Alberto Moravia à propos de L'Ennui
Notice
Entretien avec Alberto Moravia à propos de son dernier roman L'Ennui. L'auteur évoque le sujet de son livre, l'impossibilité de posséder un être et l'incommunicabilité entre deux personnes.
Éclairage
L'enfance d'Alberto Pincherle (1907-1990) dit Alberto Moravia (du nom de sa grand-mère paternelle) est marquée par la tuberculose osseuse et huit années de sanatorium qu'il met à profit pour découvrir la littérature et écrire Les Indifférents (1929), considéré par la critique comme l'un des premiers romans existentialistes européens, qui lui vaut - en même temps que le succès - l'hostilité du régime fasciste.
Préférant s'éloigner dans un premier temps de l'Italie pour voyager en compagnie de sa première femme, l'écrivain Elsa Morante, il y revient après avoir publié Les Ambitions déçues (1935), une oeuvre censurée qui lui vaut d'être qualifié de subversif par les autorités.Il se cache alors dans la campagne romaine où ses romans prennent une tournure plus sociale, alors que se forme sa conscience politique et se renforcent ses liens avec le Parti Communiste, dont il sera plus tard député européen (Agostino, 1944).
Après la guerre et sa mise à l'index par l'Eglise en 1952, son oeuvre prend un tour plus psychologique, Moravia se délectant à disséquer les moeurs de la société bourgeoise romaine (Nouvelles romaines (1954)), les relations amoureuses au sein du couple (Le Mépris (1954), adapté au cinéma par Godard) mais aussi la frustration de l'homme moderne dans la société industrielle régie par l'argent et le matérialisme (L'Ennui (1960)).