Une nuit de déluge s'est abattue sur les habitants de la Côte d'Azur
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Résumé
Dans les Alpes-Maritimes, de forts orages ont éclaté, provoquant des inondations dévastatrices. Des habitants de Cannes, d'Antibes, de Nice ou de Biot témoignent de la violence des événements et des dégâts causés par les trombes d'eau qui ont transformé les rues en véritables rivières. Les secours ont cherché toute la nuit les personnes isolées. Les victimes sont accueillies dans des centres d'hébergement d'urgence.
Date de diffusion :
04 oct. 2015
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Contexte historique
ParDocteur en Histoire contemporaine, Post-doctorant à Aix-Marseille Université
En France métropolitaine les inondations constituent le premier risque naturel par l’importance des dégâts matériels et humains qu’elles provoquent, loin devant les séismes, les éruptions volcaniques et même les tempêtes et les incendies. Ces épisodes pluvieux récurrents n’épargnent pas, loin s’en faut, le Sud-Est de la France. Menton, Nice, Cannes et d’autres cités de la Côte d’Azur ont pourtant construit depuis au moins le XIXe siècle leur réputation de station touristique balnéaire sur les bienfaits incomparables de leur climat. Cette douceur hivernale permet à toute une clientèle fortunée du Nord de l’Europe de s’abstraire pour quelques semaines ou plusieurs mois de la rigueur climatique de leur pays d’origine. Dominés par les hivernants britanniques, ces hôtes de marque viennent soigner d’octobre à avril sur la French Riviera diverses pathologies. La reine Victoria elle-même effectue des séjours successifs à Menton, Cannes, Grasse puis Nice au cours des décennies 1880 et 1890. Par la suite, lorsque le tourisme estival devient prépondérant, l’attrait du soleil (héliotropisme) rejoint celui de la mer (balnéotropisme) comme moteur principal de villégiature sur la Côte d’Azur.
Or la pluviométrie annuelle d’une ville comme Nice (767 mm) est supérieure à celle de Lille (687 mm), de Paris (642 mm) ou de Strasbourg (610 mm). D’intenses épisodes pluvieux se produisent donc très régulièrement avec à la clé de funestes conséquences pour les habitants du littoral azuréen. Ils prennent parfois une dimension catastrophique en raison des aménagements liés à l’essor démographique et économique à partir de la fin du XIXe siècle. Le 24 janvier 1872 au soir, après deux semaines de pluies ininterrompues, un pont de chemin de fer situé près d’Antibes est par exemple emporté sous l’effet conjugué des tumultueux flots du fleuve côtier de la Brague et d’énormes vagues venues de la mer. Le train en provenance de Menton et à destination de Marseille tombe presque entièrement dans le vide, ce qui entraîne la mort de plusieurs personnes et fait de nombreux blessés graves. Dix ans après la catastrophe de la Brague, de nouvelles pluies torrentielles sont à l’origine, en octobre 1882, d’autres dégâts considérables répartis sur tout le littoral méditerranéen. A Saint-Raphaël sept des neuf navires présents au port ont été détruits. A Cannes les ruisseaux, ou vallons selon l’appellation locale, de la Foux et du Châtaigner grossis par les pluies torrentielles débordent et se répandent dans de nombreuses rues et maisons de la ville. La voie ferrée Marseille - Vintimille est emportée à hauteur de la Bocca, la jetée de Cannes est en partie détruite et plusieurs victimes sont à déplorer. Une inondation similaire survenue en 1825 avait fait beaucoup moins de dégâts car la vallée du Cannet n’était alors qu’une vaste campagne sans constructions d’aucune sorte, se transformant temporairement en lac avant que les eaux ne s’évacuent progressivement vers la mer.
Au cours du XXe siècle, cette artificialisation des sols s’intensifie sous l’effet de l’urbanisation (lotissements parfois construits en zone inondable) et de l’avènement de la société de consommation (immenses zones commerciales construites sur d’anciens marécages), alors que le développement du tourisme engendre, avant la création du conservatoire du littoral en 1975, le bétonnage de la Côte d’Azur, dont témoigne par exemple l’édification à partir de la fin des années 1960 de Marina Baie des Anges à Villeneuve-Loubet.
Dans la nuit du 3 au 4 octobre 2015, sous l’effet d’un violent orage une nouvelle inondation majeure survient dans plusieurs localités des Alpes-Maritimes, telles Mandelieu-la-Napoule, Cannes, Vallauris, Antibes ou Biot et dans une moindre mesure Nice. Comme par le passé le fleuve côtier de la Brague et d’autres cours d’eau se sont transformés, durant plusieurs heures, en de véritables torrents balayant inexorablement sur leur passage tout ce qui se trouvait dans leur lit majeur. Face au bilan matériel et humain dramatique s'établissant à une vingtaine de morts, le président François Hollande et son ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve se rendent sur place pour tenter de réconforter les sinistrés et annoncent la reconnaissance dans la semaine, par arrêté ministériel, de l’état de catastrophe naturelle pour les communes victimes de ces terribles inondations. Par cette procédure, l’État permet aux assurés de bénéficier à titre exceptionnel de l’indemnisation de dégâts non couverts par leur contrat d’assurance au motif qu’ils ont subi des « dommages matériels ayant pour cause déterminante l’intensité anormale d’un agent naturel ». Face à la nette augmentation des catastrophes naturelles en France depuis une vingtaine d’années, dans un contexte de dérèglement climatique, l’État a également une action préventive consistant à subventionner de manière croissante les travaux engagés par les collectivités territoriales pour se prémunir des crues (bassins de rétention des eaux de pluie) et autres risques naturels.
