Vent d'Autan

12 juillet 2001
02m 39s
Réf. 00557

Notice

Résumé :

La Compagnie Vent d'Autan présente Pas touche terre à l'Espace Chapiteau du Parc de la Villette. Un duo acrobatique composé de Rémy Balagué et Babeth Gros. Entre quelques extraits du spectacle, ils confient les intensions artistiques de leur démarche liée à la force du geste. Les musiciens abordent la relation à construire entre leurs interventions et le duo.

Date de diffusion :
12 juillet 2001
Source :
Compagnie :

Éclairage

La compagnie Vent d'Autan, constituée en 1995, par Rémy Balagué et Babeth Gros, propose Pas touche terre (1998), un duo acrobatique ayant pour thème l'amour, mis en scène par Christian Coumin [1],

Rémy Balagué, formé au Centre National des Arts du Cirque (CNAC), diversifie ses expériences professionnelles : Cirque du Soleil (Québec), Cirque du Grand Céleste de Bruno West, compagnie de danse contemporaine de Pierre Doussaint, Les Héros Multicartes (théâtre de rue). De 1992 à 2002, il enseigne l'acrobatie au Pop Circus de Auch (32). Babeth Gros y travaille également, depuis 1996. Auparavant et simultanément à des études supérieures en informatique, Babeth Gros est acrobate pour le Théâtre du Capitole et pédagogue à l'école de cirque du Lido de Toulouse (31), où elle a fait sa formation. Son parcours la conduit à travailler pour la Compagnie Maripaule B. / Philippe Goudard et pour celle de Jérôme Thomas.

Dès le milieu des années 1990, des compagnies de nouveau cirque construisent leur projet artistique, généralement en petits groupes, autour principalement d'une seule spécialité. C'est le cas de Vent d'Autant avec Pas touche terre, dans lequel les artistes explorent un large éventail de figures acrobatiques. Nous retrouvons dans leurs intentions les mêmes préoccupations que celles des jongleurs ou des trapézistes engagés dans la même démarche ; à savoir la volonté simultanément d'associer le dire au faire, en l'occurrence par une théâtralisation construite à partir d'un langage gestuel et de ne pas jouer du ressort émotionnel né de l'exhibition de la prouesse. Ainsi, peut-on lire dans leur dossier de presse : « il n'est alors plus question de force, d'exploit ou de performance mais de développement d'un propos dramatique basé sur des émotions dans une perception un peu décalée ». Ce décalage volontaire, travaillé par les postures, les mouvements et les prises d'appuis au sol, dans un rythme spécifique, est essentiel pour engendrer une rupture avec les codes convenus d'une pratique axée sur la quête d'harmonie réalisée par un corps en recherche d'extension. La technique consiste à « insérer » dans la figure des « touches défectueuses » qui concourent à « sa richesse et à son humanité ». Loin du formalisme qui aboutirait à une regrettable esthétisation, il s'agit de jouer sur le mécanisme de l'identification au travers de la confrontation sentimentale de deux identités en quête d'unité. Le cheminement, toutefois ordinaire, nécessaire pour passer de la rencontre à la reconnaissance de l'autre est soumis à la progression de la relation construite par des contacts évités / recherchés, en force ou en frôlements érotiques, en élans joyeux ou en retenues prometteuses.

Faire s'échapper une technique circassienne de l'entité spectaculaire plus globale et ce en solo ou en petit groupe comporte un avantage certain pour la diffusion. Les créations sont en effet plus facilement programmables en salle, souvent de petit format et surtout moins chers, tant en cachet pour les artistes qu'en transport de matériel bien souvent limité à quelques accessoires. Sur le plan esthétique, le risque existe d'atteindre rapidement les limites du propos inhérent à la technique mobilisée et donc de tomber dans le piège de l'esthétisation.

En 2003, la compagnie crée Autour d'elles, pour quatre acrobates et deux musiciens, et, avec la volonté d'ennoblir la forme et d'en dépasser les limites, revendique la proximité liée à l'espace chapiteau, dans lequel : « le public est complice du choix, nous l'incluons dans la prise de décision par un regard et lui indiquons que pour lui aussi, c'est possible, il peut faire partie du spectacle » [2].

[1] Christian Coumin, comédien, auteur-compositeur, directeur artistique du Lido, metteur en scène et auteur, accompagne de nombreuses compagnies de cirque dans leur projet de création.

[2] Babeth Gros citée par Odile Cougoule, Arts de la piste, n° 37-38, Horslesmurs, 2006, p. 49.

Martine Maleval

Transcription

(Musique)
Journaliste
Sous le chapiteau, une pièce poétique pour 3 musiciens et 2 acrobates. Une histoire simple, sans parole, celle d’une rencontre amoureuse acrobatique. Tendre comme un baiser, fragile comme un équilibre, une histoire d’amour mimée et racontée avec subtilité.
(Musique)
Journaliste
Silence, ici, le langage est celui du corps et des gestes
(Bruit)
Intervenant 1
C’est un outil, la parole qu’on ne sait pas manier, qu’on n’a pratiqué et qu’on n’a pas envie de pratiquer. C’est vrai qu’on a un corps qui bouge, on a une acrobatie qui peut être riche et qui est riche, et que il y a énormément, énormément de choses à dire avec le corps. Un mot, c’est très précis, un geste ça peut vouloir dire trente mots, quarante mots ou cent mots quoi. Et c’est vrai que nous on préfère ça. On préfère ça que le spectateur s’imagine avec un geste, son histoire à lui.
Journaliste
Nul besoin de mots pour exprimer ses sentiments. Entre danse et pantomime, Pas touche terre est une histoire d’amour qui s’installe au fil des tableaux qui défilent. Excitation, doute, bonheur, comme dans une comédie inspirée du cinéma muet. Ils se cherchent, se trouvent, se taquinent au rythme de la musique et les morceaux sont pour moitié improvisés.
(Musique)
Intervenant 2
C’est clair qu’on n’a pas voulu un rapport qui soit purement illustratif ou purement décoratif ou voilà. Et c’est clair que c’est d’être en accord avec eux dans les intentions, dans ce qu’ils vivent eux, quoi, sur le plateau.
(Musique)
Intervenant 3
On s’épuise à se rencontrer, à jouer, enfin à vivre les choses. C’est vrai que la partie finale, on est fatigués, ça c’est sûr. Mais ça fait partie du … réellement c’est un acteur en fait, la fatigue. On l’a voulu comme ça.
Journaliste
Sur la piste, ces deux acteurs acrobates jouent leur rencontre amoureuse comme dans la vie, tantôt fougueuse, tantôt fragile. Seuls pour ne plus se quitter, ne plus toucher terre, l’amour est un vrai saut périlleux.