Le Cid de Pierre Corneille mis en scène par Jean Vilar
Notice
Courts extraits de répétitions du Cid de Corneille mis en scène par Jean Vilar dans la Cour d'honneur du Palais des Papes à Avignon : acte III, scène 4 et acte IV, scène 3. Gérard Philipe (Rodrigue) et Françoise Spira (Chimène) sont en costumes, tandis que Jean Vilar (le Roi) porte une salopette de travail.
Éclairage
Malgré la querelle théâtrale suscitée par la pièce à sa création au Théâtre du Marais en 1637, le succès phénoménal du Cid auprès du public parisien impose définitivement le jeune Pierre Corneille comme l'un des plus grands auteurs dramatiques de son temps. Conformément à la mode de l'époque, la pièce emprunte son sujet à une épopée espagnole de Guilhem de Castro, Las Mocedades del Cid (1618), qui évoque les exploits d'une figure historique de la Reconquista. Présentée comme une tragicomédie, elle revendique une liberté par rapport aux règles aristotéliciennes, une fin heureuse et une visée divertissante plutôt que morale. Mais à la suite de la longue querelle déclenchée par la pièce, le succès grandissant de la tragédie régulière pousse Corneille à modifier sa pièce, qu'il republie en 1660 sous la dénomination de tragédie.
Pour la troisième édition du Festival d'Avignon, en 1949, Jean Vilar propose une mise en scène du Cid de Pierre Corneille dans la Cour d'honneur du Palais des Papes ; mais c'est deux ans plus tard, en 1951, que ce spectacle devient légendaire, lorsque le rôle de Rodrigue est repris par le jeune comédien Gérard Philipe, qui a rejoint depuis peu le TNP de Vilar. Devenu célèbre au théâtre et au cinéma dès l'après-guerre, Gérard Philipe décline une première proposition de Jean Vilar, s'estimant impropre à la tragédie, puis l'accepte finalement en 1951, séduit par sa démarche de « théâtre populaire ». Il écrira plus tard : « Je suis né deux fois, la première le 4 décembre 1922, la seconde en juillet 1951, en Avignon, où j'ai eu grâce à Jean Vilar la révélation du vrai théâtre... ». C'est d'ailleurs dans son costume de Rodrigue que le comédien sera enterré, à sa demande, lorsqu'un cancer l'emportera prématurément en 1959.
Voir Le Cid mis en scène par Declan Donnellan au Festival d'Avignon (1998)