Bibliographie
- Marc Boyer, L’invention du tourisme, Paris, Gallimard, 1996.
- Ralph Schor (dir.), Dictionnaire historique et biographique du Comté de Nice : hommes et événements, droit et institutions, art et culture, lieux de mémoire, Nice, Serre, 2002.
- Yvette Veyret et Richard Laganier (dir.), Atlas des risques en France. Prévenir les catastrophes naturelles et technologiques, Paris, Autrement, 2013.
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Laurent Delahousse
Voilà pour les titres.Bonsoir à tous. Il y a 24 heures exactement, le déluge commençait, des orages violents éclataient au-dessus de Cannes, de Biot, d’Antibes ou encore de Valbonne.Des pluies extrêmement intenses qui ne cesseront que trois heures plus tard.Un samedi soir qui allait se transformer en cauchemar pour des milliers d’habitants de la Côte d’Azur.On fait un premier point avec Stéphanie Perez et nos équipes sur place.
Stéphanie Perez
Le déluge, il est 20 heures à Cannes.Soudain, la principale rue commerçante se transforme en torrent, que rien ne semble pouvoir arrêter.L’orage vient juste de s’abattre.Les eaux montent brusquement
Regarde, regarde !
Stéphanie Perez
Sous le regard affolé et impuissant des habitants.
(Bruit)
Stéphanie Perez
Du côté d’Antibes, c’est ce cours d’eau, la Brague, qui sort de son lit avec une violence inouïe.Des centaines de personnes se retrouvent prises au piège chez elles.
Interviewé 1
On a vu l’eau monter très très rapidement et le temps de faire notre sac, on ne pouvait plus ouvrir les portes.Comme on était au rez-de-chaussée, on a un peu eu peur, ça nous a rappelé le drame de la Seyne-sur-Mer.Donc, on a défoncé les volets à coups de marteau pour sortir avec le chat.Donc voilà, on est allés se réfugier à l’étage chez les voisins.
Interviewé 2
On a vraiment vu l’apocalypse.On a surtout vu deux personnes se faire emporter tout au début du débordement de la Brague.Le courant était d’une violence vraiment extrême.On a entendu des cris de détresse très longtemps, je ne pouvais rien faire, je n’avais pas de corde, rien, c’était terrible quoi.
Stéphanie Perez
L’eau s’engouffre partout avec fracas dans les immeubles, les parkings souterrains, comme ici à Nice sous le Palais des Congrès.Cette voiture essaye de se frayer un chemin pour sortir avec la plus grande difficulté.Des dizaines d’automobilistes sont coincés.Certains ont juste le temps d’abandonner leur voiture, la peur au ventre.
Interviewée 1
Je me suis engagée et l’eau a monté jusque-là.
Journaliste
Vous étiez en voiture ?
Interviewée 1
Oui j’étais en voiture, la Clio qui est là, et là, comment… j’ai cru mourir.
Interviewé 3
Le véhicule a été emporté, il s’est posé là et donc on a été obligé de sortir par la fenêtre parce que l’eau montait plus haut que les vitres.
Stéphanie Perez
Les secours sont débordés.Les camions de pompiers eux-mêmes ont du mal à circuler.Les renforts arrivent de toute part.
(Bruit de sirène)
Stéphanie Perez
Des hélicoptères effectuent des vols de reconnaissance, des patrouilles font du porte-à-porte.
Pompier
On vient voir si tout va bien.
Stéphanie Perez
Il faut localiser au plus vite les personnes en difficulté, dans le noir, il n’y a plus d’électricité.Certains surgissent dans la nuit en robe de chambre, hagards, désorientés.A Biot, cette femme vient juste d’être sauvée.Elle a été emportée par les eaux en ouvrant sa porte.
Interviewée 2
Je me suis pris des branches, des arbres, presque une voiture dessus, qui était emportée.Je suis restée facilement une heure et demie dans l’eau.En une fraction de seconde, j’ai failli me noyer.Là, je suis un peu choquée parce que je reviens de loin quand même.
Stéphanie Perez
Une nuit sans fin. En une heure, il est tombé par endroits l’équivalent d’un mois de pluie, parfois 1,50 mètre d’eau.Par sécurité, ceux-là choisissent finalement de rejoindre un centre d’hébergement d’urgence.
Interviewée 3
On est montés à l'étage, et puis là il faut ré-évacuer, parce qu'il faut qu'on aille dans une école, ou je ne sais pas où.
Stéphanie Perez
Un peu de calme et de réconfort enfin, mais cette nuit de frayeur, il faudra certainement du temps pour l’oublier.
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