La manifestation de l'UNEF
Notice
Manifestation de l'UNEF à la Mutualité à Paris, pour la paix en Algérie.
Éclairage
En octobre 1960, dans un contexte où la désertion et l'insoumission ont plusieurs fois fait l'objet de prises de position – par exemple au cours du procès des membres du réseau Jeanson en septembre 1960, où à l'occasion de la publication du Manifeste des 121 -, l'UNEF (Union nationale des étudiants de France) - en accord avec la FEN (Fédération de l'Éducation nationale) – organise une manifestation de grande ampleur. L'objectif est de protester contre la guerre d'Algérie et d'encourager les négociations. Il vise aussi la mobilisation des forces de gauche.
En fait, en juin 1960, l'UNEF s'est publiquement rapprochée de son homologue en Algérie, l'UGEMA (Union générale des étudiants musulmans Algériens), une association liée au FLN. De plus, sa base est sensible aux arguments défendus par le mouvement Jeune résistance qui mène un combat en faveur de la désertion.
Pour autant, le projet de manifestation ne fait pas l'unanimité. Contestée par l'UD CGT de la Seine (qui appelle à un arrêt de travail d'une heure et à des rassemblements en banlieue), la CGT et le PCF, elle fait par ailleurs l'objet d'une interdiction préfectorale. Toutefois, le 27 octobre 1960, une manifestation de masse se déroule à Paris. Elle est violemment réprimée par les forces de l'ordre et fait de nombreux blessés. De plus, des manifestations sont organisées en province. Comme c'est le cas à Paris, elles aussi sont soutenues par le PSU (Parti socialiste unifié).
De ce mouvement résultera une reconfiguration du champ politique, le PC ayant été désavoué au profit de modes d'action plus clairs. À terme, ce sont les syndicats - mais sans l'UNEF - qui sortiront gagnants de cette évolution.
Les images diffusées aux Actualités françaises le 2 novembre 1960 sont à la fois prévisibles et surprenantes. Prévisibles parce que, d'une part, les organisateurs de la manifestation du 27 octobre 1960 prévoyaient que celle-ci serait de grande ampleur et que, d'autre part, dès lors qu'elle était interdite, elle ne pouvait qu'être réprimée.
Mais si ces images sont également surprenantes, c'est au vu du contexte de censure de l'époque. En effet, elles ne masquent pas la violence, particulièrement celle qui s'exerce sur les jeunes. Des coups sont portés, le spectateur en voit les effets. De même qu'il constate que la préfecture n'a pas lésiné sur les moyens mis en place pour contrer les manifestants. D'une certaine façon, ces images filment la répression alors que les manifestants encourageaient la recherche de négociations.