Juste la fin du monde à la Comédie-Française
Notice
L'entrée au répertoire de la Comédie-Française de Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce, dans la mise en scène de Michel Raskine créée en 2008, est l'occasion de souligner la place accordée par cette institution nationale aux écritures contemporaines. Courts extraits du spectacle et interviews de Muriel Mayette, administrateur général, et de Laurent Stocker, sociétaire.
- Europe > France > Ile-de-France > Paris > Comédie-Française
Éclairage
En 2008, Michel Raskine met en scène à la Comédie-Française Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce et marque ainsi l'entrée au répertoire de l'auteur disparu en 1995. La grande proximité historique de l'écriture de la pièce (1990) contraste avec l'image séculaire de l'institution. Le reportage, diffusé lors du Journal de 20h du 27 avril 2008, revient sur la vie interne de ce théâtre national dont la vocation ne consiste pas tant à préserver un patrimoine dramaturgique qu'à faire connaître un répertoire toujours en évolution.
Au début de la pièce, Louis (interprété par Pierre-Louis Calixte) décide de revenir auprès de sa famille pour lui annoncer sa mort prochaine. Sa visite devient l'occasion pour ses proches de tenter d'obtenir « le fin mot des histoires ». Lorsque les retrouvailles s'achèvent, aucun conflit n'aura été résolu. Louis s'en va sans avoir dit un mot de sa disparition imminente.
Muriel Mayette, administrateur général de la Comédie-Française, revient sur l'existence du comité de lecture interne qui décide de l'entrée au répertoire de certains textes contemporains. Les quelques œuvres élues doivent être en mesure de tenir tête aux « fantômes » de l'auguste maison. Laurent Stocker, sociétaire de la Comédie-Française depuis 2004, joue le rôle d'Antoine, le frère de Louis. Il s'agit de son premier rôle contemporain en tant que membre de la troupe. Souhaitant battre en brèche les clichés concernant les Comédiens-Français, il insiste sur la façon dont toute l'institution s'inscrit dans la pratique théâtrale contemporaine.
La création du spectacle met en avant la proximité de l'œuvre dans le temps comme dans l'espace : la scénographie de Stéphanie Mathieu procède à l'aménagement de la Salle Richelieu en installant notamment un proscénium qui avance dans l'orchestre. La mise en scène joue constamment avec la théâtralité propre à l'ensemble des pièces de Jean-Luc Lagarce. Cette entrée au répertoire remporte un grand succès public en dépit de la « difficulté » des thèmes et de l'écriture en jeu (notons que le commentaire mentionne la maladie du sida comme étant l'un des sujets de la pièce alors que le texte ne précise pas le mal dont est atteint le personnage de Louis). L'histoire de la Comédie-Française et de son répertoire sont donc toujours en train de s'écrire.
En 2008, le spectacle devient lauréat du « Molière théâtre public ». La même année, Laurent Stocker est nommé pour le « Molière du comédien dans un second rôle ».