Diderot à corps perdu, d'après les écrits et la correspondance de Diderot
Notice
Un spectacle biographique où se mêlent philosophie et propos galants, dans une mise en scène de Jean-Louis Barrault, racontant la relation paradoxale entre Diderot et l'une de ses maîtresses, Sophie Volland. Extraits du spectacle et interview des acteurs.
- Europe > France > Ile-de-France > Paris > Théâtre d'Orsay
Éclairage
Diderot est un homme aux multiples facettes, auteur, philosophe, critique, il s'intéresse à tous les domaines : arts, politique, sciences. Son regard et son cheminement intellectuel embrassent l'ensemble des grands débats qui agitent le siècle des Lumières : le rapport à la nature, l'évolution des formes artistiques, la morale, la religion, l'éducation... une vaste recherche dont L'Encyclopédie sera la clé de voûte.
En 1979, Jean-Louis Barrault, dans sa mise en scène de Diderot à corps perdu, choisit de se confronter à cette figure exemplaire du XVIIIe siècle mais en exposant le personnage de Diderot dans un aspect sans doute moins connu, plus intimiste. Barrault met l'accent sur la liaison que Diderot entretenait avec Sophie Volland, en se rapportant notamment aux échanges épistoliers et à la correspondance fournie qu'entretenait les deux amants, qui se sont aimés, pendant près de trente ans, à distance. Le texte du spectacle repose sur un montage réalisé par Elisabeth de Fontenay à partir des écrits de Diderot et de ses lettres, celles de Sophie Volland étant à ce jour perdues.
Comme l'indique le titre de la pièce, Diderot à corps perdu, Jean-Louis Barrault balance à la fois entre le portrait et le documentaire ; le spectacle, pour mettre au jour l'un des aspects fondamentaux de la pensée de Diderot, souligne d'un côté la façon dont le philosophe dresse à travers son œuvre une « apologie du corps humain », comment il conçoit le monde à travers les perceptions corporelles, tout en dévoilant pour le spectateur une écriture faite de tendresse ou de fulgurance à travers ses échanges avec Sophie Volland.
Cette percée dans la sphère privée, dans les écrits littéraires et scientifiques de Diderot, laisse un témoignage tout à fait intéressant sur le travail de Jean-Louis Barrault quant à son exploration du XVIIIe siècle (on lui doit notamment un Zadig d'après Voltaire, voir ce document) et signale également une tendance très nette, avec l'avènement et le règne du metteur en scène depuis le début du XXe siècle, à s'emparer de matériaux non théâtraux pour construire la représentation. L'adaptation théâtrale devient d'une certaine façon un champ d'expérimentation où confronter des documents de nature diverse pour faire apparaître la complexité d'une figure comme à travers un prisme et développer sur le plateau l'idée d'un espace critique avec l'invention de formes dramatiques ou narratives composites.