Situation financière du théâtre privé de création
Notice
Reportage sur la situation financière du théâtre privé, en particulier celui de création dans lequel ont exercé Copeau, Dullin ou Jouvet, et entretien de Georges Herbert sur les aides au théâtre privé et sa diffusion en province.
- Europe > France > Ile-de-France > Paris
Éclairage
La singularité du secteur théâtral privé en France se fonde en partie sur le volet de la création et de la production, contrairement aux autres pays, où il est essentiellement voué à l'accueil de spectacles. Cette caractéristique explique sans doute que le théâtre privé est davantage fragilisé dans sa logique commerciale. Contrairement à l'idée reçue qui prétend que le théâtre privé ne vivrait que de ses recettes, ce dernier reçoit le soutien indirect de l'Etat de manière de plus en plus prégnante. Face à la crise traversée par le secteur privé dans les années 1970, consubstantielle de l'accroissement des coûts et du vieillissement des équipements, l'intervention de l'Etat s'impose. En 1964, un fonds de soutien est mis en place, alimenté par une taxe parafiscale et par des subventions de plus en plus importantes du Ministère de la Culture et de la Ville de Paris. Cette association qui permet de soutenir les spectacles déficitaires a permis au secteur privé de retrouver une relative stabilité : « Interlocuteur privilégié des pouvoirs publics et des partenaires sociaux, l'association joue un rôle fondamental dans la survie de nombreuses salles parisiennes et s'est efforcée d'adapter ses apports à l'évolution de la situation des salles et de ses moyens financiers » [1]. Elle a ainsi permis à des directeurs de rénover leur salle, d'augmenter le nombre des représentations et de toujours produire de nouvelles pièces.
Cette relative bonne santé du théâtre parisien nécessite d'être nuancée. En effet, l'augmentation exponentielle du coût des spectacles, tout comme le nombre considérable de salles qui induit une offre pléthorique de spectacles sont des facteurs que le secteur doit prendre en compte. Si la ligne de démarcation entre théâtre privé et théâtre public n'est plus toujours aussi franche, par le biais des subventions, le va-et-vient des acteurs, il n'en demeure pas moins que si « l'augmentation de l'aide de l'Etat se poursuit, le système de répartition du fonds de soutien, fondé sur les seuls résultats économiques des théâtres, à l'exclusion de tout critère artistique, se trouvera probablement infléchi. » [2]
[1] Geneviève Latour et Florence Claval, Les Théâtres de Paris, Délégation à l'Action artistique de la ville de Paris, Bibliothèque historique de la ville Paris, Association de la Régie théâtrale, 1991, p. 19.
[2] « Théâtre privé » in Michel Corvin (sld), Dictionnaire encyclopédique du théâtre à travers le monde, Paris, Bordas, 2008, p. 1113.