Etoile Palace démonstration de Lindy hop Frankie Manning
Notice
Sur le plateau de "Etoile Palace", Frédéric Mitterrand reçoit, en présence de la danseuse Cyd Charisse, le chorégraphe Frankie Manning. Après avoir fait une démonstration de lindy hop avec sa partenaire, le danseur évoque le temps du Savoy à New York où il dansait accompagné des plus grands orchestres de jazz, de Duke Ellington, Count Basie...Il y évoque l'atmosphère joyeuse "le monde des pieds heureux" malgré la crise d'alors.
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Éclairage
Le rock a une très longue histoire qui commence en 1927, lorsque Lindbergh traverse l'Atlantique. Le New York Times titre alors : « Lindy hoped the Atlantic ». Au même moment, au Savoy Ballroom, dancing réservé aux Noirs, à Harlem (NY City), une nouvelle danse est en train de naître. D'extraordinaires danseurs noirs et leurs partenaires pratiquent une danse de couple qui n'est pas toujours en couple fermé, mais qui s'ouvre souvent, donnant lieu à des cabrioles et à toutes sortes de jeux de jambes. Une équipe de très bons danseurs se prête ainsi à des compétitions, s'observant les uns les autres, tentant chaque fois de surpasser les copains en inventant de nouvelles figures, les plus extraordinaires possible.
Un journaliste observe la scène et demande à Snowy, un des danseurs de ce groupe, le nom de la danse : Snowy lance au hasard : « Lindy-hop ! ». Et la danse est nommée ! Elle envahira le monde entier, donnant de très nombreux rejetons, encore aujourd'hui.
Ce sont tous des amis. Un autre danseur est là. Celui-ci s'appelle Frankie Manning (1914-2009). C'est lui que vous verrez danser dans cet extrait vidéo, à l'âge de soixante-seize ans ! Il est postier dans la ville, et fou de danse avec sa partenaire Norma Miller. C'est lui-même qui, lors d'une longue interview, nous a très précisément expliqué comment s'était déroulée la création de LA première acrobatie.
Observant ses amis, il remarque que l'un d'eux, pour se distinguer, sort de piste sur le dos de sa partenaire. Oh ! Quelle bonne idée ! Il propose donc à sa partenaire de faire de même. Norma lui précise qu'il n'est pas question qu'elle se livre à une telle exhibition. Mais à force de travailler sur cette idée, leur vient celle de faire passer Norma par-dessus Frankie tout en dansant. Et les acrobaties naissent ainsi, dans le petit appartement où ils préparent leurs chorégraphies dans le plus grand secret. Frankie choisit les dernières secondes du dernier round et affole toute l'assistance. Cela prend alors le nom de figures « aériennes ». Ils sont, évidemment, très vite imités, avant d'être désignés comme étant les créateurs de ce que l'on nomme aujourd'hui le rock acrobatique.
Ce lindy-hop eut donc de nombreux rejetons au fil des années, déjà du fait que les Blancs se l'approprièrent, mais sous d'autres appellations, évidemment. Ce furent : le jerrybug, le jitterbug, le be-bop à Saint-Germain-des-Prés. Mais aussi le rock'n'roll à Lyon, le jive en Angleterre et le boogie-woogie en Allemagne. Sans compter le west-coast swing, chaque dérivé du grand-père revenant régulièrement à la mode, par alternance.
La réduction verbale « rock » est très française, comme l'est aussi la façon française de danser le rock : en six temps sur une mesure et demie de quatre temps ! Alors que, à l'origine, tous ces innovateurs dansaient parfaitement en rythme, accordant une primauté très large au rythme et à la musique. Dans ce cas précis, les Français ont tenté de faire du métissage, ou du commerce, mais ils se sont lourdement trompés.
Enfin, lorsqu'il y a acrobaties, cela s'appelle le rock acrobatique, divisé en deux styles : les jeux de jambes et les acrobaties à proprement parler. Une fédération internationale gère toutes les compétitions du monde dans ce type de danse, comme d'autres fédérations gèrent la danse sportive en général.
Pour donner quelques informations sur les pas et sur les rythmes, disons que les danseurs de ces styles utilisent basiquement deux pas : le balancé (pas marché = branle simple = deux poses de pieds sur deux temps musicaux) et le pas chassé (piétiné = branle double = trois appuis sur deux temps). Donc, rien de nouveau à signaler. Ce sont les façons d'utiliser ces pas, les dynamismes choisis et développés, les accents, l'utilisation de l'espace, les vitesses, et les postures qui vont créer des différences appelées des styles.
Musicalement parlant, le choix est logiquement restreint, évidemment. Seules les qualités musicales, artistiques et sportives des danseurs et des danseuses vont attirer le regard et passionner, ou nous faire tourner la tête pour admirer un autre couple. Voici les rythmes de base utilisés dans ces styles, tout en sachant que les grands danseurs peuvent en jouer à l'infini, comme des pianistes qui improvisent avec leurs deux mains. Mais l'on retrouve tous les ingrédients déjà vus.
Rock en 4 temps ou street rock
Rock en 6 temps (rock populaire)
très dansé et encore enseigné
Rock en 8 temps (lindy-hop),
le pas d'origine
Interprétation ternaire supposée
Remarquez enfin l'interprétation ternaire supposée, qui vient du jazz né en même temps.