Inferno de Romeo Castellucci au Festival d'Avignon
Notice
En 2008, Romeo Castellucci est l'un des artistes associés du Festival d'Avignon. S'inspirant de La Divine Comédie de Dante, il présente notamment Inferno dans la Cour d'Honneur du Palais des Papes. Extraits du spectacle et interviews de Vincent Baudriller, codirecteur du Festival, et de deux spectatrices sur l'histoire et les enjeux de la manifestation.
- Inferno ( Dante - Auteur / Romeo Castellucci - Mise en scène / Roméo Castellucci - Adaptation)
Éclairage
Romeo Castellucci est un metteur en scène italien né en 1960. En 1981, il fonde avec Chiara Guidi (dramaturge) et Claudia Castellucci (écrivain) la Socìetas Raffaello Sanzio, installée à Cesena (Italie). Cette compagnie réunit différentes pratiques artistiques telles que le théâtre, la musique, la peinture ou encore la mécanique et la vidéo. Les spectacles de Romeo Castellucci sont régulièrement accueillis par les festivals internationaux, à l'instar du Festival d'Avignon qui, dès 1998, reçut Giulo Cesare, une adaptation de l'œuvre de William Shakespeare. A partir de 2001 et pendant quatre ans, la Socìetas Raffaello Sanzio mena une vaste réflexion sur la tragédie et le tragique : intitulée Tragedia Endogonidia, elle vit la naissance de onze spectacles-épisodes représentés chacun dans dix villes européennes.
Plasticien et théoricien du théâtre, Romeo Castellucci invente une théâtralité qui fait dialoguer artisanat et nouvelles technologies. Il remet également en cause la place du texte au théâtre. Les spectacles de sa compagnie prennent la forme d'adaptations de textes classiques ou modernes, littéraires ou théâtraux, ou encore de créations originales. Chacun insiste sur le rapport du corps à la matière et au rythme. Dans cette dramaturgie de la cruauté, qui procède d'une écriture du plateau héritée de la pensée d'Antonin Artaud, l'artiste donne à voir et à entendre le monstrueux au travers des corps et des voix déformés. Devant ces œuvres, qui cherchent à ébranler la perception du spectateur, les réactions sont souvent contrastées.
Tandis que s'ouvre le Festival d'Avignon, le reportage (diffusé le 5 juillet 2008 lors du Journal de 20h de France 2, quelques heures avant la première représentation d'Inferno) reçoit quant à la programmation le témoignage de Vincent Baudriller, qui codirige, avec Hortense Archambault, le Festival d'Avignon depuis 2003. Chaque spectacle programmé participe d'une même ambition, celle d'offrir une proposition scénique originale apte à surprendre le spectateur. Inferno apparaît dès lors comme une œuvre majeure parmi la multitude des spectacles programmés dans le cadre des festivals « In » et « Off ».
En 2008, les directeurs invitent Romeo Castellucci à endosser, avec Valérie Dréville, le rôle d'artiste associé du Festival. Le reportage propose des extraits de la répétition « générale » de ce spectacle qui fait partie d'une trilogie. Inferno (représenté dans la Cour d'Honneur du Palais des Papes), Purgatorio (représenté à Châteaublanc – Parc des expositions) et Paradiso (représenté dans l'Eglise des Célestins) s'inspirent librement des trois volets de La Divine Comédie de Dante (écrite entre 1307 et 1319). L'écriture de cette œuvre par le poète italien est contemporaine de l'installation de la papauté à Avignon et de la construction du premier Palais des Papes.
A l'évocation, par deux spectatrices, du défi que représente pour le metteur en scène la création d'un spectacle dans la Cour d'Honneur, Romeo Castellucci répond par un spectacle qui comprend peu de mots mais investit entièrement l'architecture du lieu pour lequel il a été écrit (la pièce partira ensuite en tournée). De ce vivant témoignage du passé que constitue l'édifice, l'artiste fait un partenaire de jeu. C'est après avoir escaladé la façade de la Cour qu'un homme laisse tomber, depuis le sommet, un ballon sur le plateau. Notons également la présence sur scène de cinquante figurants amateurs qui incarnent la masse dans laquelle se confond l'artiste. En préambule du spectacle, celui-ci s'avance seul sur scène, tel le poète à l'entrée de l'Enfer. A peine a-t-il le temps de se présenter que des chiens se ruent sur lui. Traduisant l'effroi et la nostalgie de l'homme face au monde, les tableaux visuels d'Inferno deviennent l'héritage théâtral des célèbres chants écrits pendant la Renaissance italienne.