La mort de Don Giovanni au Festival d'Aix-en-Provence en 1969
Notice
Scène finale du Don Giovanni de Mozart au Festival d'Aix : au milieu des toiles du peintre Cassandre, le séducteur Don Juan donne un banquet auquel il a convié la statue du Commandeur qu'il a tué en duel. Sous les yeux terrifiés du valet Leporello, la statue entraîne Don Juan dans les enfers.
Éclairage
Le Don Giovanni de Mozart, chef d'œuvre absolu de l'histoire de l'opéra, est aussi un des ouvrages les plus populaires du répertoire occidental. Le livret de Lorenzo Da Ponte prend pour sujet l'un des mythes essentiels de l'Europe moderne, celle du libertin puni par le Ciel. Nettement influencé par la pièce de Molière Dom Juan et par le texte d'un opéra de Gazzaniga sur le même thème, le livret de Da Ponte mêle habilement des scènes de comédie typique de l'opéra buffa à des passages d'une authentique grandeur tragique. La musique de Mozart, sublime dans la truculence comique comme dans la profondeur la plus abyssale, lui confère un surcroît d'ambivalence. Tant et si bien que, depuis sa création à Prague en 1787, le Don Giovanni de Mozart a connu un succès qui ne s'est jamais démenti.
L'œuvre est notamment devenue emblématique du Festival d'Aix-en-Provence, manifestation mozartienne dès son inauguration en 1948, marquée par des représentations de Cosi fan tutte. Dès la deuxième édition du Festival en 1949, son directeur artistique Gabriel Dussurget a l'idée de programmer une nouvelle production de Don Giovanni dans une mise en scène de Jean Meyer et des décors réalisés par le peintre Cassandre. Ce dernier conçoit des toiles qui stylisent la Séville où se déroule ce dramma giocoso, avec ce qu'il faut d'atmosphère et de magie théâtrale pour mettre en valeur situations et personnages. Ce spectacle d'emblée fêté par le public et la critique va rapidement devenir mythique, au point d'être repris très régulièrement au Festival jusqu'en 1972.
L'extrait présenté ici provient de la dernière des quatre captations intégrales réalisées au cours de ces vingt-trois années. C'est la seule qui soit en couleur. On y voit le baryton-basse français Roger Soyer (Don Giovanni), le baryton américain Donald Gramm (Leporello) et la basse française Pierre Thau (la statue du Commandeur), tous placés sous la direction de Jerzi Semkow.