John Mc Gahern

12 mars 1996
04m 20s
Réf. 00233

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Résumé :

John Mc Gahern répond avec humour aux questions de Laure Adler. Il explique qu'il écrit en anglais mais que cette langue est pleine de rythmes irlandais. Il parle aussi de son attirance pour la littérature française et italienne dans sa jeunesse, et des mystères qui hantent la littérature irlandaise.

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Date de diffusion :
12 mars 1996
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Éclairage

Si John McGahern (1934-2206) est l'un des écrivains irlandais les plus célèbres, c'est sans doute tout autant grâce au succès de son premier roman La Caserne (1963), qu'à cause de la censure qui le frappe suite à la parution de son second roman L'Obscur (1965), dans lequel il met en scène un père abusant de son fils adolescent.

La pression morale et religieuse qui règne alors en Irlande l'oblige à quitter son poste d'instituteur et à émigrer en France, en Espagne, en Angleterre puis aux Etats-Unis jusqu'en 1975. De retour dans son pays, il publie de nombreux romans, dont Journée d'adieu (1983), Le Pornographe (1979) ou Pour qu'ils soient face au soleil couchant (2003), qui ont pour décor l'Irlande rurale, et présentent un regard acide et ironique sur des comportements rigides et moraux. Les recueils Les Huîtres de Tchekov (1978), Haute-Terre (1985) et Les Créatures de la terre (1994) le font considérer comme le maître contemporain de la nouvelle.

Aurélia Caton

Transcription

Laure Adler
Alors John Mc Gahern, on dit que, et Richard [Coney] vient de le dire que, effectivement, il y a le gaélique comme fantôme de votre langue. On dit aussi que les Britanniques vous ont donné une langue pour que vous, Irlandais, vous en fassiez de la littérature. Est-ce que c'est vrai ?
John Mc Gahern
(Traduction) Non, j'écris en anglais, et les lois du langage sont britanniques, anglaises. (Traduction) Mais la langue parlée est plein de rythmes irlandais, c'est un petit peu comme les fantômes de la langue qui se trouvent dans l'anglais.
Laure Adler
Oui mais ce fantôme, il envahit quelle région ? La région du coeur, la manière de penser, de percevoir ?
(Silence)
John Mc Gahern
(Traduction) C'est celui qui appartient au commun en fin de compte. (Traduction) Ce qui est plus important que le français, mais la langue que j'aime c'est l'anglais, mais par exemple, lorsque j'étais jeune, j'étais beaucoup plus attiré par la littérature française, et par la littérature italienne comme chercheur en traduction que par la littérature anglaise. (Traduction) Parce que, en raison de l'influence de l'église catholique, je ne sais pas, je pense, d'une certaine manière, la littérature anglaise était de mauvais goût. (Traduction) De traiter des mystères, de traiter des origines, et une véritable étude de ce qu'est l'homme. (Traduction) On s'occupe beaucoup des mystères en Irlande.
Laure Adler
Voilà, alors pourquoi s'occupe-t-on beaucoup des mystères ? On sait bien que les paysages y sont magnifiques, on en a vu quelques images, vous dites que dans votre langue, il y a comme un fantôme, le gaélique. C'est un pays aussi de superstitions, c'est un pays de contes, c'est un pays de mythologie, est-ce que les Irlandais sont comme les autres ?
John Mc Gahern
(Traduction) Je pense que la poésie et la religion et la superstition sont très proches.
Laure Adler
Pourquoi ?
John Mc Gahern
(Traduction) Je pense que vous posez des questions qui n'ont pas de réponses.
Laure Adler
C'est trop mystérieux pour pouvoir être dit ?
John Mc Gahern
(Traduction) Je crois que on ne peut répondre à ce genre de questions, tout ce qu'on peut faire, c'est poser les bonnes questions. (Traduction) Comme les prières qui ne peuvent être répondues. (Traduction) Elles doivent être dites complètement, parce que ce sont simplement des débuts, des commencements et leur propre fin.
Laure Adler
Alors je vais tenter de vous poser une question correcte, est-ce que vous pouvez décrire l'endroit où vous vivez en ce moment, John Mc Gahern ?
John Mc Gahern
(Traduction) C'est [incompris] Leitrim, qui font parfois des plaisanteries sur cet endroit, notamment, ils disent que lorsque les corbeaux survolent cette région, ils emportent leur déjeuner. (Traduction) C'est très beau, ce sont des montagnes, des lacs, mais ils disent aussi que vivre à Leitrim, c'est comme lorsque les gens mettent des animaux sur les toits, parce que c'est beau mais il n'y a rien à manger.
Laure Adler
Donc l'Irlande, c'est aussi le pays de la cruauté ?
John Mc Gahern
(Traduction) Je crois que chaque pays est un pays de cruauté, que la civilisation est très fragile.