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Michael Cacoyannis met en scène Roméo et Juliette

26 avril 1968
05m 55s
Réf. 00053

Notice

Résumé :

Reportage sur les répétitions de Roméo et Juliette, mis en scène par Michael Cacoyannis au TNP de Paris. Entretien avec le metteur en scène, les comédiens, et extraits des répétitions.

Type de média :
Vidéo
Date de diffusion :
26 avril 1968
Source :
ORTF (Collection: Panorama )
Personnalité(s) :
Georges Wilson / Jacques Copeau / Robert Benoît / Francine Racette / Michael Cacoyannis / Jean-Pierre Cassel / Lise Delamare / Jacques Mauclair / William Shakespeare
Thèmes :
Lieux :

Éclairage

Michael Cacoyannis est né à Chypre en 1922. Il étudie le droit à Londres avant de se tourner vers une carrière artistique. Il produit des programmes de radio grecs à la BBC et étudie la mise en scène et le jeu d'acteur.

Passionné par les destins tragiques, il devient scénariste, producteur et réalisateur de ses films, et metteur en scène pour le théâtre. De retour en Grèce en 1952, il obtient le succès au cinéma avec Windfall in Athens. Il réalise également Stella (qui révéla l'actrice Mélina Mercouri), La Fille en noir, Électre (qui reçut plusieurs prix dans le monde, notamment le Grand Prix du Jury à Cannes en 1962), Zorba le Grec (nommé trois fois aux Oscars en 1964), Iphigénie (1977) et plus récemment La Cerisaie (1999).

Au théâtre, ces principales mises en scènes sont Les Troyennes, programmée au Théâtre national populaire en 1965 dans l'adaptation de Jean-Paul Sartre, Iphigénie (1967), Roméo et Juliette (1968), Les Bacchantes (1977).

Claire Libbra

Transcription

Journaliste
Roméo, Robert Benoît, lauréat du dernier concours du conservatoire. Juliette, Francine Racette, une jeune québécoise venue à Paris voici quatre mois. Lise Delamare, Jacques Mauclair et Jean-Pierre Cassel complètent la distribution du Roméo et Juliette de Shakspeare, dans l'adaptation de Jacques Copeau. Présenté en ce moment même à la presse, au théâtre national populaire. Metteur en scène Michel Cacoyannis, le réalisateur d'Electre et de Zorba le Grec. Grec, il l'est aussi, mais sa formation théâtrale est anglaise. Cet ancien avocat est devenu l'un des meilleurs metteurs en scène contemporains. Georges Wilson, après le succès des Troyennes, a fait une nouvelle fois appel à lui pour monter Shakespeare à Paris. En suivant les répétitions depuis le début, nous avons voulu vous montrer le travail d'un très grand homme de théâtre, face à un texte et à des acteurs.
Jean-Pierre Cassel
Je me sens comme rarement j'ai été avec un metteur en scène, au point de vue de la liberté de travail. C'est-à-dire qu'il est extraordinairement précis, et il vous donne l'impression de vous laisser faire n'importe quoi.
Lise Delamare
Il est doucement brutal, je pense. C'est très difficile parce qu'il demande beaucoup de nous, mais c'est extraordinaire de travailler avec un gars qui croit en nous, qui nous demande encore plus qu'on pourrait croire de nous. C'est-à-dire qu'avec nous, il exige beaucoup plus parce qu'il sait qu'il faut nous le demander, parce qu'on n'a pas fait de théâtre. Le soir de la première je serai peut-être avec un énorme trac, je ne serai peut-être pas capable de jouer. Alors il faut qu'il me donne une technique pour pouvoir me démerder, c'est vrai.
Robert Benoît
Ce que j'ai le plus admiré en lui, c'est sa patience. Il a une patience comme il dit : « j'ai une patience d'âne ». Et c'est vrai parce que je suis un fil de fer en acier, vraiment j'étais très dur à plier et à manoeuvrer. Je ne savais pas bouger, je ne savais presque pas parler, enfin j'avais beaucoup de choses qu'il m'a données que moi je ne savais pas.
Michel Cacoyannis
On ne peut pas! quand on est très émotionné, on n'arrête pas comme ça!
(Silence)
Michel Cacoyannis
On est comme ça. On n'est pas...
Journaliste
Et vous ne vous êtes pas un peu rebellés par moment non ?
Robert Benoît
Si parce que j'ai un tempérament, je ne sais pas, on a toujours un peu d'orgueil, de pudeur, surtout de la pudeur je crois, de la mauvaise pudeur d'ailleurs. Je ne sais pas, on n'ose pas, on n'ose pas dire certaines choses en public comme ça devant les camarades quand on répète. On n'ose pas être mauvais, on a peur d'être mauvais, et j'ai appris qu'il faut d'abord être mauvais avant d'être bon.
Michel Cacoyannis
Il y a le défaut un peu français, où tout devient pas logique, ils croient que c'est logique mais ils expliquent. Il ne faut pas expliquer les choses, il faut les vivre. On le comprend mieux s'il y a la logique émotionnelle. Ce n'est pas de faire un discours au public. Il faut vivre le rôle et on le comprend.
Séance de travail.
Michel Cacoyannis
Parfois j'impose des choses parce que c'est l'esprit total qui doit sortir où la personnalité de l'acteur doit être intégrée. Ca doit créer un moment qui est plus est important pour la pièce que pour le caractère. Alors, c'est là que j'interviens, par exemple je veux parfois des choses anti-émotion.
Séance de travail
Michel Cacoyannis
Il ne faut pas par exemple s'il y a un crescendo à faire qu'on commence trop tôt, alors j'impose, je dis bon, ça c'est trop tôt. Si tu mets trop d'émotion à ce moment-là, comment tu vas arriver à pousser le cri intérieur comme ça, où mettre l'accent, où l'accent doit être mis pendant cette scène-là naturellement.
Séance de travail
Journaliste
Est-ce que vous avez la sensation d'être un metteur en scène très autoritaire ?
Michel Cacoyannis
Moi, ils me disent que oui, les autres quoi. Malgré tout, je dois dire que mes rapports avec les acteurs sont merveilleux, je n'ai jamais eu de difficultés avec les acteurs. Parce que je ne demande pas des choses ni impossibles ni fausses, j'espère.