Juste la fin du monde à la Comédie-Française

27 avril 2008
02m 04s
Réf. 00026

Notice

Résumé :

L'entrée au répertoire de la Comédie-Française de Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce, dans la mise en scène de Michel Raskine créée en 2008, est l'occasion de souligner la place accordée par cette institution nationale aux écritures contemporaines. Courts extraits du spectacle et interviews de Muriel Mayette, administrateur général, et de Laurent Stocker, sociétaire.

Date de diffusion :
27 avril 2008
Source :
A2 (Collection: 20 heures )
Fiche CNT :

Éclairage

En 2008, Michel Raskine met en scène à la Comédie-Française Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce et marque ainsi l'entrée au répertoire de l'auteur disparu en 1995. La grande proximité historique de l'écriture de la pièce (1990) contraste avec l'image séculaire de l'institution. Le reportage, diffusé lors du Journal de 20h du 27 avril 2008, revient sur la vie interne de ce théâtre national dont la vocation ne consiste pas tant à préserver un patrimoine dramaturgique qu'à faire connaître un répertoire toujours en évolution.

Au début de la pièce, Louis (interprété par Pierre-Louis Calixte) décide de revenir auprès de sa famille pour lui annoncer sa mort prochaine. Sa visite devient l'occasion pour ses proches de tenter d'obtenir « le fin mot des histoires ». Lorsque les retrouvailles s'achèvent, aucun conflit n'aura été résolu. Louis s'en va sans avoir dit un mot de sa disparition imminente.

Muriel Mayette, administrateur général de la Comédie-Française, revient sur l'existence du comité de lecture interne qui décide de l'entrée au répertoire de certains textes contemporains. Les quelques œuvres élues doivent être en mesure de tenir tête aux « fantômes » de l'auguste maison. Laurent Stocker, sociétaire de la Comédie-Française depuis 2004, joue le rôle d'Antoine, le frère de Louis. Il s'agit de son premier rôle contemporain en tant que membre de la troupe. Souhaitant battre en brèche les clichés concernant les Comédiens-Français, il insiste sur la façon dont toute l'institution s'inscrit dans la pratique théâtrale contemporaine.

La création du spectacle met en avant la proximité de l'œuvre dans le temps comme dans l'espace : la scénographie de Stéphanie Mathieu procède à l'aménagement de la Salle Richelieu en installant notamment un proscénium qui avance dans l'orchestre. La mise en scène joue constamment avec la théâtralité propre à l'ensemble des pièces de Jean-Luc Lagarce. Cette entrée au répertoire remporte un grand succès public en dépit de la « difficulté » des thèmes et de l'écriture en jeu (notons que le commentaire mentionne la maladie du sida comme étant l'un des sujets de la pièce alors que le texte ne précise pas le mal dont est atteint le personnage de Louis). L'histoire de la Comédie-Française et de son répertoire sont donc toujours en train de s'écrire.

En 2008, le spectacle devient lauréat du « Molière théâtre public ». La même année, Laurent Stocker est nommé pour le « Molière du comédien dans un second rôle ».

Marie-Isabelle Boula de Mareuil

Transcription

Présentateur
A la veille de la cérémonie des Molières, nous avons choisi ce soir de nous intéresser à la Comédie-Française, présente avec trois nominations cette année notamment avec une pièce contemporaine ; car, contrairement aux idées reçues, le répertoire de cette institution n’est pas forcément classique. Abdel Mostefa et Marie Kro.
Journaliste
Une fin d’après-midi d’avril 2008 dans une institution née sous Louis XIV. Au détour d'un couloir des costumes d’époque et un peu plus loin, un comédien qui se remet son texte en bouche, une heure avant le spectacle.
Laurent Stocker
… Et moi il faut que j’écoute et je ne saurai jamais ce qui est vrai et ce qui est faux, la part du mensonge. Et moi il faut que j’écoute et je ne saurai jamais ce qui est vrai et ce qui est faux, la part du mensonge. Tu es comme ça…
Journaliste
Laurent Stocker est nommé aux Molières pour ce rôle. Belle surprise, d’autant plus que c’est la première fois qu’il joue du contemporain à la Comédie-Française, cette institution parfois caricaturée.
Laurent Stocker
On n’arrive pas en jouant comme ça, comme on imagine les acteurs de la Comédie-Française, non. On joue, on joue, on a nos corps du XXIème siècle, on est des êtres humains du XXIème siècle et on répète et on travaille comme répètent et travaillent d’autres compagnies sauf qu’on est 60 acteurs et il y a 400 salariés.
Comédien 1
Je savais que tu serais ainsi à m’accuser sans mot.
Journaliste
Jean-Luc Lagarce et sa pièce Juste la fin du monde écrite dans les années 90, font donc leur entrée officielle à la Comédie-Française, aux côtés d’auteurs les plus prestigieux. Chaque année de nouveaux textes choisis par le comité de lecture s’ajoutent aux 3000 que compte le répertoire. Parmi ces œuvres, beaucoup de classiques et quelques contemporains triés sur le volet.
Muriel Mayette
Ici on est quand même dans un théâtre à l’italienne, il y a le poids du velours, des dorures. Et donc il faut trouver des textes forts qui résistent à toute cette histoire, à tous ces fantômes alors quand ça marche… Oui, oui, c’est une récompense merveilleuse.
Journaliste
Et depuis le début, cette pièce pas facile qui parle de famille et de SIDA affiche souvent complet. Jolie récompense pour une vieille maison qui ne veut surtout pas rester figée.