Robert Carsen met en scène Le Songe d'une nuit d'été de Britten au Festival d'Aix-en-Provence
Notice
Dans un sujet d'actualité d'une émission musicale animée par Alain Duault, le directeur du Festival d'Aix-en-Provence Louis Erlo évoque le succès inattendu de la production du Songe d'une nuit d'été de Benjamin Britten mise en scène par Robert Carsen au Festival d'Aix-en-Provence en 1991. L'extrait qui s'ensuit montre la scène dans laquelle la reine Tytania séduit l'artisan Bottom transformé en âne.
Éclairage
Le compositeur britannique Benjamin Britten est l'un des compositeurs d'opéra les plus importants du XXe siècle. Ses ouvrages lyriques, de formes et de sujets très variés, ont su d'emblée s'inscrire au répertoire des théâtres du monde entier, notamment Peter Grimes (1945), Billy Budd (1951), Le Tour d'écrou (The Turn of the Screw - 1954) et Mort à Venise (Death in Venice - 1974). Son Songe d'une nuit d'été, créé au Festival d'Aldeburgh le 11 juin 1960, est une autre de ses œuvres les plus connues. Elle a été composée directement sur le texte de la pièce de Shakespare, légèrement coupé et restructuré pour l'occasion par Britten lui-même et Peter Pears, son principal interprète et compagnon. Leur adaptation préserve le mélange de comédie sentimentale et de féerie de l'original shakespearien, en mettant nettement en valeur le monde fantastique d'Obéron et Tytania, roi et reine des fées.
L'ouvrage, par la dimension raisonnable de son orchestre et par sa poésie nocturne, semblait rêvé pour la cour de l'Archevêché où ont lieu les représentations lyriques du Festival d'Aix-en-Provence depuis les origines de la manifestation en 1948. C'est donc là, en 1991, que Louis Erlo, alors directeur du Festival, décida de programmer l'ouvrage de Britten qui n'y avait encore jamais été donné. Il avait alors distribué tous les (nombreux) rôles à des chanteurs majoritairement anglais. A leur tête, le contre-ténor James Bowman, alors au sommet de sa notoriété, reprenait un rôle conçu à l'origine pour le fameux Alfred Deller. Autour de lui évoluaient beaucoup de jeunes talents qui n'allaient pas tarder à devenir les nouvelles « stars » de l'art lyriques des années 1990 et 2000, comme Lilian Watson (Tytania) ou Gerald Finley (Demetrius). Et surtout, il confiait la mise en scène à un jeune Canadien alors peu connu en France, dont la carrière allait connaître une accélération fulgurante grâce à ce spectacle : Robert Carsen.
Ce dernier articule toute sa mise en scène autour d'un lit géant, une couverture vert pomme suffisant à suggérer la forêt sous un ciel nocturne signifié par un cyclorama bleu dont se détache une lune. A l'acte II, l'immense lit se fragmente en de multiples lits doubles qui ne seront plus que trois à l'acte ultime, et d'autant plus marquants qu'ils flottent dans l'air selon la logique onirique adoptée pendant toute la soirée. La finesse de la direction d'acteur, l'inventivité des costumes, l'originale simplicité des décors de Michael Levine ont immédiatement assuré le succès phénoménal de ce spectacle, qui fut repris en 1992 à Aix puis dans d'innombrables villes jusqu'à aujourd'hui : Lyon, Strasbourg, Londres, Barcelone... Depuis cette époque, Robert Carsen s'est installé en France où il continue de mettre en scène des opéras, et il est actif dans le monde entier, du Metropolitan Opera de New-York à la Scala de Milan en passant par le Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg.