Visite à Pékin de Sékou Touré, président de la République de Guinée [muet]
Notice
[Document muet] Ahmed Sékou Touré est accueilli avec éclat à Pékin lors de son premier séjour en République populaire de Chine en septembre 1960.
Éclairage
Après avoir voté « non » au référendum du 28 septembre 1958, la Guinée proclame son indépendance le 2 octobre. Le président de la nouvelle République, Sékou Touré, adresse des télégrammes à tous les pays de l'Est et de l'Ouest pour obtenir la reconnaissance de son pays. La presse et la radio de la Chine populaire saluent cette « victoire » pour « l'indépendance nationale africaine ». Le président Mao Zedong et le Premier ministre Zhou Enlai répondent favorablement au télégramme le 8 octobre. Sékou Touré avait habilement demandé la même reconnaissance à la Chine nationaliste, qui détient encore à cette date le siège de membre permanent du Conseil de sécurité. L'acceptation de la demande par Formose le 5 novembre permet alors à la Guinée d'obtenir son admission à l'ONU le 12 décembre. Mais c'est avec la Chine communiste que les contacts se multiplient à partir de 1959, et la Guinée est le premier État africain à établir des relations diplomatiques avec ce pays, avec l'ouverture d'une ambassade à Conakry en janvier 1960. Bien que Sékou Touré développe dans le même temps des relations avec les pays de l'Est, il se méfie de l'Union soviétique et noue des liens privilégiés avec les pays plus distants de Moscou, notamment la Yougoslavie. Auréolé du prestige du « non », le président de la Guinée entend jouer le rôle de leader de la libération du continent. Il souhaite une révolution propre à l'Afrique, en partie comme Mao Zedong a adapté le communisme à la Chine.
Sékou Touré réalise sa première visite en Asie en septembre 1960. Après une première étape en Mongolie, il reste près d'une semaine en Chine populaire, du 10 au 15, au terme de laquelle sont signés des accords de coopération, prévoyant des aides financières pour des projets industriels, énergétiques et agricoles en Guinée.
La vidéo présente l'accueil triomphal qui est réservé à Pékin au héros de l'indépendance africaine, avec un gros plan du portrait peint de Sékou Touré en costume traditionnel, puis le cortège acclamé par la foule tout au long du parcours qui suit la place Tian'anmen et passe devant la porte de la paix céleste. La mise en scène est soigneusement préparée, avec des rangées de jeunes filles agitant les drapeaux de la Chine et de la Guinée. Sékou Touré ne s'entretient que le 12 septembre avec Mao Zedong mais il rencontre à son arrivée les principaux dignitaires chinois, selon l'ordre protocolaire. Il est accueilli par Liu Shaoqi, qui a succédé à Mao à la présidence depuis le 27 avril 1959, après le désastre économique du Grand Bond en avant. C'est le nouveau vice-président Dong Biwu qui vient ensuite lui serrer la main, puis le chef de l'armée Chu Teh. Enfin, le Premier ministre Zhou Enlai brise la file pour saluer Sékou Touré, rappelant ainsi le rôle clé qu'il joue en matière de politique étrangère et en faveur de la ligne afroasiatique. La caméra suit le défilé militaire et les rencontres avec d'autres officiels chinois, comme le maire de Pékin, Peng Zhen, et les ambassadeurs. La traditionnelle remise du bouquet d'accueil par une jeune fille est répétée tout au long du passage de Sékou Touré et des femmes lancent des fleurs vers la voiture officielle pour souligner l'enthousiasme de cet accueil. Le zoom est fait tout au long du reportage sur Sékou Touré en tant que symbole de l'indépendance africaine. Mais certains plans moyens permettent d'apercevoir quelques membres de la délégation guinéenne, comme le président de l'Assemblée nationale Saïfoulaye Diallo et le ministre des Affaires économiques Lansana Beavogui. Le reportage s'achève par une réunion puis une réception donnée chez Liu Shaoqi. Le président guinéen s'y présente dans la même tenue traditionnelle que celle de son portrait peint, cette mise en scène permettant de souligner la vision partagée par les deux pays du rôle de leader de Sékou Touré pour la renaissance africaine.