Conférence de Bandung
Notice
La Conférence de Bandung qui s'est déroulée sur l'île de Java du 18 au 25 avril 1955 a réuni des délégations venues d'Afrique, d'Asie et du Proche-Orient. Elle a marqué l'émergence des pays du Tiers-Monde sur la scène médiatique et internationale.
Éclairage
La conférence de Bandung se tient du 18 au 25 avril 1955 en Indonésie. Le Président Soekarno est l'hôte de 29 délégations venues d'Afrique, d'Asie et du Proche-Orient et qui ont toutes en commun d'appartenir à ce que le démographe français Alfred Sauvy a désigné en 1952 sous le terme de "Tiers-monde" (regroupant les pays récemment décolonisés qui connaissent un forte croissance démographique et un retard économique).
Cette conférence est perçue par Senghor, alors envoyé officiel français et futur président du Sénégal, comme un "coup de tonnerre". En effet, les Etats-Unis et l'URSS ont été tenus à l'écart des débats et c'est ce qui explique en partie la curiosité médiatique qui entoure l'événement. De plus, dans le communiqué final, ces pays appellent à la poursuite de la décolonisation en Afrique (dont certains pays encore colonisés sont invités en tant qu'observateurs) [1] et à la non-ingérence des grandes puissances dans leurs affaires intérieures. Ils adoptent également le principe d'une coopération internationale pour aider au développement des pays les plus pauvres.
Mais au terme de cette conférence, utilisée comme vitrine internationale pour des pays comme la Chine (représentée par son ministre des Affaires Etrangères Zhou Enlai), des divergences d'opinions apparaissent entre pays pro-occidentaux, communistes et neutralistes. Elles ne permettent pas aux délégations présentes d'affirmer une position claire et commune de non-alignement par rapport aux Etats-Unis et à l'URSS.
Ces images muettes relatent les différentes étapes de l'ouverture de la conférence de Bandung : de l'arrivée de deux des principaux protagonistes à l'aéroport de Bandung au discours inaugural prononcé par Soekarno. La descente d'avion du chef de la délégation égyptienne, le colonel Nasser, saluant la foule en costume militaire puis de Nehru, Premier Ministre indien (à l'initiative de la Conférence), vêtu de son costume blanc caractéristique, relève d'un même protocole diplomatique : accueil et poignée de mains des officiels locaux, puis remise d'un collier de fleurs, signe de bienvenue sur l'île. On peut noter sur les images la présence de nombreux journalistes : en effet, ils sont plus de 400 à couvrir l'événement, ce qui est exceptionnel pour un tel sommet et démontre son retentissement international.
L'arrivée des délégations sur le lieu de la conférence, dans le building "Gedung Merkeda" permet de constater l'ampleur du dispositif mis en oeuvre pour accueillir les représentants des 29 nations participantes. Les membres des délégations arrivent à pied sur les lieu de la conférence : on reconnaît parmi eux le ministre chinois Zhou Enlai puis Nasser. On remarque sur ces images ainsi que sur les plans fixes des drapeaux et des délégations installées dans le lieu de la Conférence que l'Asie, l'Afrique et le Proche-Orient sont tous représentés. La foule est maintenue à l'écart par les forces armées indonésiennes. Le président indonésien Soekarno se voit réserver un traitement particulier en tant qu'hôte de la Conférence : il arrive en voiture et les soldats l'accueillent au garde à vous puis le saluent sur fond de la musique militaire. Le président indonésien prononce ensuite le discours inaugural ici inaudible. Il s'élève alors contre l'impérialisme des grands puissances, même si ses propos demeurent modérés. L'absence de son permet ici de se concentrer sur l'attitude de l'auditoire et des personnalités présentes derrière la tribune : ils sont parfois peu attentifs au discours de Soekarno (à l'image de Nehru, impassible et qui scrute l'assistance).
Enfin, on aperçoit quelques plans montrant des discussions informelles qui se déroulent entre les séances officiels, dont ici Nehru est à l'initiative. C'est grâce à ces apartés qu'un compromis pourra être trouvé dans l'accord final de la Conférence entre les pays pro-occidentaux, communistes et neutralistes. Le principe de non-alignement est ensuite plus clairement défini à la Conférence de Brioni l'année suivante.
[1] En particulier, on note la participation du FLN algérien et du Destour tunisien.