Ingmar Bergman

21 avril 1959
03m 01s
Réf. 00008

Notice

Résumé :

Ingmar Bergman répond aux questions d'André Parinaud sur les metteurs en scène de théâtre et de cinéma qu'il admire, les pièces françaises qu'il souhaiterait mettre en scène, les différences entre mise en scène de théâtre et de cinéma, et le désespoir qui hante ses premiers films.

Type de média :
Date de diffusion :
21 avril 1959
Source :
ORTF (Collection: JT NUIT )

Éclairage

Connu en France pour ses films dans les années 50 (Eternel mirage, Sourires d'une nuit d'été, Le Septième Sceau et Au seuil de la vie ont été présentés en compétition au Festival de Cannes), le Suédois Ingmar Bergman (1918-2007) a entamé une carrière de metteur en scène 10 ans avant de devenir cinéaste et l'a poursuivie jusqu'aux années 2000.

Directeur du théâtre de Malmö de 1953 à 1960 puis de celui de Stockholm, il y monte en 1958 Les Gens du Värmland, souvenir ému des Noëls de son enfance. Ce Roméo et Juliette du cru signé Fredrik August Dahlgren relate le destin de deux familles de paysans, l'une riche, l'autre pauvre. En 1959, Bergman vient présenter cette "saga" en France avec une troupe d'acteurs en partie familière au public cinéphile puisqu'on y trouve Bibi Andersson, Max von Sydow et Gunnel Lindblom.

Interrogé sur ses goûts en matière de théâtre français, il rappelle qu'il a mis en scène Molière (Le Misanthrope), Albert Camus (Caligula) ou encore Jean Anouilh (Médée). S'il distingue nettement ses activités de metteur en scène (son travail) et de cinéaste (sa passion), il résume sa quête dans les deux domaines : "Dire la vérité de la condition humaine".

Charlotte Garson

Transcription

André Parinaud
Bienvenue à Ingmar Bergman, et vous nous excusez d'avoir choisi cette ambiance un peu agitée d'un aérodrome, d'un bar d'aérodrome pour vous causer et vous poser quelques graves questions. Ingmar Bergman, j'aimerais d'abord que vous nous disiez, puisque vous êtes avant tout un metteur en scène de théâtre, quels sont les metteurs en scène mondiaux que vous aimez, que vous estimez au-dessus de tout et qui vous inspirent.
Ingmar Bergman
Quand j'étais un jeune homme, j'ai vu les films français et j'ai admiré Duvivier, Carné, très beaucoup, René Clément naturellement.
André Parinaud
Vous nous citez, là, des metteurs en scène de cinéma, mais parmi les metteurs en scène... les grands metteurs en scène de théâtre ?
Ingmar Bergman
Nous avons, en Suède, une très grand tradition de metteur en scène, et c'est deux metteurs en scène suédois qui sont mes maîtres. C'est Molander et [Schubary].
André Parinaud
Vous avez mis en scène deux grands auteurs français : un classique qui est Molière et un moderne qui est Jean Anouilh. Mais quels sont les autres auteurs français, les autres pièces françaises que vous souhaiteriez mettre en scène également ?
Ingmar Bergman
Camus et Ionesco.
André Parinaud
Quelle pièce de Camus et quelle pièce de Ionesco ?
Ingmar Bergman
C'est très difficile, maintenant, à dire. Mais je fais Calligula et Ionesco, je ne sais pas les noms français de ces pièces.
André Parinaud
Les Chaises, peut-être, de Ionesco ?
Ingmar Bergman
Oui, Les Chaises, oui.
André Parinaud
Est-ce qu'il y a une grande différence pour vous entre la mise en scène de théâtre et la mise en scène de cinéma ?
Ingmar Bergman
Oui, c'est très une grande différence. J'aime beaucoup mettre en scène du théâtre. C'est une profession. C'est mon profession et c'est nécessaire pour moi. Et mettre en scène des films, c'est mon passion.
André Parinaud
Votre passion, votre grand plaisir. Je voudrais vous poser une dernière question. La Suède est un des pays les plus évolués d'Europe socialement et économiquement, or la plupart de vos films, surtout vos premiers films, sont pleins d'amertume, de désespoir et même de cruauté. Comment le bonheur suédois vous a-t-il inspiré ces sentiments ?
Ingmar Bergman
Je ne cherche que dire la vérité de la condition humaine.
André Parinaud
Et bien, nous attendons maintenant, avec impatience, votre saga. A bientôt. Nous allons aller vous applaudir.
Ingmar Bergman
Merci monsieur.