Brésil : Résistance Fort Santo Antonio

02 mai 1995
04m 11s
Réf. 00301

Notice

Résumé :

A Bahia des associations dont le GCAP se préoccupent des enfants miséreux en les faisant participer à des cours de danses traditionnelless, dont la capoeira. D'origine africaine, angolaise plus particulièrement, cette danse assimilée aux arts martiaux, initialisée par les esclaves se pratique au son d'un instrument d'origine bantou le berimbau. Le reportage nous ouvre les portes d'une école, dirigée par Maitre Moraes, où les enfants s'entrainent aux figures de la capoeira puis nous entraine chez un musicien fabricant de berimbau.

Type de média :
Date de diffusion :
02 mai 1995
Source :
RFO (Collection: JT Martinique )
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Thèmes :

Éclairage

Alors que la capoeira modernisée, promue par les élèves de Bimba, des maîtres de Bahia comme Carlos Senna et les autorités sportives du pays, domine au Brésil et à l'exportation, le Bahianais Moraes, alors militaire en poste à Rio de Janeiro, fonde en 1980 un groupe, le GCAP, qui se transportera bientôt à Salvador. Il se différencie des styles de capoeira courants par un discours fortement ethnique et combatif, qui s'oppose à l'idée, prédominante jusque là, de la fusion progressive et cordiale des « trois races » du Brésil.

Il adopte l'uniforme jaune et noir inventé par maître Pastinha et l'affirmation que la capoeira est une survivance d'un jeu venu d'Afrique dans les navires négriers. Surtout, le GCAP réhabilite et met en avant ce que l'évolution vers le sport et vers le spectacle avait condamné : le jeu lent et rusé avec un style de mouvement nègre qui refuse l'esthétique du ballet et de la gymnastique.

En butte à l'hostilité des autres groupes, la capoeira angola renouvelée montre sa vitalité en se développant en groupes et en tendances, et finit par s'imposer comme un des styles majeurs, dans lequel les capoeiristes de toutes origines viennent pêcher des éléments.

La capoeira angola moderne fondée par Moraes, professeur d'anglais de son métier, est un processus d'éducation. À ce titre, elle a fait l'objet de plusieurs études universitaires, au Brésil et ailleurs.

Pol Briand

Transcription

(Musique)
Journaliste
A Salvador, ville de 2 300 000 habitants, on compte plus de 15 000 enfants de la rue, sans domicile fixe et plus de 100 000 enfants non scolarisés viennent dans la rue gagner leur vie.
(Musique)
Journaliste
La drogue est devenue un fléau à Salvador. Plusieurs associations essaient d’amener ces enfants à réintégrer l’école et la famille. L’une d’elles, le GCAP, est une école de capoeira, la lutte traditionnelle des noirs au Brésil. Par ce sport, l’enfant acquiert équilibre et maîtrise de soi et découvre ses origines.
(Musique)
Journaliste
La capoeira a toujours été un moyen de résistance. Sous couvert d’une danse et sans jamais porter les coups, les esclaves s’entraînaient à cet étrange karaté venu d’Angola. Cette lutte devait, le jour de leur fuite, leur permettre de se battre pour de bon.
(Musique)
Journaliste
Le maître Moraes est convaincu que l’esclavage existe encore aujourd’hui mais sous d’autres formes et que la capoeira donne aux noirs les moyens de lutter.
Moraes
A travers la capoeira, le peuple noir peut prendre une revanche sur l’histoire. En la pratiquant, on commence à discuter de la façon dont elle est arrivée au Brésil. On découvre qu’elle est arrivée avec le peuple noir qui a été séquestré en Afrique par les colonisateurs, et que c’est ce peuple qui a ramené la capoeira dans le ventre des navires négriers. La résistance du peuple noir commence à s’exprimer à partir du moment où l’on apprend cette histoire. A travers la capoeira commence aussi la lutte pour la citoyenneté et la liberté.
Journaliste
Le GCAP s’est installé dans le fort de Santo Antonio, une ancienne prison où étaient détenus les esclaves, puis les prisonniers politiques à l’époque du régime militaire. Ce lieu symbolique est devenu le refuge de plusieurs associations culturelles revendiquant l’héritage africain.
(Bruit)
Journaliste
Dans une ancienne cellule, Lourival, considéré comme le meilleur fabriquant de berimbau de Salvador a installé son atelier. Le berimbau, un instrument monocorde d’origine bantou. Lourival a connu des jours meilleurs. Très bon musicien, il est parti tenter sa chance en Europe, maintenant il vit ici avec son fils.
(Musique)
Journaliste
Dans cette ancienne prison, une vingtaine de squatters a élu domicile: le fort de Santo Antonio est un des derniers bâtiments du centre ville qui n’a pas été rénové. La mairie de Salvador a menacé d’expulser ses occupants pour mener à bien ces travaux. Le maître de capoeira, lui, ne partira pas sans lutter.
Moraes
Nous allons lutter politiquement pour rester ici. Nous allons lutter car un capoeiriste, aujourd’hui, est prêt à lutter politiquement, la lutte physique en dernière limite.
(Silence)