Peter Brook met en scène Don Giovanni au Festival d'Aix-en-Provence
Notice
En 1998, Peter Brook met en scène Don Giovanni de Mozart au Festival d'Aix-en-Provence. Ce reportage montre plusieurs extraits de ce spectacle dépouillé et ludique. Le baryton-basse Gilles Cachemaille parle de la mise en scène orientée sur le jeu, et Brook lui-même explique que l'humanité des personnages est au cœur de la musique de Mozart.
Éclairage
L'été 1998 marque un tournant dans l'histoire du Festival d'Aix-en-Provence: après plusieurs années plombées par des problèmes budgétaires qui ont réduit les ambitions de la manifestation, Stéphane Lissner en prend la direction et fête le 50e anniversaire du Festival en le réformant en profondeur. Il crée notamment une Académie de jeunes artistes, démultiplie les lieux des représentations et programme des artistes majeurs. Dans la cour du palais de l'Archevêché, qui demeure le cœur historique du Festival d'Aix, il ouvre son « ère » avec une production qui crée d'emblée l'événement grâce au retour du metteur en scène Peter Brook dans le monde de l'opéra, en association avec le fameux chef italien Claudio Abbado, pour monter l'œuvre emblématique du festival provençal, le Don Giovanni de Mozart.
Peter Brook a régulièrement mis en scène des opéras, notamment des versions de chambre de Carmen de Bizet et Pelléas et Mélisande de Debussy dans son Théâtre des Bouffes du Nord. Ici, il aborde l'œuvre de Mozart sans en réduire l'orchestration ni l'envergure formelle. Sa production se singularise par sa grande simplicité théâtrale: des costumes sans référence précise, un espace non-figuratif, délimité par de longs bâtons qui deviennent des accessoires à multiples fonctions, se mettent au service du jeu théâtral. La jeunesse et le dynamisme des deux jeunes distributions qui alternent permettent de renouer avec une certaine légèreté qui appartient au chef d'œuvre de Mozart, au même titre que la grandeur tragique.
Ce spectacle va rapidement devenir un « classique » du Festival d'Aix, où il sera repris au cours des années suivantes. Il fera aussi connaître quelques artistes à l'aube d'une prestigieuse carrière artistiques comme le baryton finlandais Peter Mattei dans le rôle-titre ou le jeune chef anglais Daniel Harding, qui alterne avec Abbado et donne ainsi le coup d'envoi à sa carrière internationale.