Elvire Jouvet 40 de Brigitte Jaques
Notice
Début du film Elvire Jouvet 40 (1986), réalisé par Benoit Jacquot, à partir de la mise en scène théâtrale de Brigitte Jaques, inspirée des Carnets de Louis Jouvet.
Éclairage
Le Théâtre de l'Athénée est construit en 1864, un premier bâtiment est édifié rue Scribe. Il connaît plusieurs succès, dans le domaine de la comédie (notamment du vaudeville) et du théâtre lyrique (plusieurs opérettes y sont montées). Jusqu'en 1883, le théâtre change plusieurs fois de directeur mais jamais de propriétaire. Cette année, il ferme définitivement, le loyer ayant doublé et les voisins se plaignant du bruit.
En 1893, Victor Koning fait construire une nouvelle salle, à l'actuel emplacement du théâtre de l'Athénée-Louis Jouvet. En 1896 est construite la façade telle que nous la connaissons encore aujourd'hui.
Après une période instable, Abel Deval dirige le théâtre de 1899 à 1915. Par la suite, même s'il n'est plus directeur, il reste le locataire principal. Il sous-loue sa salle à Louis Jouvet en 1934 qui décide de s'y installer avec sa troupe. Dès 1935, Jouvet monte Giraudoux (La Guerre de Troie n'aura pas lieu), c'est le début d'une fructueuse collaboration. Dès son arrivée à l'Athénée, Louis Jouvet commence aussi sa relecture des pièces de Molière qui lui apporteront non seulement un succès critique mais aussi public. Pendant la guerre, il part en tournée et revient dès 1945. En 1951, il repart dans une tournée internationale et laisse libre, pendant ce temps, son théâtre à d'autres troupes issues de la décentralisation (CD de l'est, CD de l'ouest, Le Grenier de Toulouse). Jouvet meurt cette même année, dans son théâtre.
La mise en scène de Brigitte Jaques évoque la période où Louis Jouvet est installé au Théâtre de l'Athénée, marquant durablement ce lieu de son empreinte, au point qu'il porte aujourd'hui son nom. Avec ce spectacle, la metteur en scène choisit d'évoquer le pédagogue qu'était Louis Jouvet. La pièce est conçue sur les sténographies que Louis Jouvet, alors professeur au Conservatoire, faisait prendre de ses cours. Elle revient sur sept leçons données en 1940 durant lesquelles Jouvet enseigne à une élève de troisième année une unique scène du Dom Juan de Molière (Les adieux d'Elvire, acte IV, scène 6). D'origine juive, la jeune femme, appelée Claudia (Paula Dehelly de son vrai nom) est dénoncée et interdite de scène sous l'Occupation. Les leçons qui ont lieu au tout début de l'Occupation sont en filigrane traversées par cette période de l'Histoire. En outre, le spectacle de Brigitte Jacques met en valeur les questions de Jouvet sur le métier de comédien qui était au centre de ses réflexions. Il montre l'apport essentiel de Jouvet en ce qui concerne le travail de l'acteur. Elvire-Jouvet 40 d'abord créé au Théâtre National de Strasbourg en 1986 et repris la même année au Théâtre de l'Athénée, où il acquiert une forte résonance, le théâtre ayant été celui de Jouvet jusqu'à sa mort.
Ce spectacle est aussi emblématique des mutations de ce théâtre, puisque jusqu'en 1982, l'Athénée Théâtre était une institution privée. Dirigé de 1977 à 1982 par Pierre Bergé, ce dernier en offre la tutelle au Ministère de la Culture et de la Communication. Pendant un temps, le théâtre va alors accueillir les compagnies subventionnées et notamment les jeunes metteurs en scène parmi lesquels Daniel Mesguich, Alain Françon et bien sûr Brigitte Jaques.