Mort d'Amirouche

01 avril 1959
28s
Réf. 00057

Notice

Résumé :

Mort d'Amirouche, colonel dans la wilaya III (Kabylie), tué par l'armée française lors d'une embuscade en mars 1959.

Date de diffusion :
01 avril 1959
Source :
Lieux :

Éclairage

Amirouche Aït Hamouda, né en 1926 à Tassaft (Tizi Ouzou), est un militant nationaliste de la première heure, d'abord au sein de l'Organisation Spéciale du MTLD à Alger puis à Paris ; puis il rejoint les rangs de l'ALN dès 1954. Après la mort de son chef, il prend de sa propre initiative le commandement du maquis de la zone de Michelet. Il se trouve ensuite rapidement à la tête de huit cents hommes et devient le numéro 2 de la wilaya III (Kabylie). A l'été 1956, il est chargé de la sécurité du Congrès de la Soummam. À l'été 1957, il est nommé au grade de colonel de la wilaya III, après que Belkacem Krim et Saïd Mohammedi aient rejoint le CCE (Comité de coordination et d'exécution).

En 1958, le capitaine Léger, spécialiste de « l'action psychologique », réussit à entraîner Amirouche dans une immense traque aux suspects, qui joueraient un double jeu en renseignant l'armée française. Ce phénomène surnommé la « bleuite », d'après les bleus de travail portés par certains ralliés, provoque d'importantes purges en 1958-1959, qui auraient fait au total 2000 victimes. Amirouche alerte le CCE et obtient la création d'une Commission spéciale d'investigation et de contre-espionnage (CSICE).

Début mars 1959, Amirouche entreprend un voyage vers Tunis pour y rencontrer le GPRA, accompagné d'une quarantaine de soldats de l'ALN. L'armée française, informée de leur itinéraire, tend une embuscade qui donne lieu à un combat particulièrement violent. Celui-ci se traduit le 29 mars 1959, par la mort d'Amirouche et du colonel Si Haoues de la wilaya VI (Sud) qui l'accompagnait, ainsi que de trente-quatre soldats de l'ALN tandis que cinq autres sont faits prisonniers.

La mort d'Amirouche donne lieu à une importante exploitation médiatique. Il incarne aux yeux du FLN le moudjahid par excellence, aux yeux de l'armée française, le « rebelle » numéro un, le « hors-la-loi », l'ennemi à abattre. L'exhibition du cadavre d'Amirouche dans la presse écrite et télévisée entre dans les caractéristiques de la propagande en temps de guerre et a pour objectif d'humilier l'ennemi.

Peggy Derder

Transcription

Journaliste
Venant à la suite de la reddition de Ali [Ambri] et de sa katiba, la mort d’Amirouche, chef de la Wilaya III, dont le renom sanglant couvrait toute l’Algérie, est un nouveau coup porté à la rébellion. Dix-huit de ses parents ou de ses anciens compagnons ont été amenés au bordj Laga afin de reconnaître, officiellement et sans conteste, le cadavre du chef fanatique, « mort, comme l’a dit Monsieur Delouvrier, pour un combat qui a, depuis longtemps, perdu toutes ses raisons ».