Le Système Ribadier de Georges Feydeau et Maurice Hennequin
Notice
Les premières scènes de la pièce, présentant la situation et les principaux personnages, dans une réalisation de Pierre Sabbagh pour la série Au théâtre ce soir (diffusion le 11 avril 1975).
Éclairage
En 1892, dans le même temps où Feydeau faisait donner les premières représentations du Système Ribadier au théâtre du Palais-Royal, le tout Paris se divertissait déjà avec Monsieur chasse (dans le même théâtre) et Champignol malgré lui (au théâtre des Nouveautés). Feydeau triomphe une fois de plus avec cette nouvelle pièce qui raconte comment Angèle, veuve depuis deux ans, doute de la fidélité de son second mari, Ribadier. Ce dernier profite de son don d'hypnotiseur [1] pour échapper à la surveillance de sa femme et « folichonner » en courant les demoiselles. L'insert de ce stratagème – le « système Ribadier » – n'est pas si saugrenu pour les contemporains de Feydeau, on s'intéresse alors de près aux sciences occultes pour s'amuser en société (séances de spiritisme), au magnétisme et à l'hypnose, ainsi qu'au somnambulisme (Charcot, Broca, du côté de la médecine neurologique et psychiatrique). Mais le procédé n'est pas si sûr et Ribadier en sera pour ses frais.
On voit bien dans cette pièce comment Feydeau recourt à des séries d'obstacles et aux mots à double sens pour compliquer la situation : Thommereux, qui s'était exilé autrefois en Batavia, est de retour à Paris, il croit pouvoir reprendre son idylle avec Angèle ; en toute naïveté, Ribadier insiste pour le loger chez lui. Le duo initial devient trio puis quatuor quand Ribadier va s'encanailler avec Thérèse Savinet, dont le mari ne tardera pas à se manifester. Feydeau ajoute également quantité d'obstacles physiques : des scènes nocturnes propices au quiproquo, une fenêtre à escalader, un pavillon infesté de cancrelats, des portes verrouillées dont on n'a pas la clé... Ces effets burlesques sont doublés par des citations et des détournements assez savoureux de la poésie de Musset ou de la versification de Rostand : Ribadier en effet, pour détromper sa femme, prétend répéter une comédie avec ses amis du Cercle.
La pièce a longtemps pâti de n'avoir pas été publiée et ce n'est qu'en 1949 que le grand public la redécouvre avec l'édition du théâtre complet de Feydeau en neuf tomes, entre 1948 et 1956, par les Editions du Bélier. Parmi les mises en scènes les plus populaires de la pièce, on peut citer celle de Georges Vitaly au Théâtre la Bruyère, en 1958, la captation du 11 avril 1975 pour « Au théâtre ce soir », réalisée par Pierre Sabbagh (avec dans la distribution Alain Feydeau, le petit-fils de l'auteur), ou encore le spectacle joué par Bruno Solo et Léa Drucker, au théâtre Montparnasse, dans une mise en scène de Christian Bujeau [2].
[1] Voir aussi de Feydeau Dormez ! je le veux (1897).
[2] Spectacle diffusé le 13 décembre 2008 sur la chaîne Paris Première et édité en DVD.