Répétition de Suite en Blanc avec Lifar
Notice
Reportage enchaînant des extraits de Suite en Blanc de la scène au studio, du spectacle avec orchestre à la répétition préalable au piano sous l'œil du maître qui définit au cours de deux interventions, le style néo classique de son ballet. Ghislaine Thesmar, Jean-Pierre Franchetti et Georges Piletta répètent le Thème Varié, tandis que Charles Jude et Noëlla Pontois travaillent et interprètent L'Adage que Serge Lifar appelle simplement le pas de deux.
- Europe > France > Ile-de-France > Paris > Opéra Garnier
Éclairage
En octobre 1977 Rolf Lieberman programme un « Hommage à Serge Lifar », qui marque le vingtième anniversaire du départ de l'Opéra de celui qui en fut le directeur de la danse et chorégraphe de 1929 à 1958 (moins deux années d'exil à Monte-Carlo en 1946-1947).
La soirée s'ouvre par le Défilé du corps de ballet sur la musique de Berlioz (Voir Défilé du corps de ballet de l'Opéra de Paris selon Lifar) suivi de Suite en Blanc (1943), Phèdre (1950) et Les Mirages (1947), soit trois des chefs d'œuvres les plus marquants de Serge Lifar parmi bien d'autres (Icare, Istar, etc....).
Serge Lifar a conçu Suite en Blanc sur des extraits de la magnifique musique qu'Edouard Lalo composa pour un grand ballet en deux actes, Namouna, crée en 1882 à l'Opéra dans une chorégraphie de Lucien Petipa frère de Marius Petipa. Serge Lifar en a conservé l'Ouverture et huit numéros. Dans son Livre de la Danse, il explique : « En composant Suite en Blanc je ne me suis préoccupé que de danse pure, indépendamment de toute autre considération : j'ai voulu créer de belles visions, des visions qui n'aient rien d'artificiel, de cérébral. Il en est résulté une succession de véritables petites études techniques, de raccourcis chorégraphiques indépendant les uns des autres, apparentés entre eux par un même style néo-classique » [1].
Dans ce reportage de 1977, il ajoute « C'est un ballet où l'on danse naturellement selon mon style néo-classique, où l'arabesque est déviée dans tous les sens, et n'est pas seulement une arabesque académique ».
En dépit de leur caractère abstrait, les huit numéros portent tous un titre, soit dans l'ordre : La Sieste, Thème Varié, Sérénade, Pas de cinq, La Cigarette (à le fin de sa variation la danseuse fait mine d'écraser une cigarette du bout de sa pointe !), Mazurka, Adage et La Flûte.
Suite en blanc, donné des centaines de fois à l'Opéra et sur bien d'autres scènes, est créé en 1943 dans un imposant décor Art Déco, parc ombragé, avec au fond une terrasse bordée d'arbres et de statues, terrasse à la quelle les danseurs accèdent par deux volées d'escaliers. Décor ramené aujourd'hui à un simple plateau surélevé sur fond de rideaux noirs, avec deux escaliers latéraux pour y accéder depuis le fond de la scène.
Suite en blanc est remonté par Serge Lifar sous le titre Noir et Blanc pour les Nouveaux Ballets de Monte-Carlo lors de son exil en 1946. Deux ans plus tard Lifar est de retour à l'Opéra, et le Marquis de Cuevas prend la direction des Nouveaux Ballets de Monte-Carlo, qui deviennent en 1949 les Ballets du Marquis de Cuevas. Le 21 mars 1957 les Ballets du Marquis de Cuevas affichent au programme de leur saison au Théâtre des Champs-Elysées Noir et Blanc. Serge Lifar en interdit les représentations et menace le Marquis d'un procès. Celui–ci passe outre, et à l'entracte fit mine de gifler « du bout des doigts » Serge Lifar présent dans la salle et qui réplique aussitôt par une provocation au duel. Les deux hommes se régalent en fait de l'incident et de l'énorme publicité faite par les médias autour de ce duel du siècle. Les témoins de Lifar sont deux premiers danseurs de l'Opéra, ceux du Marquis, le directeur du Théâtre des Champs-Elysées et....le jeune député Jean-Marie Le Pen ! Le duel à l'épée se déroule le 30 mars au Bois de Boulogne. Lifar est égratigné au bras, les deux hommes s'embrassent en pleurant et l'incident est clos !
[1] Citation tirée de Le Livre de la Danse de Serge Lifar, éditions du Journal Musical Français, 1954, pp. 186 et 187.