Compagnie Philippe Genty, Désirs Parade

21 décembre 1986
02m 57s
Réf. 00830

Notice

Résumé :

Jeux de matières se mouvant dans l'espace comme par magie, jeux de dédoublement des hommes ou de leurs créatures, jeux de disproportions entre objets et danseurs marionnettistes sur des musiques de René Aubry puis de Johann Strauss : des extraits du spectacle Désirs Parade mis en scène par Philippe Genty et Mary Underwood lors de sa création au Théâtre de la Ville en 1986.

Date de diffusion :
21 décembre 1986
Source :

Éclairage

Philippe Genty (né en 1938) est le marionnettiste français le plus célèbre. Il s'est fait connaître par le grand public, à partir de 1975, grâce à la réalisation d'une série télévisée, Gertrude et Barnabé, dont les numéros de marionnettes loufoques, tout en plumes, synthétisaient les compétences qu'il avait acquises dans de nombreux cabarets depuis une quinzaine d'années.

Dès 1980, la programmation fidèle de ses créations au Théâtre de la Ville à Paris, accompagnées de tournées internationales, confèrent une grande envergure, autant artistique que financière, au travail qu'il dirige mais n'interprète plus. La présence à ses côtés (dès les « années cabaret ») de la chorégraphe Mary Underwood accroît la précision gestuelle et rythmique de mises en scène qui combinent marionnettes de toutes tailles, pantomime, danse, et effets scéniques.

Quel que soit le titre de l'œuvre, les spectateurs sont toujours projetés par Philippe Genty au sein d'un univers excentrique à plusieurs degrés de lecture, inspiré par la psychanalyse. Un univers où la scène est le lieu de l'inconscient. Comme dans le processus des songes, une image en suscite une autre qui s'associe à la précédente. Une grande maîtrise de la notion de manipulation et le choix d'une lumière de pointe permettent de jouer sur l'illusion d'une autonomie des objets ou des matières, sur le morcellement des corps ou leur absence de pesanteur.

Après Rond comme un cube en 1980, dans Désirs parades, en 1986, le théâtre apparaît comme un creuset d'alchimiste d'où tout peut surgir et se transformer sous l'emprise de sens déboussolés : des créatures issues d'une cellophane en folie, des chaises-longues disproportionnées... Philippe Genty remarque lui-même : « Les objets et les matériaux me permettent de créer des obstacles physiques auxquels vont se confronter les comédiens. Cette confrontation physique est souvent la métaphore de conflits psychologiques sans en avoir le discours fréquemment intellectuel et ennuyeux ». A cela s'ajoute sa phobie des entrées latérales pour les interprètes. Aucune narration linéaire, quasiment jamais de mots, et aucune vraisemblance dans les comportements de ses personnages parmi lesquels on retrouve fréquemment des hommes identiques, à lunette noires, chapeaux et longs manteaux. Désirs parades est le début d'une association durable avec le compositeur René Aubry dont la musique à la fois légère et inquiétante est en osmose avec l'univers étrange mais humoristique de Philippe Genty.

Les chocs visuels, les mises en abîme, ou les énigmes de ce théâtre en perpétuelle métamorphose font rire ou trembler, et séduisent le spectateur alors assujetti à la prééminence de l'imaginaire, de l'indicible. Dédale est ainsi créé dans la Cour d'Honneur du Palais des Papes au Festival d'Avignon en 1997. Philippe Genty est invité à réaliser Océans et utopies pour l'Exposition Universelle de Lisbonne en 1998 et Le Concert incroyable avec quarante choristes et douze comédiens danseurs à la Grande Galerie de l'Évolution du Muséum d'Histoire Naturelle de Paris en 2001. La dernière en date des créations fantasmatiques à l'énorme succès de la compagnie Philippe Genty est Boliboc (2008) où un tourbillon de personnages se fait engloutir par une nébuleuse.

Evelyne Lecucq

Transcription

(Musique)