Attentat du Casino de la Corniche [muet]

11 juin 1957
01m 27s
Réf. 00053

Notice

Résumé :

[Document muet] Le 9 juin 1957, une bombe posée par le FLN explose au casino de la Corniche à Alger, faisant 8 morts et 92 blessés.

Date de diffusion :
11 juin 1957
Source :
ORTF (Collection: JT 20H )
Lieux :

Éclairage

La fin de l'année 1955 et les premiers mois de 1956 sont marqués en Algérie par une montée en puissance des attentats terroristes en milieu urbain. Des commandos sont constitués par le FLN. Ils s'attaquent alors en priorité aux responsables du parti messaliste rival, le MNA, à des policiers et à leurs indicateurs. Le vieux quartier de la Casbah est l'épicentre algérois du terrorisme FLN, sous l'impulsion de Yacef Saadi puis d'Ali Amara surnommé Ali la Pointe. Lors du Congrès de la Soummam en août 1956, le FLN mentionne que le terrorisme urbain doit prendre pour cible les quartiers européens. Dans la nuit du 10 août 1956, l'attentat de la rue de Thèbes perpétré par un groupe d'activistes de l'ORAF (Organisation de la résistance de l'Algérie française) fait 15 morts selon la police, 70 selon le FLN. Il n'existe aucune image. Cet événement finit de convaincre le FLN de cette nouvelle orientation vers le terrorisme urbain. Alger et sa banlieue, dans la foulée du Congrès de la Soummam, sont définies en Zone autonome (ZAA) sous la responsabilité de Larbi Ben M'hidi et Yacef Saadi, ce dernier mettant en place un véritable réseau de poseurs de bombes. Il s'agit en fait le plus souvent de jeunes femmes, comme Samia Lakhdi, Djamila Bouhired ou Zohra Drif, a priori moins surveillées. Le premier coup est fixé au 30 septembre 1956. Les trois premiers objectifs sont les locaux du terminus d'Air France et deux cafés très fréquentés par la jeunesse européenne : le Milk Bar et la Cafétéria. La première, déposée par Djamila Bouhired, n'explose pas, mais on relèvera dans les deux cafés quatre morts et 52 blessés, beaucoup très grièvement. Les actions terroristes se poursuivent en novembre et décembre et la psychose s'installe.

En janvier 1957, Robert Lacoste confie au général Massu, commandant de la 10ème division d'infanterie parachutiste, la totalité des pouvoirs de police dans l'Algérois. La bataille d'Alger commence avec pour objectifs affichés par la France : l'anéantissement des terroristes, le démantèlement du FLN, le revirement de la population musulmane. Le quadrillage est serré, la répression est impitoyable avec le recours à la torture. Pourtant, fin janvier de nouvelles bombes posées par le FLN dans des cafés et des stades font 15 morts et 68 blessés. Mais la riposte française permet la saisie de matériel et d'explosifs et de nombreuses arrestations dont celle de Larbi Ben M'hidi. Après ce coup porté à la ZAA, le nombre d'attentats chute mais Yacef Saadi n'entend pas baisser les armes.

Les attentats reprennent début juin. Le 9 juin 1957, une bombe explose au dancing du casino de la Corniche et fait 8 morts et 92 blessés, dont ceux filmés ici à l'hôpital pour ce reportage du Journal télévisé. L'émotion est immense.

La répression reprend avec les mêmes méthodes et la même efficacité, avec néanmoins une innovation : le recours à des « rebelles repentis » surnommés « bleus de chauffe » qui ont pour mission de s'infiltrer dans les réseaux FLN. Ils permettent l'arrestation de responsables de haut niveau, y compris Zohra Drif et Yacef Saadi capturés le 24 septembre 1957. L'organisation politico-militaire du FLN à Alger est littéralement décapitée.

Peggy Derder