L'insurrection du 20 août 1955 et ses suites

26 août 1955
27s
Réf. 00048

Notice

Résumé :

Images des obsèques des Européens victimes du FLN à Philippeville.

Date de diffusion :
26 août 1955
Source :

Éclairage

Les journées d'émeutes des 20 et 21 août 1955 se déroulent dans le Constantinois où la coexistence des communautés européenne et musulmane est particulièrement tendue. L'initiative de l'insurrection revient à Zighout Youssef, successeur de Mourad Didouche à la tête de la zone nord Constantinois pour l'ALN (Armée de libération nationale), appuyé par son adjoint Lakhdar Ben Tobbal. L'enjeu pour le FLN est de faire preuve de sa capacité militaire à mobiliser les masses musulmanes et de sa volonté politique d'être le seul leader dans la lutte nationaliste. Les événements se déroulent dans la zone Collo – Philippeville – Constantine – Guelma. D'une part, quelques centaines de soldats de l'ALN en uniforme attaquent sans grande réussite des postes de police et de gendarmerie et divers autres bâtiments publics. D'autre part, plusieurs milliers de fellahs et de femmes recrutés dans les campagnes avoisinantes se lancent à l'assaut d'une trentaine de villes et villages. Français et Algériens sont assassinés à coups de haches, de serpes, de pioches ou de couteaux. Les attaques par des bandes armées et les attentats individuels se poursuivent le lendemain, 21 août. Le bilan compte 123 morts dont 71 dans la population européenne.

En état d'alerte, l'armée française riposte aussi promptement que brutalement. Parallèlement des milices privées se constituent, encouragées par le maire de Philippeville, pour traquer les musulmans. La répression - qui n'est absolument pas mentionnée dans le sujet - est d'une immense violence et fait officiellement 1 273 morts. Les victimes sont très certainement bien plus nombreuses. Le FLN avance de son côté le chiffre de 12 000 morts. Ces dramatiques événements achèvent de dresser les communautés européenne et musulmane l'une contre l'autre. L'insurrection menée par le FLN dans la région ne faiblit pas, au contraire, de même que la répression de l'armée.

Le gouverneur général Jacques Soustelle est bouleversé par le spectacle des cercueils alignés et leurs funérailles en présence de très nombreuses personnes entourant les familles en pleurs. C'est cet événement (sans la présence de Soustelle) qui est traité dans ce reportage lacunaire réalisé pour les Actualités françaises. Soustelle laisse ensuite priorité à l'armée pour rétablir l'ordre et ne songe plus à un quelconque dialogue.

Peggy Derder

Transcription

Journaliste
Aux cercueils d’Oued Zem, des cercueils de Philippeville font un triste écho. Dans une atmosphère tendue, le port du Constantinois a enterré ses morts. Les 54 cercueils des victimes de la tuerie du 20 août ont reçu l’absoute au milieu du désespoir des familles.
(Bruit)
Journaliste
Au loin, les mitraillettes claquent encore…