Le Théâtre du Vieux-Colombier devient la deuxième salle de la Comédie-Française

12 avril 1993
02m 27s
Réf. 00168

Notice

Résumé :

Le Théâtre du Vieux-Colombier, à l'abandon depuis quelques années, a été rénové pour devenir la deuxième salle de la Comédie-Française. Après une courte rétrospective, Jacques Lassalle, administrateur de la Comédie-Française présente ses projets pour cette nouvelle salle. Le reportage finit sur un extrait de Elle est là de Nathalie Sarraute.

Date de diffusion :
12 avril 1993
Source :
A2 (Collection: JA2 20H )
Fiche CNT :

Éclairage

Le Théâtre du Vieux-Colombier est créé en 1913 par Jacques Copeau (1879-1949), metteur en scène majeur de la première moitié du XXe siècle, dans l'ancienne salle de l'Athénée-Saint-Germain, qu'il fait agrandir et rénover. Avec sa compagnie, dont font partie notamment Charles Dullin et Louis Jouvet, il fait vivre le théâtre au rythme de l'alternance, proposant notamment en 1914 une mise en scène de La Nuit des Rois de Shakespeare très remarquée. En 1917, le théâtre est abandonné pour plusieurs années ; la troupe du Vieux-Colombier part se produire à New-York sur la demande de Georges Clémenceau. Ils reviennent en 1920, et reprennent le rythme des saisons théâtrales parisiennes jusqu'en 1924, où Jacques Copeau cède le théâtre à Georges Pitoëff. Jusqu'en 1945, plusieurs directeurs se succèdent, Jacques Copeau et sa compagnie reviennent même jouer dans leur ancien théâtre, avant que ce dernier ne soit nommé administrateur de la Comédie-Française en 1940. Le Théâtre du Vieux-Colombier continue de fonctionner jusqu'en 1971, accueillant les grands noms de la scène, comme Antonin Artaud, Jean Vilar ou Roger Planchon. Il est ensuite laissé à l'abandon après le départ de la dernière directrice, Marthe Mercadier, et menacé de disparaître. Une mobilisation très large des comédiens et acteurs de la vie théâtrale permet de faire classer le bâtiment Monument Historique en 1978, avant que l'Etat ne le rachète en 1986.

Entièrement rénové par l'architecte Bernard Kohn, il rouvre ses portes en 1993, sous la forme d'une deuxième salle attribuée à la Comédie-Française. La jauge beaucoup plus petite que celle de la salle Richelieu, et la configuration du plateau qui permet plus d'intimité avec le public, permet à la Comédie-Française de proposer d'autres œuvres que celle traditionnellement mises en avant par sa troupe ; notamment des créations contemporaines. Jacques Lassalle, alors Administrateur Général de la Comédie-Française, inaugure la nouvelle salle de 300 places avec Le Silence et Elle est là de Nathalie Sarraute. Seules les pièces jouées dans la salle Richelieu entrent au répertoire de la Comédie-Française. Les choix des œuvres représentées au Théâtre du Vieux-Colombier est donc plus souple. La première saison est ainsi composée de Aujourd'hui les Coréens de Michel Vinaver, mise en scène de Christian Schiaretti, Les Amants puérils de Fernand Crommelynck, mise en scène de Murielle Mayette, Monsieur Bob'le de Georges Shéhadé, mise en scène de Jean-Louis Benoit et La Glycine de Serge Rezvani, mise en scène de Jean Lacornerie, soit uniquement des auteurs contemporains, dont une majorité d'auteurs vivants en 1993-94

Sidonie Han

Transcription

Présentateur
Le théâtre à présent. Un évènement, ce n’est pas une pièce, c’est une salle. Le théâtre du Vieux-Colombier après 15 ans de triste fermeture, ce théâtre donc rouvre ses portes. Comme l’avait d’ailleurs décidé Jack Lang il y a déjà quatre ans, ce sera la deuxième salle de la Comédie-Française. En ouverture deux pièces de Nathalie Sarraute. Monica Clan, Jean-Marc Sursein, Trois coups.
Journaliste
Coté jardin, la cour du Vieux-Colombier, pleine de souvenirs.
Jean Cluseau-Lanauve
Nous sommes dans les ateliers situés au fond de la cour du théâtre du Vieux-Colombier, ateliers qui ont servi, dès le début à Copeau comme bureau, à Jouvet pour faire des costumes et des répétitions. Depuis 1935, j’ai assisté à la vie du théâtre, j’ai assisté aux premières et évidemment quand on est peintre, on fixe ses souvenirs sur des toiles, sur des tableaux. Petit théâtre de 300 places, mais quels acteurs et quels auteurs !
Journaliste
D’abord les pères fondateurs. Jacques Copeau qui disait qu’on nous laisse le tréteau nu. Puis Jouvet, Dullin, Pitoëff, [Varaud], Villard, Planchon, Vitez, Terzieff, ... la liste est sans fin de ceux qui ont fait, et aimé le théâtre. Ici, dans cette antre, un moment laissé à l’abandon qui renaît aujourd’hui. Un lieu vibrant, une seconde salle qui revient à la Comédie-Française pour y faire encore et toujours du théâtre.
Jacques Lasalle
Un théâtre qui serait tout à fait complémentaire de celui que nous faisons à la salle Richelieu. Parce que ici nous pourrons aborder les auteurs que nous ne pouvons pas aborder vraiment salle Richelieu. Et puis nous pourrons aborder aussi les auteurs traditionnellement programmés à la salle Richelieu mais les aborder autrement. C’est-à-dire que ce sera vraiment du théâtre contemporain, aussi bien lorsque nous jouerons, je ne sais pas, Racine, ou Eschyle ici, que lorsque nous jouerons, Nathalie Sarraute.
Comédien 1
Alors, vous me disiez ?
Comédien 2
Eh bien, je constatais seulement que dans la conjoncture actuelle, étant donné le tour que prennent… mais vous n’avez pas l’air bien ! Vous n’êtes pas dans votre assiette ?
Journaliste
Au programme des prochains mois, Georges Schéhadé, Rezvani, Italo Svevo et tous les samedis après-midi, le retour d’un cabaret littéraire.
Comédien 1
C’est ridicule !