaudanne (1952) l'ont précédé. Il a été suivi par la retenue de Gréoux (lac d'Esparron-du-Verdon) en 1967 et par le deuxième barrage de Quinson en 1975 (lac de Montpezat).
Ces aménagements ont complètement transformé les vallées en accélérant leur basculement de l'agriculture vers les activités liées aux loisirs. À dix ans d'intervalle, la même transformation s'est opérée en aval d'Embrun avec le lac de Serre-Ponçon et au débouché du canyon du Verdon avec celui de Sainte-Croix. Témoignent de cette transformation les localités de Savines, dans les Hautes-Alpes, et des Salles, dans le Var, toutes deux reconstruites sur les bords de la retenue ainsi créée, alors que le village d'origine était recouvert par les eaux et, avec lui, fermes et champs. Dans les deux cas, le tourisme d'été, qui n'était pas l'objectif premier de la construction de ces barrages, est devenu la ressource principale. L'environnement et la fréquentation des lieux en ont été totalement modifiés.
Le barrage de Sainte-Croix et les aménagements du Verdon sont étroitement liés à la construction du Canal de Provence.
# "Eici, l'aigo es d'or"
« Ici l’eau est or » : il n'y a pas de formule plus banale en Provence. Elle rappelle une vérité élémentaire qui caractérise toutes les sociétés méditerranéennes. En la conjurant, le Canal de Provence contribue dans le même temps à la faire oublier à une population qui ne sait plus ce que la rareté de l'eau veut dire. Et pourtant...
Le Canal de Provence a été une réalisation de longue haleine. Son histoire commence en 1957, le 11 juillet, par la création de la société d'études du même nom par diverses collectivités, en particulier la ville de Marseille et les départements des Bouches-du-Rhône et du Var, plus les chambres d'agriculture et l'État. La société d'économie mixte qui en est issue le 29 septembre 1959 obtient la concession des travaux et aménagements hydrauliques et agricoles du bassin de la Durance le 15 mai 1963. Les travaux qui en résultent s'effectuent en trois tranches. La première, entre 1964 et 1969, alimente le secteur dit de Marseille-Nord qui couvre les besoins d'Aix-en-Provence, via le barrage de Bimont, et ceux de l'Étang de Berre, notamment des installations industrielles de la zone. La deuxième tranche (1969-1976) dont le démarrage est accéléré par la sécheresse de 1967 pourvoit aux besoins du littoral varois et, tout particulièrement, de la ville de Toulon où son eau arrive en 1975.
Le canal maître, partagé par EDF et la Société du Canal de Provence (SCP), part de Gréoux, se divise au niveau de Rians en deux branches, puis se subdivise à Pourcieux entre les branches Marseille-Est et la branche toulonnaise qui elle-même dessert l'Est et l'Ouest de l'agglomération. La troisième tranche (1976-1982) assure l'approvisionnement de Marseille-Est. Un système de régulation automatisé, dit "à la demande" et "à niveau aval constant", est commandé à partir du PC du Tholonet, près d’Aix-en-Provence, qui sert également de siège à la société. La Société du Canal de Provence contrôle 150 km de canaux, autant de galeries souterraines passant sous les reliefs. Outre l'approvisionnement des villes en eau, elle permet l'irrigation de 55 000 hectares de terres agricoles et dessert un demi-millier d'entreprises selon une tarification qui varie en fonction de l'utilisateur. Forte de son expérience, la Société du Canal de Provence a étendu son domaine dans la région. Elle gère les eaux du Calavon sur le versant nord du Luberon, ainsi que celles du canal de Manosque et celles du barrage-réservoir de Saint-Cassien, au nord de l'Esterel, qui concerne la basse vallée de l'Argens (avec son affluent, le Reyran). Pour répondre aux besoins grandissants de l'Est varois, en particulier en été, ce réseau a été relié au réseau du Canal de Provence par 100 km de nouvelles canalisations. Cette liaison hydraulique, baptisée « Verdon Saint-Cassien Sainte-Maxime », a été réalisée en deux étapes et inaugurée en 2019. De 2010 à 2013 une adduction souterraine de 75 km a été construite entre Tourves et Roquebrunne-sur-Agens, permettant notamment de sécuriser l’approvisionnement des villes de Fréjus et Saint-Raphaël. Puis de l’été 2015 à la fin de l’année 2016 une seconde canalisation souterraine de 25 km a été posée de Vidauban à Sainte-Maxime dans le golfe de Saint-Tropez. Lors de la sécheresse de 2003, les autorités locales ont pris conscience de la difficulté de leur réseau à faire face à une situation de crise, cherchant depuis lors une solution plus pérenne.
La Société du Canal de Provence exporte aussi son savoir-faire en matière de maîtrise de l'acheminement des eaux autour du bassin méditerranéen. Cette coopération interméditerranéenne mérite d'être soulignée. Le premier contrat a été obtenu en Grèce pour l'approvisionnement d'Athènes à partir du barrage du Mornos, situé 200 km plus au Nord.
# Pour continuer le chemin dans l'aménagement et la protection de l'environnement
# Bibliographie
- « Des hommes et des risques. Menaces locales, menaces globales », La documentation photographique, n° 8113, septembre-octobre 2016.
- Estelle Bonnet-Vidal, Séismes en Provence : Du tremblement de terre de Lambesc de 1909 à la Provence sismique d’aujourd’hui, Nice, Éditions Campanile, 2009.
- Jérôme Caray et Bruno Terseur, « Un million d’habitants vivent en zone inondable », INSEE Analyses PACA, n° 65, Octobre 2018. https://www.insee.fr/fr/statistiques/3614748#titre-bloc-1
- Georges Pichard et Émeline Roucaute, Sept siècles d’histoire hydroclimatique du Rhône d’Orange à la mer (1300-2000) : climat, crues, inondations, Aix-en-Provence, Publications de l’Université de Provence, 2014. Constitue un numéro hors-série de la revue Méditerranée.
- Yvette Veyret et Richard Laganier (dir.), Atlas des risques en France. Prévenir les catastrophes naturelles et technologiques, Paris, Autrement, 2013.