Bérénice de Racine, mis en scène par Klaus Michael Grüber à la Comédie-Française
Notice
Extrait du spectacle, tiré de la scène 4 de l'acte II, puis interview de Jean-Pierre Vincent, administrateur de la Comédie-Française, qui appuie le choix d'une mise en scène statique en rappelant la raréfaction des effets opérée par Racine en son temps et défend le metteur en scène allemand Klaus Michael Grüber face aux réflexes nationalistes de certains critiques.
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Éclairage
La Bérénice de Racine, de même que le Tite et Bérénice de Corneille créé la même année, répond à une commande : la princesse Henriette d'Angleterre, épouse du frère du Roi, vient de vivre avec le souverain une liaison passionnée à laquelle leurs devoirs respectifs imposaient de mettre fin, et aurait demandé une tragédie sur ce sujet à Racine, qui lui avait déjà dédié son Andromaque. Racine prend alors toute la teneur de son intrigue dans une phrase de l'historien latin Tacite : « Quant à la reine Bérénice, à laquelle il avait, dit-on, promis le mariage, il la renvoya aussitôt de Rome, malgré lui, malgré elle ». Corneille aurait alors vu dans le dilemme amoureux de Titus un sujet propre à lui faire reconquérir ses lauriers de premier auteur tragique, et se serait lancé avec son Tite et Bérénice dans une entreprise de concurrence, suivant en cela une pratique courante des théâtres parisiens. C'est cependant la pièce de Racine qui l'emporte auprès du public, qui délaisse une fois de plus la production d'un Corneille vieillissant.
Premier metteur en scène allemand invité à la Comédie-Française, Klaus-Michael Grüber impose pour la saison 1984-1985 l'une des mises en scène les plus mémorables de la tragédie de Racine. Dans un décor minéral et nu, il oppose à un Titus sculptural et impérial (Richard Fontana) une Bérénice orientale à la lourde perruque (Ludmila Mickaël), superposant aux deux personnages les figures plus anciennes d'Antoine et de Cléopâtre. Très statiques, les comédiens ne s'approchent jamais les uns des autres, comme pour figurer leur incapacité à se rejoindre, et donnent à entendre une diction chuchotée qui produit une impression d'épuisement.
Voir Bérénice mis en scène par Antoine Vitez (1980) et par Lambert Wilson (2008)