Aimé Césaire, poète de la négritude

28 octobre 1990
01m 26s
Réf. 00412

Notice

Résumé :

Aimé Césaire, poète et homme politique martiniquais, défend le concept de négritude. La société antillaise doit assumer l'héritage des esclaves africains et exprimer avec fierté cette part de son identité, qui se traduit notamment dans la langue créole.

Type de média :
Date de diffusion :
28 octobre 1990
Source :
RFO (Collection: Mascarines )
Thèmes :

Éclairage

Né en Martinique en 1913, Aimé Césaire arrive en France à l'âge de 18 ans pour poursuivre ses études. C'est élève à l'Ecole Normale Supérieure qu'il fonde en 1934 la revue "L'Etudiant noir", avec entre autres Léopold Sédar Senghor. Il commence à écrire en 1936.

Son oeuvre poétique sera le berceau du mouvement de la négritude. Ce mouvement littéraire, dans lequel on retrouve Senghor ou Léon Gontran, revendique l'identité noire et sa culture face à une francité perçue comme oppressante. Sartre le définira comme "la négation de la négation de l'homme noir". Le Cahier d'un retour au pays natal (1939) est écrit après son retour en Martinique. Il y sera enseignant, ainsi que fondateur de la revue "Tropiques".

Il fait également de la politique, militant dans les rangs du Parti communiste français qu'il quittera en 1956 pour fonder deux ans plus tard le Parti progressiste martiniquais (PPM). En 1945 il devient maire de Fort-de-France et député de la Martinique. Son Discours sur le colonialisme (1950) dira sous la forme du pamphlet toute son hostilité au colonialisme européen. Il publie de nombreux recueils ; La Poésie (1994) sera le dernier. Il s'est éteint en 2008, et la France lui a offert des funérailles nationales.

Aurélia Caton

Transcription

Présentatrice
Monsieur Gala, on se retrouve tout à l'heure. Maintenant qu'est-ce que le créole, voici la définition que donne Aimé Césaire du créole antillais.
Aimé Césaire
Quand j'ai dit une fois devant le général de Gaulle que notre histoire commençait dans la cale des bateaux négriers, il paraît qu'il y a des martiniquais, et très assimilés, qui ont été, tout à fait vexés, tout à fait offusqués, mais c'est ça le fait premier. Il ne faut pas en avoir honte. C'est ça la vérité. Si quelqu'un doit avoir honte, ce sont ceux qui ont fait la traite et non pas ceux qui ont subi la traite. Bon ! Comment peut-on comprendre, la société martiniquaise, si on ne tient pas compte, que c'est une société coloniale et raciste ? Comment peut-on comprendre la langue martiniquaise, la vrai langue martiniquaise, le créole, si on ne tient pas compte du fait que c'est une langue qui a été formée et avec des mots français ou des débris de mots français, mais qui ont été restitués par des gosiers, selon les règles implacables de la phonétique africaine, et agglutinés entre eux, selon les règles entre la syntaxe africaine, ça me parait évident. Autrement dit si on ne veut pas rester à la surface des choses, eh bien on est obligé d'en revenir à ce fait premier à savoir que nous sommes mélangés certes mais que nous sommes des africains de la diaspora.