Jean-Louis Benoît met en scène Le Revizor de Gogol à la Comédie-Française

05 avril 1999
02m 25s
Réf. 00070

Notice

Résumé :

En 1999, Le Revizor de Nicolas Gogol entre au répertoire de la Comédie-Française dans une mise en scène de Jean-Louis Benoît. La pièce représente la façon dont un vaurien profite des faveurs des fonctionnaires d'une petite ville en se faisant passer pour un inspecteur général. Extraits du spectacle et interviews des comédiens Roland Bertin, Denis Podalydès et Coraly Zahonero.

Date de diffusion :
05 avril 1999
Source :
FR3 (Collection: SOIR 3 )
Fiche CNT :

Éclairage

Né en 1809 et mort en 1852, Nicolas Vassiliévitch Gogol était un écrivain et dramaturge russe d'origine ukrainienne. Son œuvre, grandement influencée par Pouchkine, servira elle-même de modèle à Dostoïevski. Ecrite en 1836, Le Revizor est l'histoire d'un quiproquo : Khlestakov, jeune vaurien ruiné, arrive de Saint-Pétersbourg en une petite ville de Russie. Là, il est pris pour le revizor dont on annonçait la visite imminente. Il décide de jouer le jeu et de profiter de toute l'assemblée des fonctionnaires qui tente de dissimuler sa corruption en satisfaisant notamment à tous les désirs de « l'inspecteur général ». Il jouit en particulier de l'hospitalité du gouverneur de la ville. La pièce rencontra un immense succès dès sa première représentation. Elle fut accueillie comme une satire politique contre le pouvoir tsariste tandis que son auteur la définissait comme une farce sur la corruption des hommes.

En 1999, la pièce entre au répertoire de la Comédie-Française, traduite par André Markowicz et mise en scène par Jean-Louis Benoît. Les décors et les costumes sont conçus par Alain Chambon. L'interprétation des comédiens renvoie au burlesque et à la farce. Certains maquillages rappellent quant à eux les caricatures de Daumier et associent la pièce à la satire de la bourgeoisie telle qu'elle se développa en France au XIXe siècle. La noirceur dont relève par moments cette critique laisse deviner le tragique derrière la comédie.

Diffusé lors du journal « Soir 3 » (France 3) du 5 avril 1999, le reportage insiste sur l'ambivalence de la pièce qui se veut drôle et cruelle. Il présente des extraits du spectacle et les interviews de trois des comédiens. Roland Bertin interprète le rôle du gouverneur. C'est à lui que revient, à la fin de la représentation, une tirade qui met en abyme toute l'écriture de la pièce. Denis Podalydès, qui interprète Khlestakov, souligne la magnifique contradiction des personnages portraiturés par Gogol. Coraly Zahonero, quant à elle, évoque les références multiples de la mise en scène qui joue avec les codes du théâtre.

Le spectacle reçut, en 2000, le « Molière de la pièce du répertoire ».

Marie-Isabelle Boula de Mareuil

Transcription

Présentateur
Le Révizor applaudi. Dans la Russie des tsars, la corruption était généralisée et les fonctionnaires, s’en donnaient à coeur joie. Le Révizor lui était craint, un thème éternel, un texte grinçant de Gogol, et un nouveau succès pour la Comédie-Française. Dominique Poncet, Marc Félix.
Comédien
Je vous ai réunis pour vous communiquer une affaire des plus désagréables, il nous arrive un Révizor.
Choeur
Un Révizor ?
Comédien
Un Révizor !
Journaliste
Il va débouler comme un fou dans une petite ville russe et semer la panique chez ceux qui la gouverne. Des fonctionnaires tous plus corrompus les uns que les autres. Tout ça pour quoi ? Parce que ces notables véreux, vont prendre ce jeune gandin pour ce qu’il n’est pas, à savoir, un Révizor. Autrement dit, un inspecteur venu de Moscou pour leur demander des comptes.
Roland Bertin
C’est une comédie complètement folle quoi ! Complètement folle, où tout est déréglé.
Comédien
Asseyez-vous ! C’est [inaudible].
Journaliste
Et c’est vrai que dans ce Révizor, Gogol s’en donne à coeur joie, dans la folie, la cruauté, la satire, le grotesque et le pathétique.
Comédien
Celui là, il est de moi !
Comédien 2
J’ai lu, [inaudible] Monsieur.
Comédien 3
Ça c’est un homme, [inaudible].
Denis Podalydès
Il faut que ce soit des personnages absolument orduriers, enfin, corrompus jusqu’à la moelle, avec une certaine laideur. Et en même temps leur énergie et le dynamisme de la pièce fait que ça devient des beaux personnages.
Comédienne
Non ! Non ! Ça c’est trop, quel impudence ! Non !
Comédien 2
Oh ! Pardon Madame, pardon, je l’ai fait par amour, oui, oui par amour.
Comédien 3
C’est elle !
Comédien 2
Vivre ou mourir !
Coraly Zahonéro
Le travail visuel est un petit peu hors du temps, comme ça, il y a plein d’éléments très différents. Mais en tout cas, on est dans la théâtralité absolue. C’est ça que j’adore dans le spectacle.
Roland Bertin
Ça suffit pas d’être la risée de toute la terre, on va trouver un sale poète, un barbouilleur, qui nous mettra dans une comédie.
Journaliste
Soulevés par la mise en scène décapante de Jean-Louis Benoît, les Comédiens-Français donnent ici le meilleur d’eux-mêmes. Et cela donne un spectacle irrésistible de loufoquerie et de méchanceté.