Construction d'une route dans le cadre de la « pacification » et contrôle d'identité [muet]
Notice
Images non montées d'un chantier en montagne, puis de l'arrestation, de la mise en fiches et de la photographie de "suspects".
Éclairage
Ces rushes (éléments non montés réalisés en vue d'un montage) datent du 29 avril 1956. A cette époque, la production de rushes du SCA Algérie n'est pas encore très importante, mais elle va le devenir rapidement pour suivre les activités du contingent à partir des pouvoirs spéciaux de mars 1956. Dans ces rushes, ce sont des soldats professionnels que l'on voit, issus d'un régiment du Génie pour la première partie sur les travaux, et d'un régiment de Dragons pour la seconde partie sur les contrôles d'identité. Il s'agit en effet de rushes de plusieurs opérations distinctes prises le même jour par le même opérateur du SCA. Dans son compte-rendu, celui-ci indique : « 1) Vue des chantiers à Oulad Bou Rouman puis entre ce dernier et Sidi Bel Ript. / 2) Vue du camp où les bulldozers chôment. / 3) Retour d'une mission commandée par le MDL Morgan. Interrogatoire de HLL [Hors la loi]. Photographie pour les fichiers. / 4) Un mortier de 120. / 5) Le médecin auxiliaire Henin ausculte un enfant. / 6) A Sidi Ali, un ex-suspect enseigne dans une classe détruite ». Tous les éléments de ces rushes rendent compte des diverses missions données à l'armée dans le cadre de la « pacification » : construction d'une route, contrôles d'identité et fichage des personnes (« rebelles » ou non, avec l'appui de la police ici), suivi médical, enseignement. Formellement, on voit qu'il s'agit de rushes du fait du léger décadrage et du flash blanc en début et fin de plan, et de la présence d'identifiants à l'image (des numéros filmés). Pourtant, une grande partie de ces rushes est relativement fictionnel, dans le sens où la suite des plans nous « racontent » déjà une « histoire ». Le tournage permettra de monter une « action » à partir des éléments documentaires pris sur le terrain : la jeep qui passe dans différents endroits dans la première bobine ; la chaîne humaine pour les cailloux ; les soldats en djellaba que l'on suit jusqu'au village dans la seconde bobine ; l'homme que l'on sort de la file et que l'on voit suivre les différentes phase d'identification (fiche, photo...) ; les enfants sortis de l'école, que l'on fait courir volontairement puis qu'on installe dehors pour les besoins du tournage, ainsi que le médecin officiant dans la rue sans doute pour les mêmes raisons de manque de lumière à l'intérieur. Les éléments de mise en scène ne manquent pas dans ces rushes, qui visent à mettre en valeur l'image d'une armée efficace dans l'aide aux populations comme dans l'arrestation des « rebelles » dans le cadre de la « pacification ».