Andromaque de Racine, mis en scène par Daniel Mesguich au Théâtre du Vieux-Colombier
Notice
Interviews des comédiens Eric Genovèse (Oreste) et Véronique Vella (Hermione), qui évoquent la situation des personnages de la pièce et la beauté des vers de Racine, et commentaires des spectateurs à la sortie du théâtre, alternant avec plusieurs brefs passages de la pièce : acte II, scène 2 ; acte I, scène 4 ; acte V, scène 3 ; acte III, scène 1.
Éclairage
Représentée en 1667 à la Cour, puis à l'Hôtel de Bourgogne, Andromaque est le premier grand succès de Racine. Les comédiens n'y sont pas étrangers : Mademoiselle Du Parc, dans le rôle d'Andromaque, fait pleurer d'émotion les spectateurs, tandis que Floridor et Montfleury, qui jouent respectivement Pyrrhus et Oreste, sont des monstres sacrés adulés du public, quoiqu'ils soient déjà sexagénaires. Avec sa pièce, dont il emprunte le sujet à un passage de L'Enéide ainsi qu'à L'Iliade d'Homère et aux Troyennes d'Euripide, Racine impose un style tragique nouveau, substituant à l'héroïsme cornélien un lyrisme amoureux fondé sur l'examen des passions humaines. Mais si la pièce vaut à Racine l'engouement du public, elle suscite également les premières attaques de la part des doctes, qui font jouer à la troupe de Molière une comédie critique de Subligny, La Folle Querelle, quelques mois plus tard. La postérité n'en retiendra pas moins Andromaque comme le chef-d'œuvre de Racine : c'est aujourd'hui la pièce la plus jouée et la plus étudiée de son répertoire.
Dans sa mise en scène d'Andromaque, présentée au Théâtre du Vieux Colombier avec la troupe de la Comédie-Française en 1999, Daniel Mesguich épure la liste des personnages en mettant en valeur les protagonistes : les confidents sont alors transformés en doubles de leurs maîtres, ce qui donne une forme incarnée à leur débat intérieur. Le jeu de doubles est particulièrement poussé pour le personnage d'Hermione (Véronique Vella), dont Cléone (Sarah Mesguich) apparaît comme le miroir. Quant aux vers de Racine, ils sont soulignés et découpés par la musique et les mouvements du rideau, qui se baisse parfois pour ponctuer la fin d'une réaction ou la prise d'une décision.