Antoine Vitez prend ses fonctions de directeur à Chaillot

31 octobre 1981
02m 34s
Réf. 00160

Notice

Résumé :

Antoine Vitez décrit ses ambitions pour son mandat à la direction du Théâtre National de Chaillot. Il aborde notamment le sujet de l'alternance des pièces, qu'il compte remettre en place. On assiste à des extraits d'une répétition de Britannicus.

Date de diffusion :
31 octobre 1981
Fiche CNT :

Éclairage

Antoine Vitez a pris ses fonctions de directeur du Théâtre National de Chaillot en 1981. Il succède à André-Louis Perinetti, premier directeur du théâtre national, et avant lui Jack Lang, ainsi que Georges Wilson et Jean Vilar qui dirigèrent le TNP (Théâtre National Populaire) alors installé dans le Palais de Chaillot. En 1972, le TNP part s'installer à Villeurbanne, et en 1975, le Palais de Chaillot devient le Théâtre National de Chaillot. Le statut de Théâtre National, dont six établissements bénéficient, se distingue du statut de Centre Dramatique National à la fois juridiquement et dans son mode de financement. Le Théâtre National de Chaillot, comme les autres Théâtres Nationaux, est un EPIC (Etablissement Public à caractère Industriel et Commercial). À ce titre, il est entièrement subventionné par le Ministère de la Culture.

À son arrivée à Chaillot, Antoine Vitez tente de renouer avec un théâtre populaire et exigeant. Par populaire, il faut entendre un théâtre qui s'ouvre à tous les publics, sans pour autant abaisser son niveau de qualité, d'où sa formulation « un théâtre élitaire pour tous ». Le retour à un principe d'alternance des spectacles, avec une seule et même troupe, participe de ce désir de faire entendre un grand nombre de textes et de faire venir un public régulièrement. Britannicus est une de ses premières mises en scène en tant que directeur du Théâtre National de Chaillot. La même année, en 1981, il monte également Faust de Johann Wolfgang von Goethe et Tombeau pour cinq cent mille soldats de Pierre Guyotat, confirmant sa volonté de mettre en scène des textes jugés parfois difficiles. Parallèlement, il ouvre une école de jeu au sein du théâtre, l'école du Théâtre National de Chaillot, qui connaîtra un grand succès jusqu'à sa fermeture en 2006. C'est par le biais de cette école qu'il rencontre par exemple la comédienne Valérie Dréville. Du fait de son parcours assez atypique dans le milieu théâtral – il ne commence la mise en scène qu'à l'âge de 36 ans, avec Electre de Sophocle – il accorde une grande importance à la formation. Il enseigne également au Conservatoire National d'Art Dramatique (CNSAD) depuis 1968.

En 1988, il quitte le Théâtre National de Chaillot pour devenir Administrateur de la Comédie-Française, où il reste jusqu'à sa mort en 1990. Jérôme Savary prend sa succession à Chaillot, dans un style radicalement différent (voir ce document).

Sidonie Han

Transcription

Présentateur
Le 12 novembre, réouverture de Chaillot. C’est Antoine Vitez qui préside désormais aux destinées du théâtre national de Chaillot. Vitez a expliqué à Marie-Claire Gautier comment il allait faire revivre cette grande maison.
Antoine Vitez
Les mêmes choses, on peut les faire dans d’autres lieux. Ça prend d’autres formes dans d’autres lieux.
Journaliste
Automne 81, Chaillot s’éveille d’un long sommeil. Ce qu’Antoine Vitez avait entrepris à Nanterre puis au studio d’Ivry, il le transporte, le transplante dans les structures triomphantes du Trocadéro. Cette prise du pouvoir théâtral dans un édifice conçu pour l’éclat, c’est toute l’histoire des relations de l’art avec le public, à commencer par les origines de sa langue.
Comédien 1
Mais Seigneur ce que je peux vous dire, je l’ai vu quelque fois s’arracher de ces lieux, le cœur plein d’un courroux qu’il cachait à vos yeux, d’une cour qui le fuit, pleurant l’ingratitude, las de votre grandeur et de sa servitude, entre l’impatience et la crainte flottant, il allait voir jaunir et revenait content.
Antoine Vitez
Ce qui m’intéressait dans ce lieu-ci c’était de re-instituer l’alternance. C’est pour ça que les trois œuvres que je mets en scène moi-même seront données en alternance à partir du 12 novembre. Et que donc... au cours d’une même semaine, on pourra voir les trois œuvres. Ça c’est quelque chose, alors, qui m’intéressait beaucoup parce que c’est quelque chose qui a été une des traditions de ce théâtre-ci et qui est un grand plaisir pour les spectateurs, et pour les acteurs d’ailleurs. L’alternance s’entend avec la même troupe.
Journaliste
Et d’ajouter « On nous aimera, on nous défendra, on nous détestera pour notre art et pour la signification publique de nos paroles feintes, de nos gestes empruntés d’acteurs sur la scène ».
Antoine Vitez
On a besoin de le montrer dans l’espace et pour tout le monde, y compris ceux qui sont de dos parce que sinon, à ce moment-là on voit juste un type qui recule, ce qui est pas très très clair ; mais si on voit un type qui prend, qui prend un coup, et si au fond elle, consciemment ou inconsciemment, elle sent qu’elle envoie justement quelque chose qui au fond, n'est pas... est à la fois dangereux mais en même temps, elle trouve le moyen de lutte, de le repousser.
(Musique)