Les Indes Galantes de Rameau mises en scène par Maurice Lehmann à l'Opéra de Paris
Notice
A l'occasion d'une interview, Maurice Lehmann tente d'analyser le succès durable qu'a connu sa production des Indes Galantes de Jean-Philippe Rameau créée en 1962 à l'Opéra de Paris. Il explique ce succès par le fait qu'il s'agissait d'un grand divertissement adressé à un public populaire. Ses propos sont illustrés de croquis de décors et de costumes.
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Éclairage
De toutes les œuvres théatro-musicales que Jean-Philippe Rameau a composées après son premier opéra, Hippolyte et Aricie (1733), Les Indes Galantes est un des titres les plus fameux. Cela est dû à la qualité de la partition, d'une grande inventitivité et d'un raffinement harmonique et orchestral tout à fait exceptionnel, fruit des recherches que Rameau a menées pendant le cinquante premières années de sa vie.
Mais Les Indes Galantes est aussi devenu un titre fameux au XXe siècle grâce à une production qui a fait époque : celle que le metteur en scène et directeur de théâtre Maurice Lehmann présenta à l'Opéra de Paris en juin 1952, et qui fut donnée au gré de 286 représentations en treize ans. S'inspirant des opérettes et comédies musicales qu'il avait programmées avec un immense succès au Théâtre du Châtelet, du temps où il en était administrateur, Maurice Lehmann décida d'appliquer le même faste des décors et des costumes à l'ouvrage de Rameau, dans le but avoué d'attirer un public populaire dans le temples de l'art lyrique français. Cette tentative fut couronnée de succès.
Il faut dire que l'ouvrage de Rameau s'y prêtait bien. Cet opéra-ballet sur un livret de Louis Fuzelier se compose en réalité de quatre petits opéras indépendants, lesquels brodent sur une même thématique présentée dans le prologue : les Européens étant trop occupés par la guerre, Amour montre qu'il règne dans toutes les autres régions du monde, soit en Turquie, au Pérou, en Perse et en Amérique du Nord. Ce sujet étant surtout le prétexte à d'abondants tableaux et musiques de danse, Maurice Lehmann et son équipe n'ont pas lésiné sur les moyens. Sept peintres-scénographes ont été mis à contribution, parmi lesquels George Wakhevitch, Jacques Dupont et Chapelain-Midi; trois chorégraphes ont été sollicités (dont Serge Lifar); la distribution est nombreuse et les costumes pléthoriques. Quant au public, il fait un triomphe à ce spectacle qui connaîtra une incroyable longévité jusqu'en janvier 1965, date de sa dernière reprise.